Benjamin Caillaud présente Fernand Braun, le photographe de Royan à la Belle Epoque

La personnalité de Fernand Braun ne pouvait qu'attirer Benjamin Caillaud qui a consacré sa thèse de doctorat à ce photographe. Sa particularité ? Il a immortalisé Royan à la Belle Epoque, mais pas seulement. Regard averti, il navigue entre les joies de la plage et des soldats en convalescence au casino municipal, transformé en hôpital temporaire durant la Grande Guerre. Figures de vie, figures de proue que présente le musée de Royan.

Le tramway de la Grande Côte (1912)

Reconstitution avec, pour passager, Benjamin Caillaud (2015)

Succéder à l'exposition Picasso, qui regroupait une sélection d'œuvres faites par l'artiste à Royan durant la Seconde Guerre mondiale, constituait un défi. Benjamin Caillaud l'a relevé avec la volonté qui le caractérise : Fernand Braun est un personnage attachant ! Durant des décennies, il a photographié Royan où il s'est installé en 1895.
L'homme l'a tout de suite captivé par la qualité de son travail. Contemporain de plusieurs périodes, des plus agréables aux plus sombres, il les a immortalisées et de nos jours, les archives qu'il a laissées constituent un fonds historique important pour la connaissance de la région.
Benjamin Caillaud est intarissable sur le sujet. Un fil invisible le lie à celui qui est devenu le sujet de la thèse qu'il a soutenue à la Rochelle.
- Comment avez-vous rencontré Fernand Braun ? « Grâce aux cartes postales que conservait mon père. On y découvre les alentours de Royan avec ses dunes et la nature sauvage, des femmes avec des ombrelles, les premières baignades, les enfants qui jouent ». Ce photographe possède la technique, tout en maîtrisant parfaitement ses sujets : rien n'est laissé au hasard.

Le casino municipal, magnifique !

On ne se lasse pas de la Belle Epoque !

Originaire de l'Est de la France, Fernand Braun est issu d'une grande lignée de photographes qui a inventé des procédés industriels. Il a 50 ans quand il s'installe à Royan. La croissance de la station balnéaire retient son attention et il en vante les mérites à travers ses clichés. Royan possède alors de fort beaux édifices tels que le casino municipal ou celui de Foncillon (qui seront malheureusement détruits par les bombardements). Grâce au chemin de fer et à l'évolution de la société, les familles aisées investissent sur la côte où elles se rendent en villégiature. Fernand Braun ne veut pas manquer ce tournant qui annonce l'avènement du tourisme et génère une vitalité économique et financière. Frédéric Garnier, maire de 1870 à 1905, apporte largement sa pierre à l'émancipation de la ville : gare, casino, aménagement des plages. Il y a aussi le tramway en bordure de mer (des plus pittoresques).

Avant le palais des congrès...

De 1895 à 1920, un catalogue de près de 4000 clichés "déposés Braun" montrent la vie des deux Charentes et du Nord de la Gironde. « L'ampleur, l'étendue et la durée de la carrière de l'entrepreneur font de Braun l'un de plus grands acteurs de l'édition en France au début du XXe siècle » explique Benjamin Caillaud. Appartenant à la vie publique, il s'intéresse aux hommes et aux femmes qui l'entourent. Il n'agit pas dans l'instantanéité : ses photos sont des scènes orchestrées, esthétiques et porteuses d'un message. A décrypter bien sûr !
Il s'attache aussi aux monuments, aux édifices, aux métiers (pêche, ostréiculture, agriculture, exploitation forestière), à tout ce qui fait l'âme et le charme de la région. Proche d'Emile Combes, il appartient pleinement à la mouvance radicale et se comporte en bon républicain. Car l'un ne va pas sans l'autre : Braun croit au progrès, à l'école laïque, à l'industrialisation. Il s'implique ! Ses photos de la Première Guerre sont de vibrants témoignages.

Le magasin "Braun" à Royan

Benjamin Caillaud a fourni un travail énorme pour reconstituer la carrière professionnelle de Fernand Braun. Il a planché sur le sujet pendant dix ans, consultant archives et particuliers possédant des collections. Sa quête, qui a été fructueuse, est à découvrir. « Je pense que j'ai des points communs avec Braun. Comme lui, je suis photographe, je suis de ce territoire et je m'intéresse à la chose publique » plaisante-t-il. Ajoutons que tous deux ont de nombreuses cordes à leurs arcs respectifs !
Qu'est devenu Fernand Braun à la fin de sa vie ? « Son fils a pris sa succession en 1920. Durant sa retraite, Fernand Braun a donné libre cours à sa passion qui était la chasse aux spécimens rares de papillons. Il a favorisé la création d'un musée dans le casino de Foncillon. Il reste quelques traces des recherches faites sous son autorité. Il est mort en 1948 ».

A Pons chez Emile Combes

Si vous souhaitez faire la connaissance de Fernand Braun, une étape s'impose au musée de Royan ! « L'étude de la carte postale est un nouveau champ d'investigation. De nombreux universitaires l'envisagent autrement que dans sa dimension nostalgique. En s'appuyant sur une analyse économique, sociale et politique, l'œuvre de Braun révèle une véritable richesse historique » souligne Claire Pépin-Roirand, directrice. Le député maire Didier Quentin souligne, quant à lui, « la richesse des images produites par Fernand Braun ».
A ne pas manquer !

• Cette exposition a été établie à partir de la thèse de doctorat d'histoire de Benjamin Caillaud, "Fernand Braun, photographe et éditeur à Royan (1895-1920)" soutenue à l'université de La Rochelle sous la direction du professeur émérite Guy Martinière.
Benjamin Caillaud est chargé de cours à l'université de La Rochelle et chercheur associé au laboratoire CRHIA (centre de recherches en histoire internationale et atlantique). On lui doit de nombreuses expositions, entre autres sur la tempête Xynthia et la campagne de Barck Obama aux Etats-Unis.

Benjamin Caillaud, un universitaire qui conjugue de nombreuses cordes à son arc !