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lundi 7 septembre 2015

Soubran : une foire qui a du pot !

C'est toujours un plaisir de se rendre à la foire aux potiers de Soubran. On y rencontre des artistes qui retiennent l'attention et c'est aussi le point de ralliement des collectionneurs et amateurs de poteries, un art qui se perd dans la nuit des temps. L'imagination des artistes étant sans limite, de belles surprises attendent les visiteurs. 2015 a été un "bon" cru. 


Quarante potiers s'étaient donné rendez-vous en ce premier week-end de septembre. Parmi eux, de nouveaux visages, ravis de découvrir Soubran, commune de Haute-Saintonge qui a fait de cette manifestation un rendez-vous incontournable. Le public était nombreux.

Au hasard des rencontres, Jérémy Hausmann illustre ses pavés comme des livres d'aventures. Messages énigmatiques qui voient le jour à Bosset en Dordogne.
Tiré de l'oubli, fatigué à force d'avoir été foulé, chaque support écrit une nouvelle histoire grâce à lui. Jérémy ne change pas. Regard bleuté, chapeau qui le protège des premiers soleils automnaux, son parcours atypique l'a d'abord conduit à aimer à la musique avant le dessin sur carreaux, tomettes et tuiles plates. Depuis, il a trouvé son univers !


« Les différentes nuances de la terre cuite, le relief, l'aspect usé, voire érodé de certaines pièces sont pour moi comme des appels. J'aime mettre en valeur les couleurs chaudes de mes carreaux, ces variations subtiles que prennent les différentes qualités de terres en cuisant » explique-t-il.
Les pavés qui parsèment son existence, il souhaite les partager avec le plus grand nombre et les enfants en particulier, invités à orner leur propre création. Une "œuvre" personnelle qu'ils emportent précieusement avec eux, une fois le vernis appliqué et l'accroche posée. 

Un joli pavé décoré

Le stand de Jérémy a attiré de nombreux artistes en herbe !
Non loin, se trouve Jean-Jacques Millet qui a ajouté la poterie à la vaste palette de son talent. Quelques mots sur son fils Laurent, photographe qui a décroché deux prix prestigieux, Nadar et Niepce (félicitations !) et Jean-Louis explique sa nouvelle passion pour le travail de la terre. Fin et délicat, toujours en partance sur la ligne (d'horizon) comme ses célèbres bateaux...


Comment ne pas succomber devant les anges de Joëlle Pébereau-Lalubin ? Se définissant comme « une artiste de la terre ancrée sur le sol lot-et-garonnais », elle donne vie à des personnages petits et grands qui peuplent ses imaginaires. Des êtres séduisants, un tantinet taquins ou sages, adorables ou mutins selon les variations. Elle a ainsi créé la série des Marcel, des porteurs. « L’idée de partir de la poussière terre pour faire naître mon personnage me plaît, l’aimer encore gorgé d’humidité et tellement fragile. Partager cette aventure de la matière et de l’émotion et raconter une histoire. Invitation à dévoiler des sensibilités, des rêves. Plaisir de créer l’inutile, des objets déclencheurs de sourires » avoue-t-elle.

Les personnages Joëlle Pébereau-Lalubin sont tellement présents
qu'on a envie les toucher, de s'en faire des amis ! 
Sophie, quant à elle, est un habituée puisqu'elle a installé son atelier dans le bourg de Rouffignac près de Montendre. Ses dernières créations, qui conjuguent finesse des lignes et des couleurs, sont prometteuses.


L'atelier du Tournassin a pignon sur rue à Saintes. Depuis qu'il est retraité, René de Beaucorps donne du temps au temps : ses pièces sont pleines de couleur et d'expression. Si ses spécialités restent les empreintes de feuillages, les émaux à base de cendres d'arbres et de végétaux et les poteries régionales dont les fameux "bujours", ses oiseaux nouvelle génération sont tout à fait intéressants… Prêts à prendre leur envol !

