Pages

vendredi 10 mars 2017

Saintes : Aziyadé inspire la Compagnie Théâtre Bouche d'Or !

Lundi dernier, la petite salle chaleureusement voûtée de l'auditorium de l'Abbaye aux Dames correspondait à merveille à l'esprit de la pièce "Loti , d'un monde à l'autre, escale en Turquie" interprétée par la compagnie théâtre Bouche d'Or.

Aziyadé (© Michel Bertrand)
De vieilles caisses à bouteilles transportables et modulables à souhait pour évoquer une coiffeuse, une barque ou une console. Des tapis, des étoffes soyeuses composent un décor minimaliste et épuré. Mais des symboles forts, une flûte birmane, un tambourin, des thés au jasmin fumants, sans oublier les senteurs orientales du narguilé et un éclairage intime d'ombres et de halos lumineux...
Et tout de suite, la magie s'opère. On marche sur un tapis d'Orient enchanté ; on s'enivre de notes au cœur d'épices orientales pour succomber à la caresse charnelle des rives de Constantinople et d'Istanbul au XIXe siècle .
Deux comédiens tour à tour conteurs narrateurs, chanteurs et danseurs ainsi qu'un musicien nous plongent dans une partition écrite sur mesure. Ils accompagnent une promenade romantique en barque, une déclaration d'amour éternelle ou bien encore une cruelle et douloureuse séparation.
Marine Biton Chrysostome, Yvan Serouge, les comédiens et Nessim Bismuth, le musicien, ont intelligemment su mettre en scène le premier roman de Pierre Loti pour en retirer la substantifique quintessence d'Aziyadé qu'il a écrit anonymement en 1879. Roman exotique du mythe de l'amour tragique, dans le cadre de la Turquie d'autrefois, entre un officier et une très jeune fille du harem d'un riche vieillard. Récit un peu carte postale, mais habilement composé « d'une amourette à la turque » dira-t-il. Seulement voila, la mort de celle-ci lui fera prendre conscience de son véritable amour envers la belle circassienne.



Alors, œuvre autobiographique ou pas ?  La part autobiographique est certaine concernant la description du monde ottoman ainsi que la partie journal intime et correspondance avec ses amis qui font l'originalité du roman. Mais il y a certainement toute une partie romancée, comme le personnage d'Aziyadé lui-même qui représente un amour peu crédible destiné à masquer la véritable histoire sentimentale de Loti à Istanbul. Liaison homosexuelle avec Samuel, son ami. Mais peu importe, les acteurs ont rendu à merveille et subtilité cette emprise mutuelle qui les entraîne l'un l'autre dans un vertige d'attirance en clair obscur.
En conclusion, citons Loti dans le texte :  « Aziyadé me communique ses pensées plus avec ses yeux qu'avec sa bouche. Il lui arrive souvent de répondre en chantant des passages de quelques chansons turques, et ce mode de citations qui serait insipide chez une femme européenne a chez elle un singulier charme oriental ». Ce charme a su envoûter un nombreux public qui avait bien besoin d'un peu d'évasion en cette période agitée !

 Michel Bertrand
                                                                                           
"Loti, d'un monde à l'autre" d'après Aziyadé, est le premier volet d'un triptyque qui donnera lieu à deux nouvelles escales :  Escales à Tahiti, d'après Le Mariage de Loti et Escale au Japon, d'après   Madame Chrysanthème . 


PHOTOS MICHEL BERTRAND

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire