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lundi 16 février 2015

Budget 2015 de la ville de Saintes :
Les engagements de Jean-Philippe Machon
« gérer, dynamiser, soutenir ».
«Vous ne dynamisez rien du tout »
rétorque Philippe Callaud

C’est vendredi qu’avait lieu la présentation du budget primitif 2015 de la ville de Saintes. Pas de chance pour l’équipe que conduit Jean-Philippe Machon, l’époque est aux restrictions budgétaires. Les marges de manœuvre sont donc réduites. L’opposition, conduite par Isabelle Pichard Chauché et Philippe Callaud, est largement montée au créneau pour analyser, voire critiquer les choix du maire.


Jean Philippe Machon et Marie-Line Cheminade
L’opposition reproche à Jean-Philippe Machon - enfin libéré de ses obligations professionnelles parisiennes - de vouloir gérer la mairie comme une entreprise. C’est-à-dire en respectant les limites qu’offrent les finances publiques. En effet, il fut une époque où les collectivités menaient grand train de vie et ne surveillaient guère leurs dépenses, pensant que la manne durerait ad vitam aeternam. Certains allèrent jusqu’à contracter des emprunts « toxiques » qui ont placé leurs communes dans des situations dramatiques (qu’on se rassure, ce n’est pas le cas de Saintes !).
Suite logique, est arrivée une période de « disette » que pensèrent éviter les édiles en augmentant les impôts. D’où les vives réactions des citoyens qui se disent asphyxiés par la fiscalité et réagissent de manière diverse et variée, parfois en cautionnant de leurs voix des partis d’extrême droite.
Nous sommes donc à une période charnière où les maires doivent être vigilants. Tant pour les cordons de la bourse que pour la démocratie tout court.

Est-ce en raison de ses racines patoisantes (donc terriennes où être économe est une religion), toujours est-il que Jean-Philippe Machon ne jette pas l’argent pas les fenêtres. Ce n’est pas son style. Il privilégie la prudence et l’équilibre, sans perdre de vue les projets qu’il souhaite concrétiser durant son mandat. Voilà comment apparaît le premier magistrat. Il entend également réorganiser certains services afin de les rendre plus « réactifs » (tel un seul directeur pour diriger les deux centres sociaux et la maison de quartier de Belle Rive). Ses méthodes de « management » ne font pas l’unanimité, dans les rangs de la gauche en particulier.


« Si vous êtes endetté et que vos revenus baissent, que faites-vous ? » 

Jean-Philippe Machon remercie les membres du conseil qui ont contribué à l’élaboration du budget 2025 « réalisé dans des circonstances particulières » (entendez par là les restrictions budgétaires de l’Etat). « C’est un bon budget qui tient compte de nos engagements ».
Dans l’assistance, nombreuse en raison de la présence des représentants du Crédit agricole et des centres sociaux, on s’agite et on chuchote. Le maire demande au public de garder le silence et d’éviter les signes d’approbation ou de désapprobation. Certains participants ont du mal à conserver une attitude neutre !
« Nous nous sommes engagés à gérer, dynamiser et soutenir. Nous tiendrons le cap durant ce mandat sans tomber dans le piège d’une conjoncture difficile. La priorité sera donnée à la gestion, à l’innovation. 2015 sera une année de transition et de changement, tout en dégageant des ressources financières pour nos projets » enchaîne le maire.
La municipalité doit faire face à deux contraintes : une baisse des dotations de l’Etat, soit 2 millions d’euros sur trois ans, et la dette de la ville qui atteint 35,5 millions d’euros. Durant la campagne électorale, elle a déclaré qu'elle n'augmenterait ni les impôts, ni la dette actuelle. « Quand vous êtes endetté et que vos revenus baissent, que faites-vous ? Nous allons donc diminuer les dépenses, investissement et fonctionnement ». Le premier magistrat envisage de nouvelles sources de recettes par la vente de patrimoine immobilier et la recherche de mécénat. « Tout est ouvert » dit-il.

