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lundi 5 décembre 2016

Expériences de mort imminentes : Les témoignages de ceux qui ont vu une vie après la mort...

« Chez les personnes qui ont vécu une EMI, il existe un avant et un après » explique le dr Patrick Theillier

Invité par le père Hubert et la paroisse de Montendre le 25 novembre dernier, le dr Patrick Theillier a donné une conférence sur un sujet qui intéresse et intrigue à la fois : les EMI, expériences de Mort Imminente. Après avoir été chargé à Lourdes d’authentifier les miracles, il recueille la parole de ceux qui ont entrevu des dimensions inconnues à la suite d’une intervention chirurgicale ou d’un coma. Les témoignages se recoupent (lumière, tunnel, apparitions d’êtres chers). De nos jours, les personnes qui ont connu de telles expériences acceptent de parler à cœur ouvert. 

Le dr Patrick Theillier et le père Hubert
« La mort, personne n’en revient ! Comment être sûr de l’immortalité de l’âme ? ». Et les plus réticents d’ajouter : « si le paradis existe, seuls certaines représentations ou tableaux permettent de l’imaginer »... Quand ce n’est pas l’enfer dont les artistes ont donné des versions impressionnantes visant à remettre les pauvres pécheurs sur le droit chemin. Toutes les religions abordent le délicat problème de la fin terrestre. Qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs ou bouddhistes, les recommandations faites aux croyants sont identiques : que chaque être puisse tirer un enseignement positif de son passage sur Terre afin d’accéder aux béatitudes. Il en était déjà ainsi dans l’Antiquité : chez les Egyptiens, Anubis pesait le cœur du défunt pour savoir si ses bonnes actions l’emportaient sur les mauvaises !
Le temps a passé. A ces aspects religieux, se sont ajoutées des études réalisées à partir du XXème siècle sur « l’autre côté du miroir ». Les langues se délient. Longtemps, ceux qui ont vécu une EMI gardaient un silence absolu. Et pour cause, ils risquaient de passer pour des possédés ou des fous finissant en hôpital psychiatrique. Toute interprétation « sortant du communément admis » pouvait s’avérer dangereuse. Depuis, la science a évolué : non seulement, elle prend au sérieux les témoignages, mais des travaux ont été publiés qui connaissent un retentissement auprès du public.
« EMI, Expérience de mort imminente (ou NDE, Near Death Experience) est une expression désignant un ensemble "d’impressions" consécutives à une mort clinique ou un coma avancé. Ces expériences correspondent à une caractérisation spécifique contenant notamment la décorporation, un retour sur sa propre existence, un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles, l’apparition d’une lumière vive et non aveuglante, un sentiment d'amour infini, de paix et de tranquillité, une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux avec l’accès à une connaissance universelle » expliquent les spécialistes de la question.
Les premières recherches remontent à 1892 quand un géologue suisse, Albert Heim, dévisse en montagne et croit avoir franchi le Styx. Il raconte cet au-delà en y associant les « sensations » d’une centaine d’alpinistes se trouvant dans son cas. Aux Etats-Unis comme en Europe, le sujet est observé avec attention. Les détracteurs estiment que de telles visions sont des leurres. Ce que contestent les « expérienceurs » : ils estiment avoir réellement vécu les situations décrites. Dans certains cas, elles comprennent des rencontres avec des êtres spirituels ou des personnes décédées de leur entourage. Lesquelles leur annoncent que leur moment n’est pas encore arrivé. Ils reviennent alors dans leur corps, souvent endolori par la maladie ou l’accident. Quelques-uns connaissent des guérisons rapides qu’ont parfois du mal à expliquer les médecins…

« Avoir conscience de vivre autre chose »


Qu’il soit question des EMI dans la salle municipale de Coux était un rendez-vous à ne pas manquer, d’autant que le conférencier, le dr Theillier, est un praticien reconnu. Après avoir été chargé d’authentifier les miracles à Lourdes, il s’est naturellement intéressé à ceux qui disaient être revenus d’un autre monde généralement magnifique. Depuis plusieurs années, il recueille des témoignages « dont la sincérité est forte » qu’il a réunis dans un livre paru aux éditions Arpège.

Le point de départ est un accident, une opération où la personne est considérée comme morte, « se sentant happée vers un ailleurs qui ne fait pas partie des catégories matérielles que nous connaissons ». Elle sort de son corps, voit le personnel médical s’activer, ne ressent aucune douleur et peut noter des détails amusants (trouver que la lampe de la salle d’opération a besoin d’un nettoyage ou remarquer le grain de beauté du chirurgien sur la nuque !). Suivent le tunnel, la lumière porteuse d’un amour considérable, les scènes de la vie, l’arrivée dans un jardin, l’apparition d’êtres de lumière et cette envie profonde de rester à leurs côtés. Revenus dans leur enveloppe charnelle, certains ont du mal à refaire surface, ne trouvant aucun attrait au monde d’en bas. Un véritable changement peut alors s’opérer, les intéressés devenant altruistes et cherchant à se rendre utiles aux autres.

