Pages

mardi 28 janvier 2020

Camp d'Auschwitch/Témoignage d'Homère Fonteneau, numéro 190782 : « Les S.S et leurs chiens diaboliques ont longtemps hanté mes nuits »

« Je ne pourrai décrire l’émotion qui m’envahit quand je me trouvai devant la preuve évidente de la brutalité des nazis et de leur mépris profond de tout sentiment humanitaire. Je suis sûr que jamais je n’ai ressenti une telle stupeur » déclara le général Eisenhower en entrant pour la première fois dans un camp de concentration, en avril 1945. 
Un habitant de Baignes en Charente, Homère Fonteneau, (disparu en 2007) a connu l'univers concentrationnaire. Sur le bras gauche, il portait le numéro que les S.S. lui avaient tatoué à Auschwitch. Il a survécu « par chance » avoue-t-il. Poignant, son récit est bien plus qu’un témoignage historique et qu’une douloureuse aventure humaine. Il rappelle aux jeunes générations que la tolérance, le respect et la compréhension sont des valeurs à ne jamais oublier pour construire une société capable de chasser "les vieux démons"...
 
Homère Fonteneau, une jeunesse tragique
Dans son village charentais, au milieu d'une campagne verte et tranquille, Homère Fonteneau ne pouvait imaginer les atrocités qu’il allait connaître à l’âge de vingt ans. Parmi les plus dramatiques de l’histoire humaine.
ll est né après la Première Guerre mondiale, en 1922, dans une famille d’agriculteurs. Enfant, il a entendu parler de Verdun et du triste sort des Poilus. « France et Allemagne ont payé un lourd tribut. Tout nouveau conflit semblerait aberrant » pensait-on à l’époque. C’est mal connaître les hommes et l'acharnement qu’ils déploient pour dominer le monde. Une seconde guerre, opposant les ennemis d’hier, éclate. Outre Rhin, l’ordre S.S., qui ne comprenait au départ qu’une poignée de gardes du corps réunis autour d’Hitler, s’est transformé en une organisation puissante regroupant sous un même uniforme et une même foi plusieurs millions d’hommes. Les historiens admettent qu’il constituait alors le système policier le plus efficace qu’on n’ait jamais connu. Homère ignorait qu’il le subirait et serait le témoin de ses actes. Quand il creusait des sillons avec sa charrue, il était à mille lieues de savoir qu'outre-Rhin, certains hommes croyaient, dans leur orgueil immense, appartenir à une race supérieure...
Bien sûr, il a vu arriver les Allemands dans sa commune. Depuis l’Occupation, ils sont en pays conquis, donnant des ordres, imposant leur volonté. Ils ont entreposé leur matériel sous les halles de Baignes tandis que leurs chevaux sont dans les fermes, là où il y a de la place. La cohabitation n’en reste pas moins difficile.
Le 15 juin 1943, Homère reçoit un courrier officiel : il est requis pour le S.T.O, le service du travail obligatoire en Allemagne. Il pourrait se cacher comme d’autres le font. Mais, après mûre réflexion, il choisit de répondre à l’appel : « Comme j’étais mineur, je ne voulais pas qu’on s’en prenne à mes parents. Je craignais des représailles. Depuis 1942, les réfractaires étaient devenus la cible de la police, de la milice et de la Gestapo » explique-t-il. Avec huit camarades, il se rend à la gare d’Angoulême. A cet instant, s’il avait pu lire dans une boule de cristal, il aurait sans doute fait demi-tour...


« Vous entrez par la porte et vous sortirez par la cheminée »...

