Pages

jeudi 14 juillet 2016

Alain Juppé à Jonzac :
« je ne veux pas être élu
en racontant des sornettes » !

Des sornettes, les candidats aux élections - de la France d'en haut et d'en bas - en racontent parfois. Sarkozy avait fait rêver en promettant de gagner plus en travaillant plus et Hollande voulait terrasser la finance. Lui-même n'a réussi qu'à terrasser sa chevelure malgré les bons soins prodigués par son coiffeur. 
En reconnaissant le ras le bol des citoyens face à la classe politique mercredi matin à Jonzac, Alain Juppé n'a fait que constater une réalité. Les élus sont dans le viseur et certains craignent qu'ils ne fassent feu sur le quartier général en votant pour les extrêmes. 
Comment le maire de Bordeaux, qui souhaite se présenter à l'élection présidentielle de 2017 si la primaire des Républicains le désigne, peut-il apporter un regain de dynamisme et de confiance au pays ? Voilà bien la question.

Alain Juppé à Jonzac (© Nicole Bertin)
Dominique Bussereau, président du Conseil départemental, et Claude Belot, maire de Jonzac et ancien sénateur, ont annoncé la couleur : ils ne roulent pas pour Sarkozy, mais pour Alain Juppé aux futures Présidentielles. Si les militants le désignent.
En effectuant un tour de France à la rencontre des élus de terrain, le maire de Bordeaux est dans l'action. Aux experts et chargés de communication, il préfère les édiles locaux, ceux qui vivent au rythme de leurs villes et villages. « Il n'y a pas de grands ou petits maires. Tous constituent l'armature, l'ossature de la République. Une République qui ne marche pas très bien et qui marcherait encore plus mal si nous n'étions pas là » dit-il.

Où résident les difficultés actuelles ? Les lois de décentralisation qui se sont succédé, les réformes multiples, le chômage, la loi NOTRe, la constitution de grandes Régions « qui n'étaient pas une priorité » et surtout les coupes budgétaires de l'Etat - faites dans la brutalité - obligeant les collectivités à se serrer la ceinture ou à augmenter la fiscalité locale. Les maires et conseillers départementaux ne s'en cachent pas, ils se battent sans cesse pour que survive la ruralité. La veille, lors d'un meeting à Pons, le sénateur maire Daniel Laurent avait d'ailleurs lancé à François Hollande un « foutez-nous la paix » qui semble avoir marqué les esprits.


Dominique Bussereau et Claude Belot soutiennent Alain Juppé
Pour Alain Juppé, la stabilité ne veut pas dire immobilisme ou statu quo. Des économies seront à réaliser tant de la part de l'Etat que des collectivités, lesquelles pourraient établir un "pacte" avec le gouvernement en consentant des efforts contre une garantie des dotations (sur cinq ans). Il prône la souplesse avec le droit à l'expérimentation (exemple : les rythmes scolaires, les communes auront le choix de les garder ou d'y mettre fin) et un meilleur équilibre entre les grandes métropoles et les territoires ruraux.

Pour sortir les campagnes de leur isolement, les équipements en très haut débit sont en tête des préoccupations. Ils doivent être opérationnels afin de faciliter les installations diverses et variées (entreprises, cabinets médicaux, etc). Alain Juppé envisage la création d'un fonds national du numérique (comme les élus de Haute Saintonge, il s'est battu contre Orange !).

Dans le domaine de la santé et pour éviter les déserts médicaux, l'avenir est aux regroupements de professionnels, initiatives que les collectivités devront favoriser. « Imposer un lieu d'implantation aux jeunes médecins n'est pas la bonne démarche. Il faut leur donner envie de s'installer sur un territoire en le rendant attractif » souligne Alain Juppé. Parmi les grands axes qu'il défendra, figurent l'emploi et l'apprentissage, filière qui débouche dans la majorité des cas sur un job dans les six mois. Il veut aussi redonner à l'agriculture la place qu'elle mérite et qu'elle a perdue.
S'il comprend l'agacement de ses compatriotes, il croit en un rebond de la France : « C'est un pays formidable. Retrouvons la fierté d'être Français ! ".

Trop de contraintes, trop de normes, 
trop de lois, trop de paperasses...


