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jeudi 17 mai 2018

Saintes /Les 2000 ans de l’arc de Germanicus : on recrute des couturières, des figurants, des légionnaires, des jardiniers, des cuisiniers… et toutes les bonnes volontés

 Réaction de l’archéologue saintais Jean-Philippe Baigl

Réunion dans le hall Mendès France
Chose promise, une grande réunion était organisée par la mairie lundi dernier au hall Mendès France. Au programme, les festivités en l’honneur des 2000 ans de l’arc de Germanicus.
Pour tout renseignements et inscriptions : 05 46 92 34 72 

Xavier Cotinat, Dominique Deren, adjointe au maire, et Dominique Deram
Dominique Deren, adjointe au maire, Xavier Cotinat, compositeur, ancien directeur du Conservatoire de musique, Jérôme Carbonnel et Dominique Deram, chargés de mission, ont présenté au public les grands moments des 2000 ans de l’arc de Germanicus qui s’étaleront sur 14 mois. « C’est un événement pour Saintes et nous faisons appel à tous ceux qui veulent participer » explique Dominique Deren qui connait le rôle important des associations dans le tissu local. « L’animation sera à la fois ludique, pédagogique, historique et culturelle. Il s’agit de faire battre le cœur de la ville antique » ajoute Jérôme Carbonnel, impliqué dans le projet depuis des mois.

Associer la population et les associations
Parmi les rendez-vous à ne pas manquer, le travail du désigner Gérard Dumora, l’arrivée de l’Empereur à Saintes (on ignore qui incarnera le personnage !), un éclairage sur le sport antique, la création d’une école de gladiateurs encadrée par Brice Lopez (Saintes a une carte à jouer sur la face atlantique), la venue de légions, des soirées hautes en lumières, danse et fantaisie, les 2000 bougies de l’arc, etc. « L’important sera l’implication de chacun. Ainsi, il faudra des costumes ». Les couturières sont donc invitées à se présenter, d’autant qu’elles recevront les conseils d’un formateur spécialisé dans les tenues romaines, toges, tuniques. Dans la série « goûts et saveurs antiques », les restaurateurs, centres sociaux et cantines scolaires seront associés à l’événement. Les commerçants seront sollicités en décorant leurs vitrines et en organisant des manifestations. Les jardiniers et habitants de l’îlot Bassompierre devront montrer qu’ils ont la main verte. Samedi 16 juin, aura lieu l’inauguration du fleurissement thématisé "gallo-romain" et de la végétalisation de l’espace entre le pont Palissy et l’arc de Germanicus, travaux réalisés par le service des espaces verts de la ville et les riverains.
Bref, tout le monde est invité à devenir l’une des chevilles ouvrières des fêtes romaines de Saintes. Ne pas hésiter à contacter la mairie d’autant qu’un bureau de recrutement de légionnaires devrait ouvrir d’ici peu ! 

Quels seront les grands moments ?

• Sur la place Bassompierre, les fêtes romaines débuteront leur voyage dans le temps les 26, 27, 28 et 29 juillet autour du « Decamanus Vortex X », scénographie réalisée sur mesure par l’artiste Gérard Dumora. 


Comme le montre le croquis, il s’agit de reproduire l'ancien pont à la fois par la matière et des effets spéciaux. Cette œuvre monumentale unique (sans incidence sur le monument) devrait attirer un nombreux public ! La jonction entre les deux rives est prévue dans la réalisation.
Ce projet de réalité virtuelle augmentée 3D se mettra en place de façon pérenne afin d’offrir une découverte de la ville. L’histoire de l’arc sera contée, sa construction, son rôle, ses évolutions, son démantèlement et enfin son déplacement sur la berge.
S’y ajouteront la venue de deux légions, de gladiateurs, l’installation d’un camp militaire romain et d’un village d’artisans, sans oublier taverne et banquets. « De juillet 2018 à septembre 2019, l’installation plastique de Gérard Dumora deviendra le catalyseur et l’incubateur de la médiation culturelle ainsi que de l’animation patrimoniale » explique Jérôme Carbonnel, « l’écheveau qui donne vie au Vortex-X, en symbiose avec son hôte, l’arc de Germanicus, a pour but d'interpeller le public sur le recyclage et l'utilisation des déchets industriels ». 

Gravures du pont antique

• 16, 17 et 18 août : Folles nuits orgiaques !

Avec la bénédiction de Bacchus ! On ne devrait pas pleurer ces soirées-là avec des juke-box antiques, une auberge mal famée et des danseuses sachant danser ! Le tout accompagné d’une discothèque silencieuse (autrement dit avec un casque sur les oreilles afin d’éviter le tapage nocturne). Sur la Charente, le palais des eaux : un spectacle jouant avec la lumière et le feu sera proposé. Sur les tablettes également, les 2000 bougies d’anniversaire de l’arc à souffler, une grande braderie romaine et des jeux ! Tous les spectacles seront gratuits.
Durant les mois qui suivront, les Saintais prépareront 2019 avec l’ouverture d’une maison citoyenne romaine rue des Pinauds. Des ateliers divers et variés verront le jour ; des projets pédagogiques seront conduits dans neuf écoles de la CDA.

