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lundi 4 septembre 2017

Après dix ans de mobilisation, Montendre retrouve son cinéma !

Et il porte le nom de l'oppidum gallo-romain "Andronis" qui, plus tard, donnera son nom à la ville de Montendre. Un clin d’œil à l’histoire ancienne et contemporaine puisque le nouveau cinéma est situé dans l’ancien collège, rue Jacques Beaumont, qui vit fleurir des générations d’élèves…

Janine Dumoulin coupe le ruban tricolore en présence de Bernard Lalande, Claude Belot, Nathalie Lanzi et Elise Dabouis
Jolie salle avec fauteuils numérotés
Samedi matin. Qu'il y ait du monde dans l'ancienne cour du collège Jacques Beaumont rappelait le bon vieux temps où ce lieu était un établissement scolaire. En septembre, les élèves s'y retrouvaient, d'un côté les filles, de l'autre les garçons et puis tout le monde ensemble avant que le CES Samuel Duménieu, construit Boulevard de Saintonge, n'ouvre ses portes. Pour ceux qui s'en souviennent, c'était l'époque de professeurs tels que MM. Descombes, Potin, Renaud, Ida Bénac, Melle Buon, Mme Toulouse, M. et Mme Lamot. Liste non exhaustive.
Les vastes locaux étant devenus vacants, ils ont été transformés par la municipalité en salles associatives, bibliothèque et médiathèque. Parce que la vie et les échanges devaient s'y poursuivre !
Une page vient de se tourner avec l'ouverture du nouveau cinéma "Andronis" samedi dernier en présence de Bernard Lalande, sénateur maire de Montendre, Claude Belot, président de la CDCHS, Nathalie Lanzi, vice-présidente de la région Nouvelle-Aquitaine, Elise Dabouis, sous-préfet de Jonzac et d'une assistance heureuse de saluer le retour du septième art dans la cité des pins. Un défi relevé par l'association Clap qui a mouillé sa chemise en plaidant la bonne cause. Au terme de dix ans teintés d'incertitudes et d'espoir, ses efforts ont été récompensés !
La salle, qui compte 120 places numérotées (fauteuils de velours rouge) est spacieuse et bien agencée. Aménagée dans ce qui constituaient autrefois l'entrée du collège, le local à vélos (côté filles) et les premières salles de cours, elle a de l'allure !

Précédant les discours, un film a été projeté sur l'histoire du site. Ici, une classe du Cours Complémentaire
La création de l'association Clap en 2011
Des travaux d'envergure
Coût des travaux initialement : 412 015 € HT
Une femme déterminée, Janine Dumoulin

Elle ne fait pas de bruit, Janine Dumoulin, mais ne vous fiez pas à son apparence discrète, elle porte en elle une détermination qui suscite le respect. Et elle est capable de remuer des montagnes même si la Haute Saintonge ne possède que des paysages vallonnés ! Cette volonté d'œuvrer pour le bien commun, elle la porte dans son regard volontaire. Regard que connaissent bien les jeunes qui ont suivi les cours de ce professeur de lettres classiques.

Bernard Lalande, Natahlie Lanzi, Elise Dabouis, Janine Dumoulin, Claude Belot
L'inauguration samedi matin
Retour sur image. En 2007, le cinéma de Montendre, tenu par la famille Marteau rue du Petit Paradis, ferme ses portes. Et pour cause, il ne correspond plus aux normes de sécurité en vigueur et les propriétaires ne peuvent assumer une telle dépense. Comme de nombreux habitants, Janine Dumoulin déplore cette situation qui oblige les cinéphiles à se déplacer à Jonzac ou à Blaye, voire à Saintes ou à Bordeaux. Est-ce là le renouveau de la ruralité prôné par les gouvernements ? Le constat, qui fait mal au cœur, évoque la fameuse chanson d'Eddy Mitchell : « c'était sa dernièr' séance et le rideau sur l'écran est tombé »...

Bientôt, circule une pétition forte de 700 signatures, adressée à la mairie. Janine Dumoulin a un atout : elle appartient au conseil municipal. Un groupe se mobilise et engage une réflexion. « Sont restés les passionnés par la culture en milieu rural » souligne Bernard Lalande. Et d'ajouter : « ici, chez les hussards de la République, rien n'est impossible ». En 1995, en effet, s'est inauguré le Centre Culturel François Mitterrand et le festival Free Music fait partie des grands rendez-vous musicaux de la région.
Si le dossier a pu aboutir grâce à la ténacité de l'association Clap « qui, régulièrement, se rappelle au bon souvenir du maire », ce cinéma a été aidé financièrement par l'Etat, partenaire important, le CNC, la CDCHS (soutien des cinémas de Jonzac, Montguyon, Saint-Genis et Pons), la Région et la ville de Montendre : « il nous manque toutefois un peu d'argent pour finir l'entrée ». Appel est lancé...