Suit un débat avec le public. Il commence par les réflexions qui font aujourd'hui le lit du Front National. Pourquoi les étrangers ont-ils des avantages quand d'autres tirent le diable par la queue ? Qu'attendez-vous pour privilégier les Français, ceux qui travaillent dur alors que leurs voisins restent chez eux et perçoivent la même somme en fin de mois ? Pourquoi ne pas uniformiser les régimes de retraite dans un souci d'égalité ?
Sur le RSA, Alain Juppé avance une piste : « l'écrêter afin que le revenu salarial reste supérieur aux aides de solidarité ». Sur les retraites, il reste prudent. Autrefois, l'espérance de vie était en moyenne de 66 ans avec une retraite prise à 65 ans. Aujourd'hui, on part à 62 ans et à 82, on est toujours d'actualité ! Soit 20 ans à financer. S'il y a des choses à revoir, le maire de Bordeaux ne s'en prend pas aux fonctionnaires. Il précise que le calcul les concernant est fait sur le salaire de base en dehors des primes.
Le sujet ravive chez lui de mauvais souvenirs : « quand j'ai voulu faire la réforme de régimes spéciaux et de la Sécurité sociale en novembre 1995, qui proposait de généraliser aux fonctionnaires et aux entreprises publiques RATP, SNCF et EDF, les mesures imposées aux salariés du secteur privé, je me suis retrouvé bien seul. Cette fois-ci, je compte sur votre entier soutien ! » Sourires dans l'assistance. M. Plaize, à l'origine de cette question, ne s'attendait pas à être sollicité publiquement !

• Saint-Thomas et la loi Littoral


Daniel Rousseau, maire de Saint-Thomas de Conac, s'érige contre la loi Littoral. Elle lui interdit toute construction sur sa commune :
Pour Claude Belot, tout cela frôle « l'absurdité la plus complète ». Alain Juppé acquiesce : il connait des contraintes semblables à Bordeaux en bordure du fleuve.
Dominique Bussereau en profite pour rappeler l'obligation pour les collectivités d'entretenir les ouvrages de défense, « sinon vous êtes responsables pénalement en cas de submersion ».
« que les zones inondables soient concernées, je le comprends, mais quand elles ne le sont pas, je ne sais pas quoi faire, ni dire ». D'où la colère des habitants. Le plus "comique" est que la commune d'à côté, Saint-Bonnet, n'est pas touchée par cette législation.

• Normes à gogo !

Une agricultrice, membre d'une coopérative, dénonce la multitude de normes qui freinent la compétitivité, « comme une mise sous scellés ». Alain Juppé partage ce sentiment : « on crève de l'excès de réglementations. Comment changer ça ? Hollande avait annoncé une simplification. Vous l'avez ressentie ? ».
Les parlementaires eux-mêmes pondent trop de lois avec trop d'articles : « c'est de la folie. On devrait interdire que les lois portent les noms des ministres ». S'il prend les rênes, il veillera à ce que les normes venant de Bruxelles ne s'enrichissent pas d'une couche de l'administration tricolore. « Simplifier, c'est compliqué. Il faut que le mouvement vienne de la base ».


 Eolien, pas bien...


Une participante n'apprécie pas les éoliennes du côté de Nieul le Virouil/Allas-Bocage (où elle possède une résidence secondaire) qui viendront enlaidir une région connue pour la beauté de son patrimoine. Dominique Bussereau admet qu'il s'est fait tout et n'importe quoi vers Saint-Jean d'Angély ! Alain Juppé n'en rappelle pas moins les dispositions de la transition énergétique (trouver de nouvelles sources dont le soleil, réduire les émissions de CO2, les consommations d'électricité, d'eau, éviter les gaspillages).
Bientôt, naîtront des routes photovoltaïques, une idée qui devrait séduire Claude Belot. Le patron de la CDCHS vient de lancer son septième parc de panneaux sur 6 hectares. Il sera doté d'une batterie qui stockera l'énergie et la reversera dans le réseau quand il sera demandeur. « La Haute Saintonge représente 12% de la population du département et prochainement, elle sera en capacité d'exporter de l'énergie avec cette filière » dit-il. S'y ajoutent la géothermie et le chauffage au bois en ce qui concerne la ville de Jonzac.
Alain Juppé développe également ces créneaux dans les nouveaux quartiers de Bordeaux, mais son éolienne placée le long de la Garonne a été un échec : il n'y avait pas assez de vent !

Syndicats au pilori


Robert Chef, maire de Souméras, pointe du doigt la disparition des petits syndicats décidée par l'Administration. A la CDCI, Claude Belot a vu une longue liste de ces organismes à supprimer au motif qu'ils ne faisaient pas grand chose. Sauf que certains avaient leur utilité comme à Montguyon. Le sous-préfet de Jonzac, Frédéric Poisot, aurait déclaré ne pas vouloir donner suite à cette intention. « Depuis, il est parti en Polynésie » constate Claude Belot. Et on ignore qui le remplacera. Affaire à suivre.


Pas de révolution !

