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vendredi 2 octobre 2020

Témoignage de Raphaël Gérard, député de Charente-Maritime, sur la Covid-19 : « Vous allez bien et du jour au lendemain, vous frôlez la mort »...

Raphaël Gérard, député de la circonscription de Jonzac/Royan, revient de loin. Atteint par la Covid-19 dans une forme sévère au printemps dernier, il est resté de longs mois hospitalisé. Aujourd’hui rétabli, il parle « sans filtre » de cette épreuve, l’une des plus douloureuses de son existence, pour lui et ses proches. 

Il a retrouvé les bancs de l’Assemblée Nationale avec un regard nouveau. Sa perception de la scène publique a évolué. « L’important est de soutenir des projets qui sont importants et utiles pour les territoires et les citoyens, quelles que soient les étiquettes politiques des uns et des autres ». Une forme d’indépendance intellectuelle ? Sûrement. Du bon sens ? Assurément ! 

Sénatoriales, relance et emploi

« Je suis très heureux de vous retrouver aussi nombreux après ces mois difficiles. Cette terrible pandémie aura bouleversé le monde comme aucune autre avant elle. Cette année 2020 restera dans les mémoires comme l’année où le monde s’est arrêté. Plus de 26 millions de personnes infectées, près de 900.000 décès, dont plus de 30.000 rien qu’en France » déclarait voici quelques semaines Raphaël Gérard devant les maires réunis au cloître des Carmes de Jonzac. La Covid-19, il peut en parler car l’ayant subie de plein fouet. Et il l’a vaincue, d’où le témoignage qui suit, poignant et émouvant.

Raphaël Gérard a retrouvé la scène politique avec ses agitations et ses joutes oratoires. La Covid-19 ouvre les yeux, rappelant les priorités et épurant le quotidien pour ne retenir que l’essentiel. La voie est celle de l’intérêt général, pour que la société évolue et surtout qu’elle évite les fractures qui la fissurent et l’empêchent de "marcher". 

Le député de la IVe circonscription est sur le pont. Avant d’aborder les sujets de la vie législative, un mot sur les dernières élections sénatoriales. 

La défaite de Bernard Lalande, avec qui il travaillait en bonne intelligence, tout comme avec Corinne Imbert - loi bioéthique - ou Daniel Laurent, l'a surpris : « sans doute y-a-t-il eu un règlement de compte à l’intérieur du parti socialiste de Charente-Maritime » estime-t-il. Et d'ajouter : « Je n’attache pas d’importance aux étiquettes politiques si les dossiers méritent d’être soutenus et avancent efficacement ». Au Sénat, la Saintonge est moins représentée qu’elle ne l’était : « il ne faudrait pas l’oublier, c’est là que réside ma crainte. La défense des territoires, ruraux en particulier, passe avant tout »… 

Avec la rentrée, les travaux parlementaires ont repris. Parmi eux, le budget, ainsi que le plan de relance marqué par la volonté de sortir le pays et son économie de l’ornière où la crise sanitaire l’a plongé. Actuellement en phase de concertation, il se met en œuvre de manière concertée avec les différents partenaires. Inédit par son ampleur de 100 milliards d’euros, il est tourné vers la transition écologique et la consolidation de l’emploi. Des opportunités de financement sont à saisir dans le secteur de la rénovation énergétique. En Haute-Saintonge, on semble avoir limité la casse en matière d’emplois, ce qui est moins vrai dans le Nord du département (secteur aéronautique). « A l’échelon national, nous devons rester vigilants face aux grands groupes qui pourraient être tentés de faire de l’écrémage en prétextant la situation sanitaire »…

Autre grand dossier : Déjà examiné en première lecture par le Sénat, l’ASAP vise à améliorer l’action publique avec simplification des procédures. L’objectif est d’accélérer les processus de décision en les rapprochant des territoires.

En ce qui concerne la culture et le patrimoine, deux milliards d’euros leur seront consacrés dont plus de 600 millions pour la restauration des monuments. Les élus travaillent actuellement à la restitution d’objets à des états africains (dont un sabre remis au président sénégalais Macky Sall en novembre dernier à Dakar et plus d’une vingtaine de statuettes au Bénin). A ce jour, sept demandes émanant de pays d’Afrique ont été adressées à la France. 

