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lundi 21 novembre 2016

Le problème Fillon n'est pas Juppé, mais Marine Le Pen...

• Libre expression :

François Fillon, gagnant de la primaire de la droite et du centre (capture image)
Juppé est parti en fumée. Il a été doublement éliminé au premier tour de la primaire de la droite : d’abord, par l’irrésistible score de Fillon, ensuite par la déclaration de Sarkozy. Le vieux chiraquien de Bordeaux a raté une belle occasion de se grandir : il aurait pu se retirer dans la dignité dès le soir du 20 novembre, montrant ainsi, comme l’a fait Sarkozy, qu’il avait une stature d’homme d’Etat.
Au lieu de cela, Juppé a choisi de montrer son visage le plus vrai, le plus laid, celui d’un politicien arrogant, dépassé et vindicatif. En maintenant sa candidature face à un Fillon au sommet de sa gloire, Juppé affiche une crispation de mauvais perdant, qui n’aura pour effet que de transformer une défaite honorable en une déculottée humiliante. Tant pis pour lui. Exit Juppé.
En une seule nuit, le voilà définitivement rayé du paysage politique français. Déjà battu, il insiste pour en faire montre. Il tient à sortir par la porte du ridicule. C’est son choix.
Reste Fillon, avec son panache, sa dignité, sa solitude. Sa personne a été préférée, son programme un peu moins, ou pas du tout. Fillon renoue avec l’essence même de la cinquième République : le choix direct d’un homme, le choix d’une France fière d’elle-même. Il n’a rien d’autre à promettre. Rien. Qu’il essaie de s’en souvenir jusqu’en mai, et surtout s’abstienne de trop détailler son programme économique ! Ce n’est pas son point le plus fort...
Il est faux de dire que le débat décisif va porter sur les questions économiques. Certes, Juppé va s’abaisser à batailler sur ce thème, mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, le voici : avant tout, les Français ne veulent pas être dépossédés de leurs racines. « L’identité heureuse » dans le mélange multiculturel, ils n’en veulent pas. C’est la grande affaire. La seule qui importe aujourd’hui.
Les Français ne veulent pas voir se défigurer l’image de la France, ni se rabaisser la fonction de chef d’Etat. Voilà pour le principal. Tel est l’espoir incarné par Fillon à cette heure. Pour le subsidiaire, ils savent bien que la cuisine économique ne se concocte pas sur les fourneaux de l’Elysée ; néanmoins dirigisme et souverainisme sont attendus.
Si Fillon veut l’emporter contre Marine Le Pen, il devra mettre en veilleuse son thatchérisme obsolète et entonner avec lyrisme le chant patriotique. Y compris sur le plan économique. À côté d’une prometteuse ouverture vers Moscou, son libéralisme mondialiste des années quatre-vingts affiche une ringardise gênante, qui fait tache. Pour le moment, son image n’en souffre pas. Elle est magnifiée par son succès électoral du 20 novembre, par son honnêteté sans faille, par son aplomb naturel.
Face à Marine le Pen, cela ne suffira pas. Les bonnes intentions de Fillon contre l’Etat islamique, contre l’insécurité culturelle, et pour le maintien des racines chrétiennes de la France risquent d’apparaître en décalage avec une volonté d’affaiblir la fonction publique pour favoriser les marchés.

Le vent qui a gonflé les voiles de Fillon le 20 novembre n’est pas celui du mondialisme financier modèle Merkel-Juncker-Bush-Obama-Clinton. On pourrait rajouter Giscard... S’il déçoit sur ce point, Fillon sera battu par Marine Le Pen le 7 mai.

JAMES POIRIER

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