Michel Amblard, représentant le Modem, pose une question plus politique à Alain Juppé, candidat qu'il juge « raisonnable » : plus de proportionnelle dans les élections ; réduction du nombre de parlementaires ?…
Réaction de l'intéressé qui se demande si les Français veulent d'un président « raisonnable » ! La proportionnelle, il n'y est pas favorable car elle ferait émerger des partis dont les idées peuvent être discutables. S'il est contre la VIe République, il estime que le nombre de parlementaires (900) est trop important. Sur le cumul de mandats, jusqu'à un certain nombre d'habitants dans la commune, il pense « qu'on peut continuer à avoir un mandat national et un exécutif local si on veut avoir des élus nationaux qui ne soient pas complètement hors sol ».

Sauver la ruralité



Une élue fait part de ses craintes quant au départ « sans concertation » des services publics en zone rurale et plus généralement, de la montée du Front National. Sur ce dernier point, face aux attentats terroristes, un malaise s'est installé, la communauté musulmane faisant l'objet d'une suspicion « qu'exploite le FN ».  
« La République garantit la liberté de culte. En échange, elle attend que chacun, quelle que soit sa religion, la respecte » explique Alain Juppé. L'une des voies à emprunter est la lutte contre la radicalisation des esprits. Sachant que les prisons sont l'un des creusets de cette radicalisation en raison de la promiscuité qui y règne, il estime nécessaire la construction de nouvelles structures.
Lui-même n'apprécie pas le traitement qui lui est fait sur le net : « on m'appelle Ali Juppé et on parle de la grande mosquée de Bordeaux. Si vous la trouvez, je vous offre le champagne ».

Et de conclure : « Je serai clair dans mes propos. Je ne veux pas être élu en racontant de sornettes ».

Il ne reste plus qu'à attendre les résultats de la primaire de droite qui aura lieu dimanche 20 novembre avec, si nécessaire, un second tour le 27. Si Alain Juppé devance Nicolas Sarkozy, il se passera des choses chez les Républicains. A suivre !

 L'info en plus

• Cette rencontre s'est terminée par le verre de l'amitié. Chacun en a profité pour aborder l'ancien Premier Ministre et Jean-Guy Branger, "l'éternel Clark Gable des marais", a rappelé un point quant aux primaires des Républicains : « Pas besoin d'être encarté, une simple carte d'identité suffit et le versement de deux euros ». 

Alain Juppé, Marie Gruel, Jean Guy Branger
• Confidence d'Alain Juppé : « Le journal Sud-Ouest m'a soumis un questionnaire dernièrement où il me demandait "qu'aimeriez-vous être si vous étiez un patrimoine ?" J'ai répondu une église romane ». Au cœur de la Saintonge, il a le choix!

Bordeaux reçoit des milliers de visiteurs. L'idée est de faire découvrir aux touristes, par voie fluviale, d'autres villes en Aquitaine et en remontant l'estuaire de la Gironde vers Royan.

Mutualisation : Alain Juppé a mutualisé les services des 28 communes de la métropole bordelaise en leur laissant le libre choix. Cette mise en commun des ressources permet des économies. Elle est dans l'air du temps. Des départements comme les Hauts de Seine et les Yvelines pourraient fusionner, de même que des départements d'Alsace et de Normandie.

S'il est un maire que se bat pour sa commune de Saint-Genis, c'est bien Jacky Quesson !
• Prenant la parole, Alain Juppé quitte sa veste et déclare qu'il aurait dû prendre son maillot de bain : « Je ne connaissais pas les Antilles, je les découvre ! »

Verre de l'amitié auprès des bassins des Antilles
Claude Belot a insisté sur la nécessité du très haut débit en Charente-Maritime et s'est félicité d'un accord financier avec le président du Conseil départemental, Dominique Bussereau. 60% de la population sera reliée en 2021, l'ensemble en 2025.

Dominique Bussereau regrette que le Département ait perdu la compétence d'aide aux entreprises dès lors confiée aux Régions. Des conventions peuvent être passées dans d'autres domaines, agriculture, pêche, etc.

Claude Belot a offert un ouvrage sur la Haute Saintonge à Alain Juppé
© Nicole Bertin

3 commentaires:

  1. On l'aime bien Mr Juppé.

    Citation : « En reconnaissant le ras le bol des citoyens face à la classe politique mercredi matin à Jonzac, Alain Juppé n'a fait que constater une réalité. Les élus sont dans le viseur... »

    Mr Juppé et ses « collègues » feraient bien de s'interroger vraiment très sérieusement sur cette grave question ! Et y remédier !

    Pourquoi ?