Sera également étudiée une loi de programmation sur la recherche qui doit permettre de mieux financer et encadrer les programmes afin de donner visibilité et compétitivité sur le plan international. 

Un texte sur la dépendance sera à l’ordre du jour prochainement. Une 5ème branche de l’assurance maladie doit prendre en charge la politique d’accompagnement de la dépendance et du grand âge. 

Loi sur l’avortement : l’allongement des délais devrait passer de 12 à 14 semaines. 


Raphaël Gérard a reçu les élus locaux au cloître des Carmes de Jonzac début septembre

« Face à la maladie, on réalise la fragilité de l’existence »

Raphaël Gérard revient sur ces mois où sa vie a failli basculer

« J’appartiens à la Commission des Affaires Culturelles et une grande partie des membres de cette commission a contracté la Covid-19. J'ai développé une forme grave nécessitant un séjour en réanimation. Beaucoup s’en sont sortis avec seulement de la fièvre, sans passer par l’hôpital. Avec le recul, on peut dire que j’ai tiré le second gros lot après mon collègue, député du Haut Rhin, Jean-Luc Reitzer. 

Je parle sans langue de bois de l’épreuve que j’ai vécue à titre de témoignage. Certains prennent la Covid-19 à la légère. Je rappelle simplement que ça n’arrive pas qu’aux autres et qu’il est important de respecter les gestes barrières puisque le virus circule toujours. 

Quand je suis sorti du coma, la phase de réveil a été compliquée. Les produits injectés m’avaient provoqué des cauchemars et des souvenirs tantôt désagréables, paisibles ou fantaisistes. Parmi ces derniers, je me voyais dans un avion aux côtés de Kevin, mon assistant parlementaire, qui avait organisé mon rapatriement vers un hôpital inconnu ! Une autre fois, la fièvre étant très forte, j’ai connu une sorte de délire, puis quand elle a baissé, j’ai alors cru que ce refroidissement était le signe de la fin. Le cerveau vous conduit vers des dimensions inconnues qu’il est difficile d’interpréter quand on redevient lucide. 

La Covid-19 peut se résumer par cette réalité : Vous êtes en pleine santé et du jour au lendemain, vous frôlez la mort. Une telle situation est assez déstabilisante. A mon réveil, j’avais du mal à parler. Mes cordes vocales étaient fragilisées et me concentrer demandait des efforts. Accompagné d’un suivi médical, j’ai pu rentrer chez moi, mais un autre problème, cardiaque cette fois-ci, est apparu ». 

Nouvelle hospitalisation et nouvelles angoisses : « en toile de fond, on pense forcément à la mort. Mon entourage a beaucoup souffert de me voir dans cet état. Ma famille, Jorge, ma mère venue de Lorraine pour être à mes côtés, mes collaborateurs, ma suppléante Evelyne. 

Peu à peu, j’ai repris le dessus et je suis maintenant guéri. Je tiens à remercier tout le personnel médical, des médecins aux aides-soignantes pour leur professionnalisme et leurs soins permanents. Les malades progressent grâce à eux, à leur soutien. Leur bienveillance aussi. Je me souviens d’une aide-soignante qui aurait pu être mon attachée de presse. Elle venait me parler chaque jour et mémorisait tout ! Elle a eu à mon égard de nombreuses attentions. 

Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être dans un second temps de ma vie. Même si je n’ai pas de croyance religieuse, cette épreuve a changé le regard que je porte sur chacun des instants de mon existence, les liens familiaux, amicaux, les relations professionnelles. J’ai reçu énormément de messages de sympathie. Ces gestes m’ont profondément touché ». 

La Covid-19 est toujours d’actualité et les derniers chiffres montrent  qu’avec l’arrivée de l’automne, elle sévit toujours et encore puisque les services de réanimation accueillent à nouveau des malades : « La contamination explose chez les 25/40 ans. Le risque, c’est leur contact avec des personnes âgées qui sont vulnérables. Il y va de la responsabilité de chacun de respecter les consignes afin d’éviter la propagation. Nous sommes mieux armés qu’au printemps : les hôpitaux disposent de plus d’équipements en réanimation, de respirateurs artificiels. De gros moyens ont été déployés pour faire face ». 

La priorité réside en l’attitude respectueuse et citoyenne de chacun…

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