Une nombreuse assistance
A gauche de la photo, Carole et Dominique de Laâge, parents de l'actrice Lou de Laâge qui a fait ses débuts à Montendre

Janine Dumoulin conta ses dix années d'engagement, de la fameuse dernière séance du Gallia - "Un secret" de Claude Miller - à la création de Clap en 2011, la constitution du dossier et l'aide d'Armelle Briand, bien utile dans la jungle des réglementations. Le projet s'est finalement concrétisé et la société Artec a en charge la programmation et l'exploitation de la structure. Sept séances auront lieu par semaine, tous publics, avec un objectif, le classement Art et Essai. « La fleur rouge a ouvert sa corolle » et c'est Eva Gauthier qui accueille le public à l'entrée.
Nathalie Lanzi, parlant au nom du Président Rousset, félicita cette initiative. La Région Nouvelle-Aquitaine favorise le cinéma et les lieux de tournage sont déjà nombreux en Charente-Maritime. En 2018, Montendre pourrait recevoir un séminaire de formation. Se tournant vers Claude Belot, elle souligna « qu'ils travaillaient ensemble sur les grands dossiers, au-delà des clivages politiques ». L'intéressé acquiesça.
Le président de la CDCHS évoqua quelques souvenirs. Comme Montendre, le cinéma de Jonzac était exploité par la famille Marteau (après Julien Alberola). « A une époque, le cinéma rural semblait être condamné ; de grands complexes s'ouvraient en ville ». La CDCHS et les communes se sont mobilisées pour conserver ce loisir apprécié de tous, d'autant que les technologies ont sérieusement évolué avec la numérisation : « désormais, les copies arrivent par internet, c'est une révolution complète ». Il mentionna le rôle non négligeable du CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée) qui permet de rénover ou d'ouvrir des salles de cinéma.
« La culture fait partie des enjeux majeurs de l'Etat qui vient d'engager une réflexion sur la cohésion et l'attractivité des territoires » enchaîna Elise Dabouis, sous-préfet. Avec poésie, elle décrivit l'ambiance d'une séance de cinéma, l'évasion, l'intérêt, la proximité, l'échange, les impressions. Le rideau se lève donc sur le cinéma de Montendre : « ce n'est pas un clap de fin, mais de début dans un lieu plein de sens, une ancienne école » dit-elle.

Une initiative unanimement saluée
Des fauteuils confortables ! La salle a les caractéristiques suivantes : gradins ; accès handicapés et rangée amovible à l’entrée ; environ 120 places ; écran : 7 m x 3 m ; équipement tout numérique ; boucle magnétique pour malentendants. Pas de 3D prévue dans un premier temps.
Demandez le programme ! Le cinéma est exploité par l’entreprise ARTEC qui s’occupe déjà d’une quinzaine de salles en Gironde (notamment celle du Zoetrope à Blaye)
Janine Dumoulin et l'association Clap : la volonté d'aboutir !
Cette rencontre se termina par le verre de l'amitié et deux projections gratuites durant le week-end offertes par la municipalité.
« Le cinéma en tant que rêve, le cinéma en tant que musique. Aucun art ne traverse, comme le cinéma, directement notre conscience diurne pour toucher à nos sentiments, au fond de la chambre crépusculaire de notre âme » : citation du réalisateur Ingmar Bergman.


• Pourquoi Andronis ? A l'origine, Montendre s'appelait Mons Andronis, du nom d'un lieutenant de Jules César, Andron, qui, vers 50 avant JC, avait choisi cette butte pour y établir un oppidum.

• La mairie a choisi de soutenir financièrement le cinéma. Les trottoirs viendront plus tard. Claude Belot ne les trouve pas dans un état catastrophique...

Claude Belot regrette la fin des réserves parlementaires : « elles permettaient de donner un coup de pouce à des travaux d'investissement et n'allaient pas dans la poche des élus ». Autrefois gérées par le député ou le sénateur lui-même, les enveloppes sont désormais soumises à un fonctionnaire de l'Etat. Pour le maire de Jonzac, cette nouvelle "donne " est « une sottise de la République ».

Le verre de l'amitié
Longue vie au cinéma de Montendre !

Reportage/Photos Nicole Bertin

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