Martine et Claude Norek viennent de l'Aveyron où ils ont ouvert les Ateliers de la découverte. Ils proposent toute une gamme aux teintes chaudes dont un bénitier à l'angelot rêveur. C'est la première fois qu'ils exposent à Soubran et sont ravis de cette première expérience.


C'est également la première édition de Dorothée Léoni qui dévoile "le monde de Khnoum". Enseignante, elle s'est consacrée à la formation pour adultes avant de reprendre des études de psychologie… qui ont abouti à l'ouverture de son atelier de poterie. Lui donner un nom a été le fruit d'une longue recherche : « j'ai fini par trouver le dieu des potiers dans l'Egypte ancienne, Khnoum, qu'on représente généralement sous forme d'un bélier. C'est l'un des tout premiers que ce peuple a vénérés. Il a pétri l'argile avec l'eau du Nil pour créer les hommes avant de leur insuffler la vie ».
L'eau, l'air, le feu et la terre. Issus des quatre éléments, les objets qui naissent de son imagination - réalisés selon le procédé du "raku" revisité - ne sont pas le fruit du hasard. Recherche d'harmonie dans l'espace et l'histoire des civilisations . Parmi eux, des jeux anciens dont le senet ; le chien et le chacal.
« Nous sommes très joueurs dans la famille. Ce sont des reproductions de jeux de l'Egypte ancienne ou d'Ur en Assyrie » souligne-t-elle. Et d'ajouter : « je cherche dans mon art à ressentir la terre dans toutes ses vibrations. Depuis l'ouverture de mon atelier fin 2005, mon travail consiste à m'éloigner de plus en plus du raku traditionnel noir et blanc ou de couleur. Aujourd'hui, grâce à cette technique de cuisson, mes pièces allient les contradictions : émail lisse, mat ou brillant, terre brute texturée, crispation et effets métalliques qui vont de l'or à la rouille. Mon souhait est que ces différentes recherches de textures et d'émaux mettent en valeur les formes de mes pièces et que tous ces éléments en opposition ne fassent plus qu'un et se rejoignent sans dissonance ». Objectif atteint !

Dorothée Léoni (à droite de la photo) : « j'utilise la technique de cuisson Raku pour l'ensemble de mes productions.
Cette technique qui associe étroitement l'eau, la terre, l'air et le feu est pour moi
l'occasion d'interroger, par la forme et l'émail, le fragile équilibre
que laisse la mémoire du feu dans mes créations »
Terminons ce petit tour (très partiel car tous les participants sont à saluer) avec un coup de chapeau à Mongi, disciple de Gil Pras, qui s'est installé à Jonzac où il a renoué avec la tradition. Son atelier de la Corderie (rue Ruibet Gatineau) est un vrai bonheur. Samedi 12 septembre à partir de 19 h 30, il y attend tous les amateurs de tajine, sucrée ou salée. Après les deux chaleureuses soupes de l'été, cette spécialité tunisienne devrait réunir de nombreux convives. Détail qui a son importance : chaque participation repartira avec son récipient "fait atelier". On pourra même lui demander une dédicace. Une manière sympathique de conjuguer le travail de la main et la convivialité.


Cette foire aux potiers 2015 a été une réussite dont il convient de féliciter les organisateurs réunis aux côtés de Jean-Marie Desgrange. La création se porte bien en France et c'est une bonne nouvelle dans un monde qui délivre une actualité sans cesse plus préoccupante…


• Au programme des deux jours : allumage du four gallo-romain; construction du four papier ; défournement du  four gallo-romain et du four papier. Tournages traditionnels et au tour à cordes, aux modelages, aux cuissons du four papier, raku et du four gallo-romain. Thème de la foire : « les champignons ».

Démonstrations devant le public


Clin d'œil aux champignons !
 • Jonzac, la tajine de Mongi : samedi 12 septembre à partir de 19 h 30 aux ateliers de la Corderie. Inscription : 07.86.61.55.67. 

Foire aux potiers de Soubran 2015 © Nicole Bertin

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