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mardi 13 mars 2018

Projet éolien dans l’estuaire de la Gironde : des habitants de Mortagne et d’Epargnes sont « vent debout »

« Nous aurons la double peine, une centrale nucléaire et bientôt des éoliennes »

C’est lors d’une réunion de Nature Environnement 17 sur le nucléaire et ses dangers que les éoliennes ont embrasé le débat. Un projet lancé par EDF énergies nouvelles concerne l’estuaire de la Gironde et des réunions ont déjà eu lieu avec les maires des communes concernées (tant en Gironde qu’en Charente-Maritime). Pêcheurs, chasseurs, écologistes et amoureux de la nature sont vent debout à l’idée qu’on puisse bouleverser ce « sanctuaire ». Réaction d’autant plus vive que des promesses de baux emphytéotiques ont déjà été signées par des propriétaires qui veulent tirer profit de ces futures installations (10.000 euros par éolienne). « Pour diviser un population, on ne s’y prendrait pas autrement »  regrette un habitant d’Epargnes.


Réunion à Mortagne
Actuellement, Nature Environnement 17 réalise une série de conférences sur un thème d’actualité : Comment sortir du nucléaire ? Si les échanges ont été calmes à Jonzac (la réunion se déroulait au Temple !), l’ambiance a été différente l’autre vendredi à Mortagne. Quand il a été question d’énergies renouvelables, les éoliennes ont mis le feu aux poudres. Avec, à l’appui, l’article publié dans le journal Sud-Ouest concernant les intentions d’EDF d’implanter des éoliennes de Blaye à Mortagne. Les communes d'Epargnes et Semussac sont, quant à elles, concernées par des promoteurs allemands. Contrariés d’être tenus à l’écart, les habitants de ces secteurs se retournent contre leurs maires qu’ils accusent de rétention d’information. Situation que regrette Véronique Piasecki, maire de Saint-Sorlin de Conac, jointe au téléphone : « nous avons déjà eu des rencontres à ce sujet. Par l’instant, ce n’est qu’un projet et nous sommes encore loin de l’enquête publique. Il est évident qu’EDF, sachant les réactions de la population, devrait avoir une meilleure communication pour éviter que des bruits, parfois erronés, ne circulent ». 
Revenons donc à la réunion de Mortagne. Chantal Bourry dresse un constat sur le nucléaire avec deux questions importantes : la sécurité après les accidents de Tchernobyl et Fukushima et le stockage des déchets radio-actifs (durant des milliers d’années pour certains d’entre eux). L’avenir devrait comporter 63% d’éolien, 17% de solaire et le reste en énergies renouvelables.

Sébastien Lys, pêcheur à Mortagne
Sébastien Lys, conseiller municipal et pêcheur bien connu, fait part de ses intimes convictions quant aux éoliennes, censées sauver la planète des dangers qui la menacent : « quand la centrale a été construite dans le marais il y a 40 ans, on a dit qu’il y avait des risques et des manifestations ont eu lieu. Avec les éoliennes, ce sera pareil et nous, nous serons une nouvelle fois les dindons de la farce. La France a misé sur le tout électrique. Tous nos appareils le sont et les voitures le deviennent. On est placé devant le fait accompli ». Et d’ajouter « les éoliennes dans l’Estuaire, je ne m’y ferai pas. Dans ces conditions, je rendrai ma carte d’électeur et je voterai plus ». 


Suivent de vifs échanges où le projet EDF énergies nouvelles fait craindre le pire dans ce secteur protégé et magnifique qu’est l’Estuaire de la Gironde : une quarantaine d’éoliennes sont prévues entre Blaye et la région de Mortagne avec des structures de 200 mètres de hauteur et des tonnes de béton pour supporter leur masse (240,5 tonnes chacune). Une distance d’au moins 500 mètres doit les séparer des habitations.
Cette perspective pose problème aux riverains : « ces parcs vont bousiller le marais » estime Sébastien Lys, avec cette question « à quelle profondeur se situe le socle dur ? ». Au moins à 100 mètres, c’est à dire plus profondément que ne le suppose EDF qui annonce 30 à 40 mètres. L’ensemble des intervenants estime qu’au prétexte de transition énergétique, il ne faut pas faire n’importe quoi : « Ce sont des marchands de vent qui promettent monts et merveilles. Ils se foutent de la biodiversité, du bruit et des problèmes de santé que peuvent provoquer ces installations ». Force est de constater que les arguments fournis aux populations par EDF sont aussi opaques que ceux relatifs aux compteurs Linky. A entendre leurs éminents et péremptoires spécialistes, tout va bien dans le meilleur des mondes. Espérons qu’ils ne se trompent pas !