Une nombreuse assistance
Il cède la parole à Frédéric Neveu qui détaille le budget : « en réduisant ses dotations de 11 milliards d’euros, l’Etat place les collectivités locales dans un contexte inédit. La ville de Saintes est endettée ; il existe un risque de tutelle de la Préfecture ». Cet « héritage » s’élève à 35 millions d’euros. A cette annonce, la salle réagit, mais comme elle a promis de rester silencieuse…
Le budget de fonctionnement s’élève à 32,6 millions d’euros. Frédéric Neveu remarque que Saintes possède l’une des taxes foncières les plus élevées de France, décision résultant de Jean Rouger : « seules trois ou quatre villes sont au dessus ». Les frais de personnel sont importants, de l’ordre de 15.667.265 euros, soit 52% des dépenses de la ville. Il est envisagé de limiter les remplacements des départs à la retraite et de mutualiser les moyens avec la Communauté d’Agglomération.
Les subventions des associations restent à peu près stables et, dans le redressement d’URSSAF du CCAS, la ville a "épongé" à hauteur de 200.000 euros. « En 2014, la ville a dépensé pour le CCAS la somme de 2 193 205 €, soit 1990 000 € de subvention d'équilibre et 203205 € pour le redressement URSSAF. Le montant prévisionnel 2015 de la subvention d'équilibre est de 1 900 000 €, soit 90 000 € de moins qu'en 2014 » précise Jean-Pierre Boutet Petit.
La section d’investissement est de 12,8 millions d’euros. Cette baisse entraîne une réduction des dépenses, d’où la nécessité de privilégier certains dossiers : giratoire des pompiers, trottoirs, enrobés, signalisation, rénovation du pont Palissy, plan lumière, sécurisation de la passerelle (170.00 euros) etc.
En ce qui concerne le site Saint-Louis pour lequel existe un prêt de plusieurs millions d’euros, « il sera un poids lourd pour demain. Nous allons définir le projet cette année ».


Philippe Callaud : Gérer et soutenir ? pas trop ; dynamiser ? pas du tout ! 

L’opposition monte au créneau. Le premier de cordée à tenter la face Nord est Philippe Callaud : « vous avez présenté vos chiffres en séance publique à l’Abbaye aux Dames la semaine dernière, avant de les soumettre au conseil municipal. Il y a là une difficulté juridique. Ne le prenez pas mal, monsieur le maire, mais nous sommes habitués à ce genre de gymnastique intellectuelle. N’avez-vous pas validé le stationnement gratuit le samedi alors que vous n’étiez pas encore élu maire ? C’est nouveau, étrange ; on commence à s’y faire ! ».
Il regrette que l’opposition n’ait pas disposé de tous les documents comptables pour travailler. « Ils étaient maigres, ça fait est un peu léger » dit-il avant d’enfoncer le piolet dans la paroi : « vous avez dit gérer et soutenir : pas trop à mon sens. Quant à dynamiser, pas du tout ! Votre opposition est consciente des contrantes budgétaires. Mais une collectivité n’est pas une entreprise soumise au dictat de ses actionnaires. Il y va de l’intérêt général et elle doit faire preuve de créativité. Si vous opérez des tailles rases dans les subventions aux associations et des centres sociaux, qui animera la ville ? Que vont devenir les bénévoles ? Qu’est devenu votre nouveau souffle ? En conséquence, nous ne voterons pas ce budget ».
Et de poursuivre sur les personnels : « Vous dites que les charges sont élevées et vous recrutez des policiers municipaux. Vous auriez pu faire de la formation professionnelle, avoir une autre approche. Puisque vous voulez faire des économies, pourquoi ne baissez-vous pas les indemnités des adjoints comme l’ont fait Rochefort et La Rochelle ? ». Frédéric Neveu répond qu’elles ont été minorées de 10% : « nous faisons des efforts ». 
Quant aux centres sociaux , Jean-Philippe Machon estime qu’on peut les rapprocher : « je ne les remets pas en cause. Ils font un travail remarquable et ne perdront pas leurs subventions. Nous avons ouvert un dialogue afin d’étudier la possibilité d’un seul directeur pour chapeauter les trois structures ». L’économie potentielle serait d’environ 140.00 euros. « La recherche d’une gestion plus dynamique entre pleinement dans la créativité que prône Philippe Callaud ».


