Pages

mardi 7 mars 2017

Jonzac : Démission de Jean-Claude Beaulieu de son mandat de conseiller départemental « je suis écœuré » dit-il

Alors que les électeurs sont de plus en plus suspicieux vis-à-vis de la classe politique, leur exaspération ayant été largement entretenue par la récente « affaire » Fillon, les habitants de Haute-Saintonge seront, dans les semaines à venir, confrontés à ce que l’on pourrait appeler des « arrangements à leur insu » puisque le secteur de Saint-Genis changera de conseiller départemental, Bernard Louis Joseph succédant à Jacky Quesson, et Christophe Cabri à Jean-Claude Beaulieu sur Jonzac. Les mauvaises langues diront qu’on fait fi du vote des électeurs et que ces tours de prestidigitation ne feront que renforcer l’abstention et l’incompréhension populaire. Explications du pourquoi du comment…

Au Conseil départemental, Jean-Claude Beaulieu (qui appartient à la majorité) est chargé d'animer le partenariat entre la Charente-Maritime et la Chine
 A Jonzac, Jean-Claude Beaulieu se dit « contraint »…

A Jonzac et sur la Haute Saintonge, il ne fait pas bon résister au chef Belot. En poste depuis un demi-siècle, il supervise tout ou à peu près, les candidatures, les projets, les élus jusqu’à la presse locale où il met volontiers son nez. Tous les maires de la Communauté de Communes le savent, quand Belot a parlé, il est déconseillé de le contrer au risque de s’exposer à de solides représailles (Gilbert Festal, ancien maire de Chevanceaux, en sait quelque chose). « Tant qu’il est entreprenant, on le suit » admet l’un d’eux.
Avec le temps, le contexte a évolué au niveau politique, certains commençant à lui tenir tête. La candidature du maire de Gémozac, Loïc Girard, à la Législative de juin prochain (circonscription Royan/Jonzac), quand Claude Belot aurait souhaité un candidat proche de lui, prouve que les Républicains nationaux ont tranché en faveur d'un autre choix que le sien.

Il n’en reste pas moins que Claude Belot garde la main sur son fief. Et il organise son échiquier. Lors des dernières élections départementales, en 2015, le premier adjoint à la mairie de Jonzac, Christophe Cabri, pensait qu’il serait désigné candidat de la droite, succédant ainsi à Jean-Claude Beaulieu. En douceur de préférence. Il avait commencé à faire campagne, espérant le soutien du conseiller général sortant qui validerait la nouvelle génération. Que nenni ! « J’étais le seul à ne pas savoir que je ne me représentais pas. Claude Belot a voulu me placer devant le fait accompli en imposant son poulain sans l'ombre d'une concertation » souligne Jean-Claude Beaulieu. Du style « circulez, vous n’avez plus rien à voir » ! On imagine aisément le malaise qui a résulté de la situation. Et d’élu d’ajouter : « en conséquence, j’ai brigué un nouveau mandat et même si je n’ai pas reçu l’aide logistique habituelle - on peut très bien faire sans - j’ai été élu. Néanmoins, j’ai du signer un accord écrit où je m’engageais à laisser la place en cours de mandat à Christophe Cabri. Disons que j’ai été contraint ». 

C’est ainsi que le 31 mars prochain, Jean-Claude Beaulieu abandonnera sa place - à la surprise des habitants du secteur de Jonzac ! - à Christophe Cabri qui deviendra officiellement conseiller départemental. Démissionner par obligation, Jean-Claude Beaulieu se dit « meurtri » d’une part par le manque de dialogue avec Claude Belot, d’autre part par la méthode plutôt raide. De plus, cette histoire malencontreuse risque de nuire à la réputation de Christophe Cabri qui apparaît, seul, aux premières loges !