Sébastien Lys : « Je prends ce projet d’éoliennes comme une agression »

Face au scepticisme ambiant, Nature Environnement 17 ne s’attend pas à cette levée de bouclier, marginalisant quasiment le nucléaire. Chantal Bourry remarque que les pales d’une éolienne tue moins d’oiseaux que les chasseurs ! Malgré ses grandes qualités, cette scientifique, auteur d’un ouvrage renommé « L’impasse nucléaire », vient de commettre une gaffe. Mortagne est le pays des chasseurs, des pêcheurs et des traditions. Des habitudes ancestrales « sacrées » que se perpétuent de génération en génération...
Blessé par cette « attaque », Sébastien Lys s’empresse de rappeler que les chasseurs sont attentifs à la nature et aux migrations. Pas les éoliennes ! Et de citer un exemple à Gibraltar, région par laquelle transitent 90% d’oiseaux migrateurs. Une personne est chargée d’arrêter l’éolienne quand l’oiseau arrive  : « le seul hic, c’est que les oiseaux volent aussi de nuit »…
Un représentant de la Saintonge Boisée, association du Sud Saintonge, apporte son témoignage : « nous sommes les indigènes, comme nous appelle Claude Belot, président de la CDCHS ». Eux ont hérité du circuit de la Génétouze et de grands champs de panneaux photovoltaïques, mais la mairie ainsi que celle de Saint-Aigulin se sont opposées à un projet éolien. Ces territoires, couverts de forêts, constituent en effet des poumons d’oxygène.



Au sujet de la taille impressionnante des éoliennes, elle s’explique aisément : les investisseurs recherchent le vent plus haut pour de simples raisons de rentabilité. Réaction d’un habitant d’Epargnes qui a vu l’installation d’un mât de 200 mètres non loin de chez lui : « outre la pollution visuelle, ces promoteurs allemands font signer des promesses de baux emphythéotiques à des propriétaires de terrains qui recherchent le profit. Les gens se laissent séduire par cet aspect financier. Il en résulte une atmosphère malsaine dans les villages entre ceux qui voient leur propre intérêt et les autres ». Avec un autre inconvénient : « depuis qu’on a ce mât, on ne capte plus internet ».
L’ambiance serait plutôt tendue à Epargnes… Idem à Mortagne : « ce village, cette région, c’est toute ma vie. Je prends ce projet d‘éoliennes comme une agression. Ici, nous sommes dans un secteur protégé. On doit en tenir compte, sinon la faune et la flore seront gravement atteintes ». Les poissons le sont déjà avec la centrale de Braud Saint-Braud (300 tonnes par an détruites).

En conclusion, Nature Environnement 17 est sollicitée pour aider les habitants à contrer le projet éolien quand il existe d’autres pistes à étudier comme la géothermie, la méthanisation ou les hydroliennes. Les représentants de l’association, bénévoles, avouent qu’ils ne connaissent pas suffisamment le dossier pour se prononcer directement. Dans les rangs, certains pensent à lancer une pétition : « quand on est unis, les projets mal ficelés capotent ». 

Aux dernières nouvelles, Mortagne se serait plus concernée par cette « affaire », idem pour Saint-Fort sur Gironde. Voilà qui devrait apaiser les tensions encore que…
L’estuaire composant un tout, les Mortagnais iront soutenir leurs voisins hostiles à l’éolien sur les communes de Saint-Thomas, Saint-Bonnet et Saint-Sorlin : au nom du plus vaste estuaire d’Europe !

Mortagne (© Nicole Bertin). Imaginez des éoliennes dans le paysage...
• Stéphane Cotier, conseiller municipal à Mortagne, souligne l’existence d’un nucléaire à base de thorium, des essais ayant eu lieu durant trois ans aux USA. Cette piste demande des années de recherche, selon Chantal Bourry. Elle constate que la part du nucléaire dans le monde est en régression. Toutefois, le président Macron semble penser le contraire. Lors de sa visite en Inde, EDF et son homologue indien NPCIL ont signé un accord industriel pour la mise en œuvre de 6 EPR (réaction nucléaire de troisième génération) dans l’Ouest du pays…

• La durée de vie d’un parc éolien est estimée à 20 ans. Une fois l’exploitation achevée la règlementation précise, dans l’article L 553-3 du Code de l’environnement, que l’exploitant d’une éolienne est responsable de son démantèlement et de la remise en état du site.
Constituée d’acier et de matières plastiques, une éolienne est démontable en fin de vie et presque totalement recyclable et ne laisse pas de polluant sur son site d’implantation. Le démantèlement ne prévoit cependant pas d'enlever le socle en béton de l'éolienne, car celui-ci n'a pas d'intérêt à être recyclé : le cout du transport serait largement supérieur au gain obtenu. Le démantèlement d'une installation éolienne doit comprendre : le démontage de l'éolienne , le démontage des équipements annexes, le démantèlement du poste de livraison, l’arasement des fondations, le desempierrement des chemins d’accès aux éoliennes, le devenir du réseau local de connexion au réseau électrique.