Le train met une nuit entière pour rejoindre Poitiers. Pourquoi ? La raison est simple : les occupants tirent en plusieurs occasions le signal d’alarme et le convoi s’immobilise à chaque fois. Quelques-uns en profitent pour s’éclipser, espérant trouver refuge dans une ferme hospitalière. Une autre journée est nécessaire pour atteindre la capitale. A leur arrivée, les passagers sont accueillis froidement. Les Allemands sont en colère et rétorquent : « vous êtes en retard, vous paierez pour les coupables ». Ils désignent alors vingt neuf otages, dont Homère. Stupéfaction.
Ils sont conduits au bureau de la Gestapo où ils reçoivent, comme entrée en matière, vingt-cinq coups de bâton. On les enferme ensuite au fort de Romainville. Le 25 juin 1943, en gare de Compiègne, ils partent à destination de l’Allemagne (aucun lieu n’est précisé). Alors qu’ils devaient être de simples S.T.O, voilà Homère et ses amis dans un groupe de déportés, traités comme ceux que pourchasse assidûment le régime fasciste : Juifs, résistants, communistes, Espagnols hostiles à Franco, tziganes, francs-maçons et toute personne ne correspondant pas à leurs idéaux.
Ils sont placés dans des wagons à bestiaux datant de 1914-1918. Ils y sont entassés au nombre de cinquante alors que l’espace est prévu pour quarante. Une seule fenêtre, minuscule, apporte de la lumière. « Nous nous sommes retrouvés avec toutes sortes d’individus, des repris de justice, des délinquants » se souvient-il.
Certains tentent de s’échapper en découpant la paroi. Juste avant la frontière, le train s’arrête. Les militaires crient et font descendre les prisonniers à coups de crosse. Ils leur demandent de se déshabiller. Les malheureux se retrouvent dans le plus simple appareil. « Ils nous ont poussés dans un autre wagon. Nous étions une centaine : inutile de vous dire que ce n’était pas large. Nous n’avons jamais revu nos effets personnels, ni la valise que nous avions emportée ».
A leur arrivée en gare de Weimar, de jeunes soldats allemands les huent et leur jettent des pierres : « on leur avait dit que nous étions de dangereux terroristes ! ».

Ils sont conduits vers un camp entouré de fils barbelés électrifiés. Il s‘agit de Buchenwald, de pénible mémoire. « Ce nom veut dire forêt de hêtres, c’est poétique. En ce qui nous concernait, c’était une autre réalité ! Tout de suite, nous avons été surpris en découvrant l’allure des occupants, visages maigres, regard absent. Nous étions le premier convoi de Français, série 14000 ».
Les "requis" charentais comprennent vite qu’il se passe des choses bizarres à l’intérieur. D’ailleurs, les gardiens des blocs, appelés kapos, sont explicites : « vous entrez par la porte et vous sortirez par la cheminée »...
« En France, personne n’avait entendu parler de camps d’extermination, de fours crématoires. Les radios, les journaux n’en avaient jamais fait état. Les prisonniers qui écrivaient non plus. Dans leur cas, c’était normal puisque les courriers étaient lus avant envoi. Ils ne pouvaient pas s’exprimer librement » constate Homère.
Il est conduit dans un local où il est « tondu et désinfecté dans un bassin qui contient un liquide acidifié ». Il reçoit une chemise, une veste et un pantalon de toile rayée bleu et blanc, un béret, des sabots et une bande d’étoffe, portant le numéro 14357, qu’il doit coudre sur ses vêtements : « j’ai soudain réalisé que je n’avais plus de nom, que j’étais devenu un numéro ».
Il dort dans une baraque disposant d’une porte à chaque extrémité, sans fenêtre, sans eau courante et sans chauffage. Les lits ont trois étages, la paillasse est faite de copeaux de bois. Ils sont gardés par des surveillants qui sont, en général, d’anciens prisonniers politiques. Leur nombre étant devenu insuffisant, les S.S. ont recruté parmi les anciens criminels : « ceux-là étaient de vrais tortionnaires. Ils portaient un triangle vert distinctif. Ils avaient le droit de vie ou de mort sur les prisonniers ».