Dans un courrier que Jean-Claude Beaulieu a adressé aux maires, il annonce son retrait : « Pour ne pas apparaître comme un facteur de division ou de complication, dans un contexte où la fonction publique souffre de manière vive, je vais donc présenter ma démission avec beaucoup de tristesse et d’amertume » écrit-il. De l’amertume, il en a ! « C’est vrai que je suis écœuré parce que j’ai beaucoup travaillé pour le canton de Jonzac et qu’aujourd’hui, je suis traité comme un chien ».  Bref, il aurait pas mal de choses à dire sur ce qu’il a pu observer (« études bidon » coûtant 180.000 euros et autres avantages dont bénéficient certains édiles), mais il ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu : « Je n’ai qu’une parole, je m’étais engagé à laisser ma place, je le fais. Je souhaite bon courage à mon successeur ». Et de conclure : « Je continuerai à aller de l’avant ! ».
Aux dernières nouvelles, Dominique Bussereau tiendrait à ce qu’il garde la délégation des amitiés entre la Charente-Maritime et la Chine, mission que ce médecin colonel de réserve, ancien chirurgien à l’hôpital de Jonzac accomplit avec rigueur et professionnalisme…

Se sont présentés en 2015 sur la liste de droite Jean-Claude Beaulieu, conseiller général sortant de Jonzac, Chantal Guimberteau, conseillère générale sortante d’Archiac, remplaçants Christophe Cabri et Marie-Catherine Prévot
Il fut une époque où les choses allaient bien entre Claude Belot et Jean-Claude Beaulieu ( du moins en apparence)...

Photo d'archive : On reconnait Claude Belot, Jean-Claude Beaulieu, Loïc Girard, Dominique Bussereau, Didier Quentin lors de la venue de Brice Hortefeux à Pons
En 2008, Jean-Claude Beaulieu se présente aux élections cantonales. Claude Belot, atteint par le cumul des mandats, abandonne le canton de Jonzac (après 38 ans de mandat). A cette époque, Jean-Claude Beaulieu est suppléant du député Dominique Bussereau. Il est entré à l’Assemblée Nationale quand ce dernier a été nommé au Gouvernement. Depuis les élections de 2006, il assume son second mandat de parlementaire au sein de la commission Défense.
Le 30 novembre 2008, premier tour de scrutin des Cantonales. Jean-Claude Beaulieu, qui porte les couleurs de la Majorité départementale (UMP), est opposé à Gilles Clavel (PS). La participation n’est que 37,9%. Conséquence : Jean-Claude Beaulieu, qui totalise 57% des voix, ne parvient pas au seuil des 25% des inscrits, qui lui aurait permis de remporter cette élection dès le premier tour. Un nouveau vote a lieu la semaine suivante.
La seconde édition de cette élection partielle ne mobilise pas les troupes. En effet, seuls 40% des inscrits se déplacent dans les bureaux de vote. En soirée, les résultats sont conformes à la physionomie politique du territoire. Jean-Claude Beaulieu l’emporte avec 56,44% des voix contre 43,56% à Gilles Clavel. Dans son discours, le maire de Jonzac, Claude Belot se réjouit du résultat, tout en rappelant à Jean-Claude Beaulieu « qu’il a du pain sur la planche ». En effet, le Département s’investit dans de nombreux dossiers et il est l’un des partenaires essentiels des communes.
Depuis, le climat entre les deux hommes s’est tendu manifestement…

Cantonales 2008 : Claude Belot regarde les résultats

1 commentaire:

  1. Merci Madame de votre article.
    Une seule remarque : ce sont bien ceux qui l'élisent qui portent la responsabilité de son comportement. « Tant qu’il est entreprenant, on le suit » si vous le souhaitez, les résultats financiers des "entreprises" de la CDCHS sont consultables. Vous verrez que plus c'est "entreprenant" et plus le gouffre de l'argent public se creuse !
    Vous pourriez également reprendre l'article du Canard enchaîné...
    Bien cordialement
    Albert LE FOUEST

    RépondreSupprimer