Une œuvre spécialement créée pour l’arc de Germanicus


Pour la circonstance, des tableaux musicaux ont été conçus par Xavier Cotinat et l’historienne Muriel Perrin, animatrice de l’architecture et du patrimoine. La vie de Germanicus, issu d’une famille illustre, vainqueur des Germains, père de neuf enfants et poète a inspiré le compositeur. Le livret est en cours d’écriture en relation avec Marie-Hélène Lelièvre.
Le spectacle, d’une heure environ, comportera 24 scènes. Il se déroulera vendredi 7 et samedi 8 juin 2019 en soirée. Lors de ses recherches, Xavier Cotinat s’est attardé sur les œuvres de Miklós Rózsa, compositeur de la musique du film Ben Hur. « J’ai davantage l’habitude de la musique classique » avoue-t-il. Sur le plateau, évolueront 150 danseurs ainsi que des figurants. A ces derniers, il est demandé « d’être assidus et de tenir leurs engagements ». Le premier rendez-vous aura lieu en avril 2019.
Auparavant, le 15 janvier 2019, un concert de la Garde Républicaine sera donné (musiques de péplums). Clin d’œil de militaires à un général du temps d’avant !

Jean-Philippe Baigl s’étonne de l’absence des archéologues saintais dans la préparation des festivités

 
Cette réunion est suivie d’un débat. Il aurait pu rester dans les limites classiques, n’abordant pas les questions qui fâchent.
La discussion commence par l’implication des commerçants dans les réjouissances ainsi que celle des enseignants et élèves au cœur d'un travail pédagogique. Des sujets qui ne nécessitent pas de descendre dans l’arène.
 
Jean-Philippe Baigl, archéologue, entre dans le vif du sujet : « vous parlez de pédagogie. Si vous maîtrisez bien l’événementiel, c’est un peu moins vrai en ce qui concerne le fondement de cet anniversaire, l’histoire de l’arc. Vous ne tenez pas compte de l’histoire de Saintes et vous allez chercher votre inspiration à Arles ! ». Il estime que le programme, « intéressant bien qu’étant décousu », ne tient pas assez compte du monument en lui-même. Et d’ajouter « ce qu’il faut retenir, ce sont les inscriptions qui y figurent. Quant à votre affiche, elle est maladroite. Il aurait fallu écrire Mediolanum ». 

Il est vrai que pour un non initié, il y a de quoi se mélanger les pinceaux. Civitas, à cette époque, ne veut pas dire ville mais région, comme le précise Wikipedia : « Dès le règne d'Auguste, la ville de Saintes, alors nommée Mediolanum, joue un rôle important puisqu'elle devient dès le Ier siècle av. J.-C. la capitale de la civitas santonum, la cité des Santons, subdivision administrative romaine et de la province de Gaule Aquitaine ».
Les Santons, peuple qui vivait sur le territoire de la Charente-Maritime, ont été peu à peu romanisés, c’est-à-dire qu’ils se sont soumis aux conquérants et en ont pris les coutumes. Mediolanum est alors devenue une capitale dotée d’un amphithéâtre, de thermes et d’aqueducs, démontrant ainsi que la "colonisation" était réussie. Au point qu’un certain Caïus Julius Rufus, notable gaulois, citoyen romain de la troisième génération, finança l’arc routier à deux baies, dit de Germanicus (sans oublier Tibère et Drusus), situé à l’arrivée de la voie romaine Lyon-Saintes, à l’entrée du pont qui franchissait le fleuve.

Michelle Le Brozec et Jérôme Carbonnel
Jérôme Carbonnel monte au créneau : « décousue, la programmation ? Pas tant que ça puisque les animations ne s’arrêteront pas en 2019 ». Outre les rendez-vous festifs, des conférences sont prévues ainsi que l’édition d’un livret contant l’histoire de l’arc. « Avec quels archéologues travaillez-vous ? Ce livret sera écrit par qui ? » rétorque Jean-Philippe Baigl. Manifestement, il devrait être rédigé par Alain Genot, archéologue au musée départemental d’Arles antique.

Dominique Deram joue la franchise : « nous ne sommes pas des scientifiques et laissons le travail de recherche à ceux qui maîtrisent le sujet ». Michelle le Brozec, présidente de la société archéologique locale, apporte des précisions : des membres animeront la visite des aqueducs et un éclairage sur les thermes de Saint-Saloine sera spécialement dédié aux habitants du quartier de la Fenêtre par Alain Michaud. S’y ajouteront des guides conférencières expérimentées dont Cécile Trébuchet  : « si chacun a son corps de métier, il est important que nous travaillions ensemble en donnant un véritable souffle à ces fêtes romaines » dit-elle. Venant de la présidente de Médiactions, dont l’association est opposée à l’implantation de gradins dans l’amphithéâtre, ce message d’apaisement est apprécié. Dans les rangs, le maire Jean-Philippe Machon, qui n’a pas rejoint la table officielle, esquisse un sourire. Sa meilleure et blonde ennemie ferait-elle une trêve après une période où chacun a campé sur ses positions ? A suivre…

Le maire, observateur des débats...
Bientôt, Jean-Philippe Baigl et Dominique Deram poursuivent leur conversation dans le hall. L’archéologue de l’Inrap ne s’en laisse pas conter : « Je suis né à Saintes, j’aime ma ville et je ne comprends pas pourquoi les archéologues du cru ne sont pas associés à ces manifestations ». Comme le suggère un participant, un colloque sur l’urbanisation de Saintes, de l’antiquité à nos jours, serait apprécié.
Un vestige manque cruellement, le vieux pont dont l’entrée était précisément gardée par l’arc. Les images de synthèse, en reconstituant cette structure antique, pourront répondre à certaines interrogations. En mauvais état, il a été détruit au XIXème siècle. S’il avait été épargné, il serait aussi remarquable que le pont Valentré à Cahors.
L’arc, quant à lui, a été sauvé d’une dislocation certaine grâce à la détermination de Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques et l’écrivain Victor Hugo (conférence de Didier Catineau le 22 juin)...

• Bonne nouvelle annoncée par M. Mauret au nom des philatélistes, une carte postale - avec timbre et oblitération spéciale - sera proposée pour les 2000 ans de l’arc.


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