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vendredi 21 novembre 2014

L’Hermione prépare son départ
pour les Etats-Unis le 18 avril 2015 !

A Rochefort, il y avait la fameuse place Colbert, la Corderie royale et les "Demoiselles". Désormais, la star s’appelle Hermione. Depuis dix-sept ans, elle attendait patiemment dans son cocon. La belle au bois flottant navigue désormais de ses propres voiles le long des côtes de l’Atlantique. Une belle histoire qui sensibilise tant les Français que les Américains qui l’accueilleront en 2015. 


L'équipage (photo association Hermione La Fayette)
Reproduire à l’identique le bateau qui transporta le jeune marquis de la Fayette aux Etats-Unis, alors en pleine guerre d’indépendance, était un défi. L’originalité du chantier, ouvert en 1997, est d’avoir été ouvert au public. D’où son extraordinaire popularité et le constant soutien des collectivités.  Dimanche 7 septembre, après avoir « évolué » dans l’une des formes de radoub située près de la Corderie royale, l’Hermione a vécu un grand événement et tous ses admirateurs avec elle. Elle a quitté l’arsenal de Rochefort, son port d’attache et théâtre de sa reconstruction, pour effectuer sa toute première navigation dans l’estuaire de la Charente.
Cette journée mémorable a marqué le point de départ de ses premiers essais en mer qui ont duré environ deux mois. Sa sortie triomphale a été saluée par 21 coups de canon.

L'Hermione à Rochefort (photo N. Bertin)
L'Hermione, un succès médiatique international  

Dimanche 7 septembre à 4 h 45 du mati, la Frégate Hermione a donc quitté sa forme Napoléon III pour le port de commerce de Rochefort, d'où elle est partie pour sa première descente de la Charente. La manœuvre du bateau-porte, qui avait échouée la veille en raison d'une avarie technique, s'est déroulée avec succès. Elle a duré plus de trois heures. Les services de lamanage du port de La Rochelle ont remorqué la frégate jusqu'au port de commerce de Rochefort.
Dans l’après-midi, la ville a été littéralement prise d’assaut. « On comptait entre 50.000 et 60.000 personnes » souligne Maryse Vital, déléguée générale de l’association Hermione, aux côtés du président Eric Donnelly et de l’écrivain Erik Orsenna.
Pour quitter le port, l’Hermione a effectué sa première sortie aux moteurs, assistée de spécialistes qui l’entouraient comme une jeune mariée. Une parade nautique de plus d’une centaine de bateaux, dont de vieux gréements, l’accompagnaient dans sa joyeuse escapade.
Elle s’est arrêtée quelques jours à l’île d’Aix avant de reprendre ses évolutions. A son bord, l’équipage de 72 personnes est dirigé par Yann Cariou, capitaine. Les personnels, en particulier ceux qui sont chargés de la voilure, ont été formés lors de stages et ils grimpent aussi bien que leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle ! Sur 800 candidats, seuls 50 ont été retenus. A chaque visite de l’Hermione à Rochefort, les touristes ne manquaient pas de les suivre et de saluer leur agilité à grimper et descendre des mâts !

Ne pas avoir le vertige ! (photo N. Bertin)
Du 9 au 13 octobre, un grand moment a eu lieu à Bordeaux : l’Hermione a pris ses aises le long des quais, en face de la Bourse. Lors de son périple, elle a emprunté l’estuaire de la Gironde où des bateaux, dont le « Vitrezay » de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge, l’ont accompagnée. De nombreux Bordelais l'ont visitée avec intérêt. Les autres l’ont contemplée d’un peu plus loin, la billetterie ayant été prise d’assaut ! « C’était la seule escale publique » remarque Maryse Vital. Le 13, elle a largué les amarres de la cité girondine pour vivre de nouvelles aventures.

L'arrivé de l'Hermione à Bordeaux (photo association Hermione La Fayette)
La foule sur le quai  (photo association Hermione La Fayette)
L'Hermione demande beaucoup d’espace pour naviguer. L’émotion du public est toujours au rendez-vous car elle représente une page d’histoire, un challenge aussi ! Elle a longé la côte Atlantique jusqu’à Brest. Cet exercice  lui a permis de tester ses voiles et surtout ses moteurs qui lui avaient posé quelques problèmes (d’où une immobilisation à La Pallice pour réparation). « Ces premières navigations de l’Hermione, sous le commandement de Yann Cariou, en approche côtière et au large, sont satisfaisantes. Durant cette période, l’Hermione a parcouru au total plus de 2600 milles dans le golfe de Gascogne, en mer d’Iroise et dans la Manche, dans des eaux réputées difficiles et des conditions météorologiques parfois rudes. Ces essais ont été particulièrement positifs. Les performances de l’Hermione sous voiles sont conformes et même au-delà aux espérances de l’armateur, l’association Hermione La Fayette. Le navire est rapide, il a dépassé les 12 nœuds sous voiles. Il est très manœuvrant et la coque très robuste se comporte parfaitement bien en mer formée. De plus, les choix historiques tels que le gréement en chanvre et les voiles en lin se sont révélés très pertinents. Les 160 volontaires formés ont fait preuve de vraies qualités de marins et constituent aujourd’hui avec les marins professionnels un équipage soudé prêt à traverser l’Atlantique en 2015 » explique Maryse Vital.