Le lever a lieu à 5 heures. Après une toilette au robinet dans la cour et un soi-disant café, vient l’appel. « Nous étions debout, torse nu, quelle que soit la saison ». Cet “exercice” dure une bonne heure : « les numéros étaient prononcés en allemand. Nous avons rapidement compris que pour survivre, nous devions apprendre à le reconnaître quand il était prononcé ». Le soir, la séance recommence et ainsi de suite.
Les groupes sont affectés à des tâches diverses : « nous faisions des terrassements, nos creusions des fossés qu’une autre équipe venait combler. Nous déplacions des tas de terre, transportions des pierres. Bref, un travail inutile. Le seul but recherché était de nous affaiblir. Au bout de deux mois, nous ne pesions plus que 35 à 40 kg. En plus, il y avait des chiens diaboliques qui nous lacéraient les jambes ».
Un matin, on demande des menuisiers. Homère saute sur l’occasion. Déçu, il s’aperçoit que c’est une duperie : il est chargé de tirer des troncs d’arbres à l’aide de chaînes vers une scierie, avec des Russes et des Polonais. Autour de lui, tout est brutalité, désolation. Chaque jour, il côtoie la mort : « je me souviens que les pendaisons avaient lieu le dimanche après-midi. Comment oublier cela ? »...

Cette photo prise dans un camp de femmes à la Libération, 
se passe de commentaires sur les méthodes des S.S.
Auschwitz dépasse l’entendement : « Personne, dans les jeunes générations, ne peut imaginer ce que se déroulait dans ce camp »

A l’automne 1943, la plupart de ses camarades partent à Dora creuser des tunnels pour installer une usine souterraine. Les camarades Godet de Montendre et Guibert de Saintes y périront. Homère Fonteneau reste à Buchenwald, ne comprenant pas pourquoi le sort s’acharne ainsi. Il a peur des coups, de la maladie, de la fin qui peut surgir à n’importe quel moment. « Nous étions dans le plus grand dénuement, complètement abandonnés et sous-alimentés. Nous recevions une tisane le matin, un litre de soupe dans une boite de conserve à midi et, le soir, du pain noir avec une rondelle de saucisson ».
Les cheminées des cinq fours crématoires fonctionnent de jour comme de nuit. Il règne dans l’air une odeur nauséabonde de chair brûlée, calcinée : « Nous étions sans illusions. Sur les vint neuf Charentais partis d’Angoulême, seuls neuf reviendront ».

Un jour, le responsable du camp leur permet d’envoyer une carte à leur famille. Là encore, la tâche est méchamment compliquée : le texte doit être écrit en langue allemande et personne ne dispose de crayon puisque c’est un objet interdit dans le camp. « Pour la traduction, nous avons sollicité les Lorrains et les Alsaciens. Nous n’avions droit qu’à des formules du style “je suis bien portant, je vais bien”. Je vous laisse le soin d’apprécier !!! De plus, il fallait payer l’affranchissement et nous n’avions pas d’argent. Alors, nous avons fait du troc. Certains ont vendu leur ration de pain »...

Homère est bientôt transféré en Pologne avec 250 compagnons. Le voyage dure cinq jours. Ils reçoivent en tout et pour tout un pain d‘un kilo. On les oblige à s’allonger sur le plancher du wagon avec l’interdiction de se lever. Le terme du parcours est la gare de Lubin, à la frontière russe. Les sentinelles les font descendre. Certains, ankylosés, ne peuvent plus bouger. Ils ont les côtes brisées à coups de bottes par les soldats. D’autres sont morts. Les survivants se rendent à pied au camp de Maïdanek, situé à 5 km. Il est vide : « le spectacle était insupportable, il y a là des monceaux de corps entassés. Nous avons appris que c’étaient des Juifs et des paysans polonais qui avaient été exterminés ». Ils sont chargés de remettre en marche l’usine à bois. Il règne un froid glacial : - 27 degrés.