Un soldat, gravement touché par une balle, se rappelle avoir eu accès à la connaissance universelle : « moi qui suis nul en mathématiques, subitement tout me paraissait simple ». Dans un reportage diffusé récemment à la télévision, une femme se souvient du message qu’elle a reçu : « une voix me disait : qu’as-tu fait pour l’amour, qu’as-tu fais pour ton prochain ? Rentrée dans ma chambre d’hôpital, j’ai senti une force spirituelle jusque dans chacune de mes cellules m’apportant paix et bien-être ».
Pour les chrétiens, de telles confidences réunissent la science et la croyance. Imaginer une vie après la mort est source d’une belle espérance dans le monde instable - et souvent destructeur - où évolue l’humanité. Bien sûr, chacun reste libre de ses intimes convictions !

Un nombreux public réuni dans la salle municipale de Coux

Les EMI ne sont pas une nouveauté. Au cours des siècles, des hommes et des femmes ont avoué avoir eu « conscience de vivre autre chose ». Le dr Theillier cite le cas du dr Gloria Polo, dentiste à Bogota en Colombie. Elle a un bon métier, va à la messe, s’occupe de sa famille et d’elle en particulier. Jusqu’à une EMI où elle comprend qu’elle fait fausse route, « son seul vrai dieu étant l’argent ». Guérie, animée de nouvelles intentions, elle porte désormais la parole. « Revenir dans le quotidien est difficile. Il y a un avant et un après. Les gens ne se sentent plus comme avant » souligne le dr Theillier. Les EMI peuvent aussi révéler des secrets de famille comme cet homme, atteint d’une méningite, qui a vu une femme : « il s’est avéré que c’était sa sœur biologique dont il ignorait l’existence ». 
Toutefois, les EMI ne sont pas forcément agréables. Certains y rencontrent ce qu’on appelle l’enfer. En général, ils n’ont guère envie d’y retourner. Voilà qui donne à réfléchir…

Les plus cartésiens pensent que les EMI découlent des produits anesthésiants, du manque d’oxygénation du cerveau et autres causes physiques. Aujourd’hui, pour qu’une personne soit déclarée morte, il faut deux encéphalogrammes plats effectués à vingt minutes d’intervalle. Existe-t-il d’autres dimensions ? Il n’est pas interdit de le penser.
Dans la salle, s’ouvre un débat. Comme le pressentait le Theillier, des personnes ayant vécu des EMI prennent la parole (l’une pendant son accouchement et l’autre à la suite d’une hémorragie interne). Les deux femmes, qui ont longtemps gardé le silence, admettent que leur mode de vie en a été modifié. « Seules 20% à 30% des personnes qui ont frôlé la mort font une EMI. On peut pas prédire qui est susceptible d’en faire une étant proche de la mort : il n’y a aucun moyen de le savoir à l’avance. Ainsi sommes-nous très inégaux devant ces expériences. Des enfants, des personnes âgées, des scientifiques, des médecins, des religieux en ont rapporté. Il n’y en a d’ailleurs pas plus chez les croyants que chez les athées » remarque le dr Theillier.
Médecin et catholique, il a lui-même la conviction que « ces phénomènes semblent vraiment un signe du ciel, rappel de notre nature spirituelle qui nous ouvre à la vie invisible ». Et si la « quête » ne faisait que commencer ?

Dédicaces du livre du dr Theillier
• Tableau du peintre flamand Jérôme Bosch où apparaît « une lumière brillante comme un millier de soleils, non aveuglante »


• Les EMI ont été popularisées par les travaux du psychiatre Raymond Moody en 1975 sous le nom de Near Death Experience (NDE). L’impression de décorporation n'est cependant pas exclusive à l'EMI. Elle est déjà présente dans diverses spiritualités, avec des témoignages de personnes rapportant être « sorties de leur corps » lors de méditation ou au moment de s'endormir (voyage astral chez les bouddhistes).

• Loin d’être anecdotiques, les récits d'EMI ne sont pas l’affaire d’une poignée d’illuminés comme beaucoup le croient encore. En 1982, un sondage réalisé par l’institut Gallup aux Etats-Unis a estimé à 8 millions le nombre d’Américains ayant vécu une NDE. Dernièrement, un nouveau sondage aurait élevé ce chiffre à 15 millions !

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