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mardi 13 janvier 2015

Barbezieux :
La Communauté de Communes des 4B
en Sud-Charente, cible d'un message
émanant d’un groupe tunisien
de cyber résistance, Fellaga team

Quand elle s’est penchée sur son ordinateur, lundi matin, la responsable du service informatique de la communauté des communes des 4B en Sud-Charente (Barbezieux, Baignes, Blanzac et Brossac) ne s’attendait pas à voir surgir, parmi les messages reçus durant le week-end, une inscription qui ne laissait aucun doute par son contenu : « J’atteste qu'il n'y a de dieu qu'Allah. J'atteste que Muhammed est le messager d’Allah », la suite apportant un éclairage supplémentaire sur les raisons de cet envoi.


Un message clair par son contenu. Mais pourquoi la CDC des 4B ?
Le président Jacques Chabot a bien sûr été intrigué par cette "lettre" émanant d’un groupe tunisien de hackers (Fallaga Team). Que venait faire la CDC dans cette galère ? Il a aussitôt demandé à son hébergeur de placer le site sous surveillance. Il a également saisi la gendarmerie qui a diligenté une enquête.
En France, il serait assez courant que des messages de ce type parviennent aux collectivités et aux administrations. Un élu se souvient que la mairie de Barbezieux a reçu un mail de propagande venant de Syrie il y a quelques années. Par ailleurs, depuis les attentats de Charlie Hebdo, de nombreux sites tricolores ont été piratés.

Dans la région, si on s’interroge sur le sens de cet envoi, personne n’y voit une menace directe. Une provocation peut être. Pourtant (et malheureusement), certaines mauvaises langues ont aussitôt pointé du doigt un homme assigné en résidence à Barbezieux Saint-Hiliare, condamné lors du même procès que celui de Merouane Benahmed (Mérouane Benahmed a été libéré en juin 2011 après avoir purgé une peine de prison de dix ans pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste). Dans un article écrit à ce sujet en 2013, le journal l’Express avait recueilli les propos de René Vignerie, maire de Barbezieux à l'époque : cet homme ne faisait pas parler de lui et « il s’était fondu dans le paysage ». 

« Par les temps qui courent, il convient d’être vigilant et d’éviter les amalgames » souligne un édile, inquiet du climat déjà tendu dans le pays, que des propos incontrôlés pourraient envenimer à tout moment.

Maire info, le quotidien destinés aux élus locaux apporte des informations :
Des centaines de sites d'institutions françaises (mairies, conseils généraux, établissements scolaires, universités, églises ou entreprises) ont été piratés depuis l'attentat contre Charlie Hebdo par des hackers se revendiquant comme islamistes, qui usent de techniques de détournement assez simples pour afficher des messages idéologiques. La technique s'appelle le « défacement » ou le « défaçage » et consiste à prendre le contrôle d'un site internet et modifier sa page d’accueil.
Des sites aussi divers que celui de la mairie de Tulle ou de la petite commune de Seilhac (Corrèze), le Centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), la Fondation Jacques Chirac, une marque de fromagerie basée en Gironde, ou une conserverie en Dordogne auraient été touchés, a-t-on indiqué auprès de certaines de ces structures, de préfectures, ou de médias locaux. Les sites piratés affichait dimanche matin une page noire, avec un message insultant du hacker présumé se présentant comme « Abdellah Elmaghribi », s'adressant au « Peuple du (sic) France », et lançant notamment : « Vous êtes racisme (sic) ! » et « Vous êtes le Terroriste (sic) du Monde ».
La mairie de Tulle a indiqué qu'elle avait porté plainte, et Dominique Rousseau, président de la communauté d'agglomération de Bergerac (Dordogne), dont le site a également été visé, a assuré u'il allait lui aussi porter plainte. D'autres groupes ou individus semblent également avoir été à l'œuvre. Selon Le Dauphiné libéré, les sites internet des communes de Seyssinet-Pariset et de Gieres (Isère) ont été piratés dans la nuit de dimanche à lundi. Hier, le site de la ville de Sérignan (Hérault) arborait une page d'accueil signée « Apoca-Dz » (vraisemblablement en référence à l'Algérie). Le site du conseil général du Lot, l'office de tourisme de Biarritz, le Palais des Papes d'Avignon, l'académie de Créteil, la cathédrale de Nantes ainsi que des filiales de grands groupes français ont également été touchés par ces piratages. Le diocèse de Nantes a toutefois affirmé subir ce type d'attaques « régulièrement, deux trois fois par an », jugeant que « ce n'est pas spécifique au climat et aux événements des derniers jours ». Thierry Karsenti, directeur technique Europe de l'entreprise de sécurité informatique Checkpoint, indique que prendre le contrôle de la page d'accueil d'un site mal protégé ou pas correctement mis à jour « n'est pas très difficile à réaliser techniquement et l'attaque peut même être lancée de manière quasi-automatique ». La même technique est d'ailleurs utilisée dans le camp adverse : à la suite d'un appel d'un groupe d'Anonymous à venger Charlie Hebdo, des activistes ont depuis revendiqué l'attaque de sites de propagande djihadistes (AFP).

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