L'univers concentrationnaire
Au bout de six mois, les détenus entendent des grondements inhabituels : les forces russes approchent. Le camp est alors vidé de ses occupants. En juillet 44, les colonnes se mettent en marche en direction de l’Ouest. « Nous sommes allés à Auschwitz où nous attendait le comble de l’horreur, nous qui avions déjà tellement souffert. Auschwitz dépassait l’entendement. Personne, dans les jeunes générations, ne peut imaginer ce que se déroulait dans ce camp. Tous les Juifs y étaient transférés dans le but d’y être tués collectivement ».
Homère est tatoué au bras gauche et porte désormais le numéro 190782 : « c’était le seul camp où le numéro était inscrit de façon indélébile ». Il loge au bloc 18 où il partage la vie de Juifs Hongrois : « j’y étais le seul Français. Impossible de communiquer. La déprime m’a gagné rapidement. Je pensais qu’il n’y avait plus d’espoir, que j’étais perdu ».
Fort heureusement, peut-on écrire, les Russes gagnent du terrain et obligent les Allemands à quitter les lieux : « le camp a été évacué le 15 janvier 1945. Il neigeait, nous étions en sabots de bois ou en vieux souliers. Nous avions reçu deux boules de pain et une couverture. Les soldats et leurs chiens sont montés dans des camions suiveurs. Avec leurs mitraillettes, ils tiraient sur les traînards. Nous avons été bien peu à atteindre le camp de Mauthausen ».

Ils y débarquent le 26 janvier par une température polaire. Le calvaire continue. « Durant deux jours, on nous a fait coucher nus dans une baraque dont les fenêtres étaient ouvertes, en attendant que nos vêtements soient lavés. Nous étions dans un état de saleté inimaginable, il y avait des poux partout. De plus, nous souffrions de dysenterie ».
Le groupe travaille à Melck dans une usine d’armement : « nous devions creuser la roche au marteau piqueur, c’était épuisant. Les galeries forées sans précaution s’effondraient, ensevelissant les ouvriers qu’on ramenait le soir sur nos épaules. A cela, s’ajoutaient des punitions comme traîner une lourde chaîne durant un après-midi devant nos maîtres qui ricanaient ».
Sa nouvelle étape est Ebensee en Autriche où il est chargé de creuser un tunnel : « c’était vraiment terrible. Comme nous étions en surnombre, il n’y avait plus de nourriture... si ce n’est l’herbe qui poussait au pied des miradors ».

Une libération sans joie

En mai 1945, survient enfin la libération du camp par les Américains, mais elle s’effectue sans joie : « les plus faibles étaient morts, c’était un spectacle dantesque. Les survivants resteront à jamais marqués par ce qu’ils venaient d’endurer ».
Homère rentre chez lui à la grande surprise de sa famille qui le croit mort depuis 1944. En effet, sa carte d’identité, confisquée lors de son arrestation, est apparue en gros plan dans un film (tourné par les Russes) largement diffusé dans en France : conclusion, ses proches ne pensaient plus le revoir (cette séquence sera ensuite intégrée dans le film d’Alain Resnais, Nuit et Brouillard).

La région de Baignes est en fête, c’est un miracle ! Il se refait une santé et la vie reprend son cours. Il épouse une amie d’enfance, Yvonne, qui lui donne deux enfants. Néanmoins, le passé est encore présent dans sa mémoire, même si l’eau a coulé sous les ponts : « on me demande souvent comment j’ai pu survivre à de telles épreuves. D’une part, j’ai eu de la chance, c’est évident. D’autre part, l’endurance acquise dans le labeur des champs m’a permis de faire face, durant les fameuses marches de la mort en particulier. Je ne suis pas tombé malade, à part une otite qui m’a fait très mal, mais qui s’est percée. Le fait d’être un petit mangeur m’a aidé également. J’ai mieux résisté aux privations que ceux qui se nourrissaient beaucoup habituellement ».