Pour Jean-Pierre Boutet Petit, ce budget est « iconoclaste », c’est-à-dire qu’il entend gommer le passé. Et d’évoquer d’anciennes périodes où des élus tels que Michel Baron et Marcel Vallet avaient une gestion « fine » de la trésorerie : « il faut effectivement avoir de l’inventivité. Ils étaient parvenus à diminuer la dette de 5,5 millions d’euros en six ans et à conduire des projets. Que proposez-vous ? Une baisse des subventions aux associations de 10% ! Au final, Saintes sera moins attrayante et ne prenant aucun risque, elle se repliera sur elle-même. Le Crédit Agricole va partir à Lagord. Vous ne faites rien tandis que le maire de Niort se mobilise ». 

Que sont devenus les 2,5 millions d’euros de la taxe foncière ? 

Sur son sommet, Jean-Philippe Machon reçoit cette avalanche de remarques. Pourquoi a-t-il organisé une réunion publique ? Pour dialoguer avec les Saintais comme il l’avait promis durant les élections : « sur la forme, je ne vois aucune difficulté juridique ».
Il explique ses choix budgetaires : « Cette première année nous permettra de dégager des finances pour l’avenir. En 2015, Saintes sera attractive et dynamique et nous continuerons à soutenir les forces vives, malgré les baisses de dotations de l’Etat. Ce n’est pas de gaieté de cœur. Le tissu associatif fait partie de nos richesses et je souhaite que nous puissions augmenter notre participation à nouveau. Quant au recrutement de policiers municipaux supplémentaires, nous y avons été contraints et forcés, la police nationale ne nommant pas les effectifs prévus. Notre masse salariale reste constante ».


En ce qui concerne l’endettement, la mauvaise surprise serait venue du site Saint-Louis caché dans un budget annexe. « C’est pourquoi nous sommes l’une des villes les plus endettées du Grand Ouest ». Le maire s’interroge également sur les 2,5 millions d’euros qu’a remporté l’augmentation de la taxe foncière votée par la précédente mairie : « que sont devenues ces recettes ? ». Apparemment, l’opposition n’a pas la réponse…

« Du pain, des jeux et des caméras ! » 

Isabelle Pichard Chauché s’attaque à la face Sud. Jean-Philippe Machon observe cet assaut avec intérêt, son opposition n’ayant pas l’intention de dévisser.
« Je vois que vous apprenez vite le métier en faisait de la politique politicienne caricaturale » lance-t-elle ironique. « La semaine dernière, à l’Abbaye aux Dames, vous avez fait un grand show. A vous entendre, vous êtes les victimes de l’Etat et de l’héritage de Jean Rouger. Les caisses seraient vides. Les bras m’en tombent. Assumez donc vos choix ! ».
Et de revenir sur la sécurité à Saintes : « on vous a vu à la télé où vous avez parlé de batailles rangées. Ici, ce n’est pas le Bronx ! Aujourd’hui, vous avez plus de policiers qu’à l’époque de Nicolas Sarkozy ! Vous taillez dans les subventions de manière brutale et autoritaire et vous avez du mépris pour votre opposition. La preuve, c’est que nous ne connaissons même pas le montant alloué aux associations. Vous voulez supprimer des structures, réduire le nombre de directeurs des centres sociaux, mais on ne peut pas fusionner les centres sociaux ! Vous allez briser tout l’élan qu’ils ont insufflé depuis des décennies, sans compter les gens laissés sur le carreau. Par ailleurs, vous voulez faire installer des caméras de vidéo-surveillance. Combien ça coûte ? Votre devise pourrait être : du pain, des jeux et des caméras ». Avec sculpture sur l'arc romain de Germanicus ?


Jean-Philippe Machon reste impassible, même si les déclarations de la chef de file socialiste ont été assez "rudes". « Je vais essayer de démêler la confusion de vos propos. Nous ne sommes pas des victimes, comme vous le prétendez. Jusqu’à présent, l’élaboration des budgets se faisait chaque année avec une légère augmentation. Tout ça, c’est fini, c’est pourquoi la période est exceptionnelle. Comme nous sommes des élus responsables, nous nous devons d’avoir une gestion rigoureuse. Quant à l’insécurité et aux batailles rangées que vous évoquez en sous-entendant que je les ai inventées, je pense qu’à l’heure où elles avaient lieu, vous étiez sans doute dans votre lit ! Nous sommes réalistes sur la situation, d’où l’installation de caméras de vidéo-surveillance, l’Etat apportant des financements. Notre équipe fait preuve d’initiative et depuis mon élection, j'ai sollicité des subventions. Pour le giratoire des pompiers, le Département nous aide à hauteur de 40% au lieu de 25%. Au sujet de la démolition de l’entreprise la Charentaise, au pied de Bellevue, la transaction avec la société Esso est très convenable. Parmi les travaux réalisés, nous avons embelli le pont Palissy et c’est une société privée qui a payé les éclairages. Tous les élus, majorité et opposition, sont invités à rechercher des aides et des soutiens pour favoriser l’essor de Saintes ! Ce budget 2015 n’est pas un budget de rêve, mais nous parviendrons à libérer des marges de manœuvre. Quant aux centres sociaux, nous avons ouvert une discussion au cœur du GTL, Groupe Technique Local. Je signerai prochainement l’accord cadre. Et je ne veux rien briser, contrairement à ce que vous avancez avec des vibrations dans la voix ! Nous imaginons seulement une nouvelle façon de gérer ».