Précisions : Tout n'est pas recyclable, comme les pâles par exemple, qui finissent à l'enfouissement. Un démantèlement coûte au mini 400 000 € (en laissant le béton dans le sol), en fonction des cours de rachat des déchets. On estime 200 000 € en retour pour le recyclage. Par contre, le risque est qu'à la fin du bail, le gestionnaire et propriétaire du parc éolien ne soit plus le même qu'au début et que ce dernier ne puisse pas payer le démantèlement. Dans ce cas, c'est le propriétaire du terrain qui paiera ou ses descendants, la garantie financière obligatoire n'étant de 50.000€, donc insuffisant pour le coût total du démantèlement.

5 commentaires:

  1. Ce projet d’éolienne est une infamie, une insulte à la nature , aux habitants de l’Estuaire.
    Unissons toutes nos forces pour lutter contre ce projet toxique do,t l’étude ne devrait jamais voir le jour dans une région protégée et régie par les conventions NATURA 2000

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  2. Ruspoli Stephane6 avril 2018 à 10:03

    Merci à Nicole Bertin pour son article lucide sur le "Projer éolien" dans l'estuaire de la Gironde, lancé par EDF. Cemme le dit ce lecteur anonyme,"c'est une infamie!" Un scandale de plus dans le processus inexorable de dénaturation d'un site dit "Protégé", naturel et touristique. Avec un parc éolien en pleine vue, et ses dangers potentiels (Ligne Hte Tension,aménagements etc.) sur des kilomètres face à l'estuaire cela deviendra un repoussoir: "Denatura 2000!" Déjà la vieille centrale nucélaire de Blaye constitue un danger face aux prochaines tempêtes et marées qui sévissent sur cette région. Tout le monde en pâtira!
    Stéphane Ruspoli, St dizant du Gua 17240

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  3. Bonsoir,
    Trop peu d'informations sortent de ce projet, aucune n'est arrivée jusqu'au Sud de la Haute Saintonge, pourtant ce projet est inadmissible !
    Nous sommes allés faire une journée photo dans les marais de Saint Sorlin, aucun panneau pour dire NON, dommage.
    Certains ont réussi à repousser l'ennemi, tout n'est pas perdu !
    Affaire à suivre. Si pétition il y a ou manifestation, pouvons-nous avoir ces infos ?
    Je me suis abonnée au blog.

    Merci et bonne soirée.
    Nathalie

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  4. Impossible d' avoir les éoliennes dans notre belle région , la Haute -Saintonge...
    Il faut se battre et MERCI à ceux et celles qui se battent chaque jour.
    Il ne faut pas baisser les bras, on va GAGNER!!!!!!
    Ras le bol des décideurs, nous aimons notre terre ....

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  5. L'Association Nature environnement 17 est en grande majorité une association farouchement antinucléaire historique.Pas étonnant qu'elle essaye, comme Madame Bourry,de faire croire qu'avec des éoliennes, on peut supprimer le nucléaire, ce qui est parfaitement faux. A quoi servent les éoliennes quand il y a des pannes de vent de près d'une semaine sur toute l'Europe comme on en a connu l'hiver dernier et aussi cet été. A rien. Il faut donc disposer l'arme au pied de centrales dites pilotables qui prennent la relève quand il n'y a pas de vent, et aussi quand il n'y en pas assez. En Allemagne, ce sont les centrales à combustibles fossiles et en particulier à charbon, très émettrices de CO2, mais aussi de graves polluants atmosphériques.En France, ce sont les centrales nucléaires et hydrauliques de lacs. L'éolien s'ajoute à ces centrales et ne peut pas les remplacer, d'où l'augmentation des factures d'électricité aussi bas que devienne le coût de production de l'éolien (doublement en 15 ans en Allemagne). En France, si l'on veut supprimer les centrales nucléaires, il faut faire comme les Allemands, les remplacer par des centrales à combustibles fossiles, bien plus dangereuses au jour le jour que les centrales nucléaires.
    De ce point de vue, FNE est une spécialiste de la Fake news

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