Enfin, il y a cette générosité qui lie les êtres dans des situations extrêmes : « dans l’un des camps, j’ai rencontré celui qui est devenu mon frère, Robert Brosse. Nous nous sommes soutenus, entraidés et raisonnés mutuellement pour éviter de commettre des actes qui nous auraient coûté la vie. Je voudrais rajouter que la foi m’a toujours habité et que l’expérience m’a appris à ne plus juger les autres sur leurs apparences. Avec nous, il y avait un ancien bagnard qui avait passé quinze ans à Cayenne. Il s’appelait Raymond Paolo. Je lui dois beaucoup. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Peut-être le reverrai-je un jour pour le remercier ? ».

Homère Fonteneau a publié un livre, Le long chemin
Tous les ans en juin, Homère Fonteneau avait l'habitude de retrouver ses amis rescapés, comme lui, autour d’un déjeuner : Fernand Rousseau habite la Vienne, Paul Bolteau Archiac, André Bertandeau Pérignac, Paul Roussillon Echillat. Robert, lui, était décédé. « Quand je suis revenu au pays, j’ai été deux ans sans oser parler des camps de la mort. Depuis, j’ai compris que nous devions apporter notre témoignage, c’est pourquoi j’anime des conférences auprès des jeunes, collégiens et lycéens. Je participe à diverses manifestations et fais partie de la vie associative de ma région » disait-il.

Face à l’actualité, Homère restait vigilant : « souvent la nuit, je revois les S.S. et leurs chiens qui viennent hanter mes rêves. J’ai peur que les souffrances que nous avons endurées partent dans l’oubli. Chaque jour, dans les médias, il est question de nouvelles tensions, d’oppositions, de violences. Les gouvernements ne savent pas tirer les leçons de l’histoire. Ils persistent à croire que la suprématie des armes est capable de résoudre l’ensemble des problèmes. C’est faux ». Et de conclure : « mon expérience concentrationnaire m’a beaucoup appris sur les hommes et sur le monde. Ce fut, en quelque sorte, mon université »...


Pour mieux comprendre 
les "motivations" des SS...

Ce passage, extrait d’un discours que prononça Himmler (bras droit d’Hitler) à Bad Schaden, explique parfaitement ce qui se passa dans les camps de concentration :

« Les ennemis de la doctrine nationale-socialiste et de l’Allemagne que nous avons depuis toujours se dressent contre nous dans le monde entier. Les juifs sont les premiers. Or, il existe des gens qui prétendent que nous n’aurions jamais dû empoigner les juifs de cette façon. A ceci, messieurs, je puis faire l’objection suivante : on sait pourtant qu’en 1917-1918, nous ne nous sommes pas occupés d’antisémitisme, personne ne peut nous le reprocher. Malgré cela, le juif a combattu l’Allemagne d’alors de toutes ses forces, et a tout fait pour lui faire perdre la guerre. Il s’est montré tel qu’aujourd’hui. Chaque mouvement, qui avait pour but de désorganiser l‘Allemagne afin de nous enlever la victoire, était dirigé par un juif, qu’il s’agisse des démocrates ou des spartakistes ou des “Arbeiter-und-Soldatenräte”. En second lieu, je cite les francs-maçons. Il y a des gens qui disent : mon Dieu, la franc-maçonnerie est pourtant une organisation inoffensive qu’on aurait pas eu besoin de dissoudre. La franc-maçonnerie était une organisation juive qui recrutait avec des moyens apparemment inoffensifs des sots et crédules Aryens. En vérité, les francs-maçons servaient un but politique supérieur : ce sont eux qui projetèrent, exécutèrent et prédirent les événements du mois de novembre 1918. Exactement comme les juifs et les communistes. Il en est de même pour les états démocratiques et ploutocratiques. Tous nous haïssent. Ils haïssaient déjà l’Allemagne à cette époque et aujourd’hui encore. Aux ennemis cités ci-dessus : judaïsme, franc-maçonnerie, bolchevisme, démocratie, ploutocratie, je puis tranquillement ajouter les églises qui se mêlent de politique. D’un côté, le protestantisme qui forme en Angleterre une véritable église d’état. De l’autre côté, le catholicisme avec ses idées propres, ses projets et ses dispositifs de puissance. Donc où que nous allions, en France, en Norvège, au Danemark ou en Russie, tout juif, tout franc-maçon, communiste, bolchevique ou marxiste est notre ennemi naturel »...
Il est à noter qu’en tenant de tels propos, Himmler obéissait aveuglément à Adolf Hitler puisqu’en mai 1940, ses déclarations étaient bien différentes : « il faut s’opposer résolument à la destruction physique d’un peuple, méthode bolchevique, impraticable et parfaitement contraire au génie germanique » disait-il.
Jeune fonctionnaire, Eichmann lui avait conseillé de donner aux Juifs un territoire « et le problème sera réglé ». Dans un premier temps, il avait pensé à une ville polonaise au sud-ouest de Lublin, puis l’Allemagne demanda à la France de lui céder Madagascar « pour y installer quatre ou cinq millions de Juifs ». Hitler aurait d’abord approuvé ce plan, puis il aurait changé radicalement d’avis, demandant à Himmler « d’exterminer tous les Juifs »...