Isabelle Pichard Chauché revient sur la subvention allouée par le Conseil général au giratoire des pompiers : « conseillère générale de Saintes depuis 17 ans, je suis parfaitement au courant de ce dossier ». « Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir commencé les travaux avant ? » s’interroge Jean-Philippe Machon. Manifestement, plusieurs projets auraient été "retoqués" lors des précédentes mandatures. Cette fois-ci, c’est la bonne. Début du chantier en mars.

L'opposition vote contre le budget 2015
Bref, le débat portant sur les chiffres est animé. Comme elle l’a annoncé, la gauche vote contre. Philippe Callaud et ses collègues expliquent leurs positions, chaque groupe ayant « sa propre culture ». Pour socialistes, radicaux de gauche et verts, les finances de la commune n’entrent dans un « business plan ». Pour l’équipe de Jean-Philipe Machon, il s’agit de gérer la ville comme son propre budget. Deux approches différentes qui devraient se sentir davantage à l’avenir avec l’accroissement du mécénat privé dans la vie publique…

• Pas facile d’être dans l’opposition : Bruno Drapron a compati quand Philippe Callaud a déploré le manque d’éléments fournis à l’opposition. « Je disais la même chose à Jean Rouger quand j’étais moi-même dans son opposition. Nous en avions discuté »…

• En 2016, sera créé un comité consultatif du sport 

• Le maire s’est réjoui du démantèlement d’un réseau de drogue important sur les régions de Saintes et Rochefort.

• Centres sociaux : La somme globale qui leur est allouée sera en baisse de 3,5%.

• Dette : Frédéric Neveu souligne que Saintes n’a pas contracté d’emprunts toxiques. « Ils ont été bien monnayés avec des taux corrects ». Soulagement de l’opposition !

• Aménagement du vallon des Arènes : Un droit de préemption est voté au profit de la commune en vue d’aménager la zone du vallon des arènes où se trouve l’amphithéâtre gallo-romain.


L'amphithéâtre gallo-romain de Saintes est au cœur d'u grand projet de valorisation
• Le départ du Crédit Agricole de Saintes à Lagord. Bientôt une cité numérique ? 
Jean-Pierre Boutet Petit a rappelé combien le départ du siège du Crédit Agrigole de Saintes vers la région rochelaise serait lourd de conséquences, tant économiquement qu'humainement. La mairie a-t-elle tout fait pour empêcher cette délocalisation ? Jean-Philippe Machon le confirme, même s'il a pris le train en marche, l'annonce du transfert ayant été faite à l'époque Rouger. Ce dernier voulait d'ailleurs destiner les bâtiments laissés vacants à la CDA ainsi qu'à d'autres services administratifs.
Le maire actuel pense qu'il faut désormais construire l'avenir : quelle sera la destination de ce vaste ensemble immobilier ? La direction parisienne du Crédit Agricole, qui a parfaitement conscience de la situation dans laquelle elle place le bassin de vie de Saintes, envisage d'y créer une grande cité numérique avec des startups et des sociétés développant des technologiques innovantes. L'idée est intéressante car il n'existe pas de tels sites en Charente-Maritime. Affaire à suivre...

Richard Baron et Lucien Normandin mobilisés pour le maintien du Crédit Agricole à Saintes...
• Avance au Gallia : avance remboursable de la ville à l’association du Gallia Théâtre de 40.000 euros (charge exceptionnelle liée à l’indemnité de licenciement du directeur à l’issue de son congé longue maladie).

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