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dimanche 18 octobre 2015

Prêt de la Région Aquitaine de 900.000
euros au journal Sud-Ouest : Alain Rousset
accusé par Virginie Calmels
d'avoir fait voter cette somme
avant les élections régionales...

Depuis plusieurs années, Sapeso, la société éditrice du journal Sud-Ouest, traverse une crise financière. Ce n'est pas un secret puisqu'un plan de restructuration du personnel a eu lieu en interne. La difficulté étant de trouver de nouveaux investisseurs, le groupe Sud Ouest s'est alors tourné vers les banques… et le Conseil régional d'Aquitaine. C'est sur ce point que le climat s'est subitement réchauffé à quelques semaines des élections régionales.
Virginie Calmels (© Mairie de Bordeaux)
En effet, le patron socialiste de la Région Aquitaine, Alain Rousset, conduit la liste de gauche à ce scrutin. Le fait qu'il ait fait voter, par la Région qu'il préside, un prêt de 900.000 euros à Sapeso irrite fort son adversaire principale Isabelle Calmels. Laquelle s'interroge publiquement  : pourquoi débloquer cette somme juste avant les Régionales et surtout pourquoi Alain Rousset n'a-t-il pas attendu janvier 2016 pour étudier la demande ?
Deux hypothèses peuvent être avancées : soit Alain Rousset craint de ne pas être réélu et il a préféré mettre le dossier à l'ordre du jour tout de suite ; soit le groupe Sud-Ouest est dans un contexte si compliqué qu'il requiert des réponses immédiates, d'où la rapidité de l'intervention.
Il n'en reste pas moins que Virginie Calmels, bien remontée face à la situation, craint une éventuelle connivence entre les responsables de Sud-Ouest et Alain Rousset. Connivence qui ferait qu'elle aurait un moins bon traitement dans les colonnes du quotidien qu'Alain Rousset.
Si elle-même était présidente de la région Aquitaine, aurait-elle consenti un prêt dans des conditions similaires ou aurait-elle donné du temps au temps  ? Voilà bien la question à lui poser  ! Si une collectivité (région, département, mairie, communauté de communes) accorde un financement conséquent à un organe de presse (mais ce peut être de la publicité ou des documents touristiques), quelle attitude ledit organe de presse doit-il adopter face à l'élu qui fait part de compréhension à son égard ?

A droite de la photo, Alain Rousset lors de l'Université du PS à La Rochelle (© Nicole Bertin)
L'impartialité du journal Sud-Ouest étant mise en cause à la suite de cette affaire qui fait grand bruit, Patrick Venries, directeur de publication de Sud Ouest, souligne que l'objectivité est et reste la ligne directrice du quotidien :
« Mme Calmels, candidate de la droite et du Centre, laisse entendre que le président socialiste du Conseil Régional, M. Alain Rousset, candidat à sa propre succession, aurait alloué une somme de 900 000 euros à Sud Ouest. Il convient de souligner qu'il ne s'agit pas d'un don ou d'une subvention, mais d'un prêt, accordé aux mêmes conditions (durée, taux) que celles accordées par les banques au Groupe Sud Ouest. Ce prêt fait partie d'un plan de refinancement global de Sud Ouest. Il a été élaboré au printemps 2015 sous l'égide de la Direction du Trésor et comprend des prêts de trois grandes banques françaises, ainsi que de BPI France, la Région n'intervenant que comme complément. Les 900.000 euros représentent 12% du total de ce plan global de refinancement. Ce prêt est légal, accordé aux conditions du marché, et correspond à une mission classique de soutien aux entreprises, comme la Région en consent chaque année sur de nombreux dossiers de financement d'entreprises régionales. Mme Calmels avance que ce prêt aurait eu pour conséquence d'induire un traitement dans nos colonnes en sa défaveur. Or, depuis sa déclaration de candidature, le 11 avril dernier, Mme Calmels a été citée 146 fois au sujet des Régionales (papier et numérique). M. Rousset a été cité à 179 reprises. Ce différentiel s'explique par le fait que, jusqu'à mercredi, Mme Calmels n'avait pas tenu de meeting interrégional et n'a pas encore présenté ses listes départementales. Par ailleurs, M. Rousset a été sollicité  pour des sujets d'actualité comme le contrat de Plan Etat-région ou la Déclaration d'utilité publique de la LGV qui relèvent de son mandat de président de Région. Nous regrettons en outre que Mme Calmels ait boycotté le débat face à M. Rousset que nous avions organisé vendredi 16 devant les fédérations des Travaux Publics d'Aquitaine. Nous tenons et tiendrons nos comptes à jour afin de garantir à nos lecteurs la liberté d'information qu'ils sont en droit d'attendre de Sud Ouest. Malgré les pressions dont ils sont parfois la cible, les journalistes de la Rédaction de Sud Ouest réfutent tout soupçon de partialité à l'égard de tel ou tel candidat et traiteront l'actualité de la campagne électorale dans le respect de l'indépendance et du pluralisme, valeurs professionnelles communes qui figurent dans l'introduction de notre Charte déontologique. Nous appelons au plus grand respect de Sud Ouest et considérons que notre titre ne peut être un enjeu de campagne. Notre fonction est de faire vivre le débat démocratique, pas de s'y substituer ».

La suite sera facile à vérifier : soit Virginie Calmels constate qu'Alain Rousset est plus présent qu'elle dans les tribunes de Sud Ouest ; soit il existe un traitement équivalent pour tous les candidats aux Régionales (et pas seulement pour Virginie Calmels et Alain Rousset). A noter que les journaux du groupe la Dépêche, propriété du PRG Jean-Michel Baylet, sont l'objet des mêmes critiques de la part des candidats Les Républicains.

• Le socialiste Alain Rousset, déjà président de la Région Aquitaine, conduit la liste de gauche aux élections régionales de décembre prochain. Lui-même a saisi le CSA à propos de l'inégalité de traitement entre lui et Virginie Calmels sur les médias nationaux.

• Ancienne dirigeante au sein de Canal+ et Endemol France, Virginie Calmels est adjointe au maire de Bordeaux, à l’économie, l’emploi et la croissance durable. Elle conduit la liste les Républicains et Centre.

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