    -Cumuls des mandats : pas seulement en genre et en nombre, mais aussi en durée illimitée !
    -Elections qui ne représentent plus rien vu le taux d'abstention ! D'où une représentativité bidon des «élus» !
    -Profession : politique !
    -Primes, rémunérations,régime fiscal, privilèges exorbitants pour présidents, ministres, députés et sénateurs !
    -Sénat . Coût : 300 millions d'€ par an...Pour rien ! Sauf pour ce qui précède ! Au bénéfice de personnes même pas élues au suffrage universel !
    -Pas d'obligation de casier judiciaire vierge pour se faire élire !

    Et toujours les mêmes problèmes non résolus depuis des décennies : chômage, logement, santé, éducation, etc...

    ...Et toujours le lampiste qui trinque !!! Comme cela sera le cas , sans aucun doute,avec Mr Juppé...Au contraire de Sarko, ce sera en douceur !

    Question subsidiaire : qui a payé le « pot » de la réunion ?

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,
    C'est regrettable mais il est dommage que cette idée de M. Nicolas SARKOZY promettant de gagner davantage en travaillant plus n'ait pas reçu l'aval des syndicats. En effet l'avortement de cette initiative est le fait des syndicats et en particulier de la CGT qui se sont opposés en prétextant que c'était une provocation envers les chômeurs. Bon! nous sommes en démocratie, c'est leur choix!
    M. Nicolas Sarkozy avait-il dans l'idée, initialement, de froisser les chômeurs en instituant cette mesure? Bien sûr que non!
    Il y en a tant qui gagnent plus en travaillant moins voire...pas!
    Par conséquent il m'apparaît inopportun de dire ou d'écrire que notre ancien président a fait "rêver" car la réalité ou le résultat ne sont pas de son fait!

    RépondreSupprimer
  3. Bonsoir,
    Premier anonyme a dit: "...au contraire de Sarko, ce sera en douceur!".
    J'abonde sur cette "chute" dans la mesure où l'on apprend toujours de ses échecs et rarement de ses succès.
    Notre ancien président sait où, maintenant, il doit aller. Il est, à mon sens une valeur sûre quant au contenu du "Programme des Cent jours de l'alternance" (mai-août 2017)dans lequel seront passés en revue les différents ensembles que constituent le socle de notre société républicaine: rétablissement de l'autorité: (construction de 30.000 places de prison, peine perpétuelle réelle et effective pour les terroristes...), agriculture et ruralité: un euro investi en ville égale un euro investi en ruralité, moratoire sur les normes,renégociation de la PAC fondée sur des prix rémunérateurs et non sur des primes...), le coût du travail: (zéro charge pour les salaires équivalents au SMIC, code du travail de 150 pages maxi...), pour une France unie et fière (service civique patriotique et obligatoire, suppression de l'Aide Médicale d'Etat, division de l'immigration légale et instauration de quotas annuels...),RSA versé en contrepartie d'une activité d'intérêt général, pour une France forte de sa laïcité: (affirmation du "credo": la France est une république laïque, indivisible, de culture judéo-chrétienne, démocratique et sociale..., diminution d'1/3 du nombre de députés et de sénateurs, Instruction Publique: acquisition des savoirs fondamentaux à l'école primaire, remise à niveau européen des salaires des professeurs des écoles (+10%), port de l'uniforme au collège, fin du collège unique et apprentissage dès 14 ans, démission obligatoire de la Fonction Publique pour les ministres et les parlementaires.
    Voilà un mini condensé des réformes envisagées en cas d'alternance.
    Ainsi que l'exprime le bras droit du Président Sarkozy, M. Guillaume Pelletier: Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.
    Deux conditions sous-tendent ces quelques idées puisées dans le programme de M. Sarkozy: courage et crédibilité.
    Cette réforme de la Pensée est nécessaire et, on le voit bien, en matière de terrorisme et de gestion du renseignement par exemple, les résultats ne sont pas au rende-vous.
    Quelles dispositions avons-nous prises en adéquation avec les situations ponctuelles auxquelles nous avons été confrontés au fil des ans, depuis l'affaire Carlos (Ilitch Ramirez Sanchez)dans les anées 70/80 ou même, plus proche de nous depuis 2012. La France a subi 15 attaques terroristes et pas des moindres quand le Royaume Uni en a recensé 4 et les américains 5. "Ya comme un défaut" aurait dit l'artiste!
    Gouverner c'est prévoir! et la stratégie numéro un est d'aller chercher les terroristes là où ils se trouvent, c'est à dire en France, pas ailleurs. Les mesures prises en ces circonstances ne sont pas à la hauteur d'un enjeu fondamental pour chacun d'entre nous: le droit de vivre SA vie!
    Pétrole quand tu nous tiens...car c'est pour cela et à ce prix-là qu'on sacrifie des innocents!

    RépondreSupprimer