La construction de l'Hermione a suscité un immense élan de curiosité et de sympathie autour de l'équipage (photo Association Hermione La Fayette)
L’Hermione est de retour à Rochefort ! 

Après cette première campagne engagée le 7 septembre dernier, l’Hermione vient de regagner son port d’attache, Rochefort. Elle ne rejoindra la forme de radoub Napoléon III de l’ancien arsenal que début décembre où elle pourra de nouveau accueillir les visiteurs (désenvasage de la forme en cours).
Parallèlement, un programme de travaux de maintenance et de mise au point des différents équipements du navire sera engagé. Ce programme concernera notamment la fiabilisation des moteurs, l'amélioration des équipements électroniques de navigation ainsi que des points d'aménagement souhaités par l'équipage.
La frégate reprendra la mer dans la seconde quinzaine de mars 2015, un mois avant son départ pour les États-Unis le 18 avril. Pour son voyage inaugural transatlantique sur les traces de La Fayette, elle aura à son bord un équipage de 78 hommes, 17 marins professionnels et 54 volontaires. Il durera près de 3 mois (dont quatre semaines de traversée) et comportera une dizaine d'escales dans les ports historiques de la Côte Est américaine, depuis Yorktown, sa première étape, à Boston pour se terminer à Halifax au Canada.


Les escales de l'Hermione aux Etats-Unis et au Canada
Après cette épopée, l'Hermione rejoindra la Charente-Maritime où elle devrait naviguer trois mois par an et participer aux grands rassemblements comme celui de Brest.  Pour les responsables, la grande question est de savoir comment ils « combleront » l’absence de l’Hermione qui attire la foule sur son site originel. Des pistes sont étudiées, dont des animations originales qui devraient séduire le public et pourquoi pas, la renaissance de l’ancien moulin à vent de l’arsenal ?…

Nicole Bertin

•  Comme vous pouvez le constater sur cette photo, l’Hermione arbore un beau drapeau tricolore qui lui a été offert par l’amiral Merveilleux du Vignaux lors de sa visite à Rochefort il y a quelques mois. Pourquoi ? Parce que lui-même a commandé la frégate La Fayette. Ce pavillon est de même taille que celui du Charles de Gaulle.

(Photo association Hermione La Fayette)
• Quel pavillon ? Certains auraient davantage apprécié un pavillon blanc avec fleurs de lys comme à l’époque de Louis XVI plutôt qu’un drapeau bleu-blanc-rouge. « De toutes les façons, nous avons l’obligation d’arborer le pavillon national » remarque l’association. L’Hermione II appartient à son temps. Et puis, comme le souligne un membre, « je vois mal le bateau arriver chez les Américains avec un pavillon de la Royauté française » !


• Caractéristiques de l'Hermione : Navire de plus de 65 mètres de long portant trois mâts et 2 200 m2 de voilure, dont la coque est réalisée en chêne (quelque 2 000 chênes sélectionnés dans les forêts françaises). Un grand mât à 54 mètres au-dessus de la quille, plus de 400 000 pièces de bois et de métal, 1000 poulies, une tonne d'étoupe pour le calfatage, 26 canons tirant des boulets de 12 livres sur le pont de batterie et 8 canons tirant des boulets de 6 livres sur le pont de gaillard (bien sûr, on ne les utilise pas !).

• Jusqu’en mars prochain : reprise des visites du public à bord de l’Hermione ; 4 mois de travaux de maintenance et de mise au point avant la reprise des essais en mer ; le départ pour les Etats-Unis le 18 avril 2015. L’équipage compte en réalité 150 personnes car il faut tenir compte du roulement. Un tiers des effectifs est féminin.

La cloche de l'Hermione (photo N. Bertin)
Les travaux de finition durant l'été dernier (photo N. Bertin)
Les couchettes, attention à ne pas se cogner la tête ! (photo N. Bertin)
La fenêtre du Capitaine (photo N. Bertin)
•  Financement : la construction du bateau a coûté 26 millions d’euros. Les visites du chantier et les retombées économiques compensent largement cette somme.

•  Financement du voyage inaugural : il est bouclé si toutes les promesses de participation sont tenues, y compris chez nos amis américains.

• Fini le sextant, la frégate est équipée des dernières technologies, radar électrique, GPS, etc

•  A Bordeaux, la Ville de Rochefort, la Communauté d'Agglomération Rochefort Océan, le Département de la Charente-Maritime et la Région Poitou-Charentes étaient présents aux côtés de l'Hermione sur un stand commun, quai Richelieu, afin de promouvoir le territoire d'origine de la frégate vendredi 10 au dimanche 12 octobre derniers. 

•  Depuis le début de cette aventure, le chantier de reconstruction de L’Hermione est conduit par l’association Hermione - La Fayette. Dimanche 7 septembre, le départ de l'Hermione a été officialisé par Erik Orsenna, écrivain, membre de l'Académie française et président de la Fondation Hermione, Benedict Donnelly, président de l'Association Hermione - La Fayette et par les représentants des collectivités qui, depuis son origine, soutiennent ce projet : Ségolène Royal, ministre de l’écologie et ancienne 
présidente de la Région Poitou-Charentes, Dominique Bussereau, président du Département de la Charente-Maritime, Hervé Blanché, maire de Rochefort et président de la Communauté d’agglomération Rochefort Océan, sans oublier son prédécesseur Jean-Louis Frot.

Contrairement au XVIIIe siècle, il n'y a pas de peintre officiel de marine sur l'Hermione II !


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