• Au sujet des "conceptions philosophiques" des S.S.

Le principe fondamental de sélection selon l’expression d’Himmler était sang et élite. Les S.S. devaient être l’incarnation vivante de la doctrine nazie, de la supériorité du sang nordique, la réalisation de la conception nazie de la race des seigneurs. Pour employer les paroles mêmes d’Himmler, les S.S. devaient être « l’ordre militaire national-socialiste de l’homme du Nord. En conséquence, seul le sang parfait, le sang que l’histoire a prouvé être important et créateur et le fondement de tout état et de toute activité militaire, c’est à dire le sang nordique, doit être pris en considération. Je me suis dit que si je réussissais à sélectionner pour cette organisation autant d’individus que possible dont la majorité possédât ce sang, en leur enseignant la discipline militaire et, en temps utile, la valeur de ce sang et de toute l’idéologie qui en découle, il serait véritablement possible de créer une organisation d’élite pouvant faire face à toute éventualité ».

• Le recrutement des candidats

« Ils sont soigneusement examinés et contrôlés. Sur cent hommes, nous ne pouvons en utiliser en moyenne que dix ou quinze, pas plus. Nous leur demandons le dossier politique de leurs parents, frères et sœurs, leur arbre généalogique depuis 1750 et naturellement, nous exigeons un examen physique et leur dossier de la jeunesse hitlérienne. D’autre part, nous demandons un dossier sur leur hérédité prouvant qu'il n’y a pas eu de maladie héréditaire chez les parents et dans leur famille »
(extrait du livre de Christian Bernadac, l’ordre S.S.).


• C’est le 20 novembre 1945, à Nuremberg, que s’est réuni le Haut Tribunal international présidé par lLord-Justice Lawrence. Vingt et un officiers allemands y sont jugés pour crime contre la paix, plan concerté ou complot, crimes de guerre ou crimes contre l’humanité : Ribbentrop, Goering, Keitel, Jodl, Seyss-Inquart, Kalternbrunner, Rosenberg, Sauckel, Frick, Streicher et Franck sont condamnés à la pendaison. Hess, Raeder et Funck écopent de la prison perpétuelle, Speer et von Schirach à 20 ans d’emprisonnement, Von Neurath à 15 ans et Doenitz à 10 ans. Schacht, Von Papen et Fritzsche sont acquittés. Goering s’empoisonne dans sa cellule.

1 commentaire:

  1. Ma tante y a séjourné à ce camp de Mathaausen en Autriche après avoir été triée à Bergen Belsen l'avez vous rencontrer ? Elle s'appelait Vanda Riccucci !

    RépondreSupprimer