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dimanche 25 septembre 2011

Primaires socialistes :
Votez pour la nouvelle star !


Les Primaires socialistes ont des effets pervers. Elles donnent aux meetings politiques des faux airs d’émissions de télé. En août, à l’université d’été de La Rochelle, les principaux candidats socialistes ont essayé de tirer leur épingle du jeu en déployant leurs talents respectifs sur la scène médiatique.

Dans la nature, certains oiseaux rivalisent d’imagination durant les parades nuptiales. Pour séduire leur future compagne, ils arborent des plumages magnifiques et entonnent des chants mélodieux !
Les hommes sont-ils éloignés de ces pratiques ? Pas tellement ! Dans le cas présent, la dulcinée s’appelle Marianne et elle est terriblement courtisée. Installée dans un palais, l‘Élysée, cette fille de la Révolution, qui mène grand train de vie, est un cœur à prendre. Le dernier à l’avoir conquise, Nicolas Sarkozy, entend bien la garder dans ses rets. Mais la dame, volage, pourrait succomber aux avances d’un autre soupirant.
En 2012, en effet, les Français seront appelés à élire leur futur Président de la République. Bien malin qui peut prédire le nom du vainqueur. Les cabinets de voyance ne désemplissent pas, mais les devins, prétendus extralucides, n’ont pas la science infuse. Quant aux pythies, il y a belle lurette qu’elles ont quitté Delphes.

En déplaçant les centres de décisions, en entraînant des mouvements monétaires, la mondialisation a changé la donne. Bien que cinquième puissance mondiale, l'hexagone n'a pas toutes les cartes en main. Les plans de rigueur appliqués dans plusieurs pays de la C.E. ont perturbé les esprits. Ils laissent pressentir des lendemains laborieux à une génération qui croyait en la stabilité. La France vient de découvrir le sien et elle craint - sans en avoir la preuve - la fin de ses jours heureux. Dépitée, elle range ses vacances dans des valises en carton.
Seule l’Allemagne avait mis la charrue avant les bœufs en affrontant la crise quand les premiers signes sont apparus. En fourmi avisée, Angela Merkel, digne héritière de la rigueur allemande, a fait preuve d’anticipation quand d’autres ont préféré jouer les cigales. À chacun la douceur de ses étés !

Les Socialistes en première ligne

Réunis en août dernier La Rochelle, les Socialistes ressemblaient à une ruche. La future reine pourrait être une femme puisque deux sont en lice, Martine Aubry et Ségolène Royal. Mais ce pourrait être un roi puisque François Hollande les affronte dans l’arène. Les sondages le placent d’ailleurs en tête. S’y ajoutent deux outsiders, Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Lui qui aime la corrida devrait être “comblé“ dans les mois qui viennent !

• À La  Rochelle, les candidats ont déployé des trésors d’ingéniosité. Ils ont montré qu’ils étaient unis pour la photo de famille, chacun à sa place… tout en affichant leurs différences. Le message lancé aux électeurs de la Primaire, qui aura lieu les 9 et 16  octobre, était clair : «  D’accord, on a l’air de s’entendre, mais ce serait aussi bien si vous votiez pour moi  ».

La situation est d’autant plus complexe qu’elle met en scène Ségolène Royal et son ancien compagnon, François Hollande. Que Ségolène Royal, opposée à Sarkozy lors des dernières Présidentielles, se retrouve sur la même voie que l’ex-homme de sa vie est original et inattendu. D’autant qu’il évolue en version « light », élégant, débarrassé d’un embonpoint qu’il n’avait pas encore perdu lorsqu’ils vivaient ensemble. Entre ces deux-là, le réchauffement climatique n’est pas pour demain !
On le comprend. Imaginez la tête de Nicolas Sarkozy si Carla Bruni lui faisait de l’ombre. Prudente, elle préfère se cantonner à un rôle classique, celui de mère. D’ailleurs, c’est une autre femme, Hélène de Yougoslavie, ex Mme Gaubert, qui occupe la une de l’actualité. En dévoilant publiquement certaines activités de son mari, elle a ouvert une boite de Pandore qui ne devrait pas déplaire à la Gauche, elle-même gênée par l’affaire DSK...

Face aux questions du “Grand Rendez-Vous“ de l’émission politique d’Europe 1, iTélé et Le Parisien, orchestrée par Jean-Pierre Elkabbach, François Hollande a semblé plus modéré que Ségolène Royal et Martine Aubry, incisives et déterminées. Pour se faire entendre, les femmes doivent-elles monter d'un ton ? On serait tenté de le croire.

Les femmes plus "guerrières" que les hommes ?

Première à s’exprimer, Ségolène Royal a affiché ses différences. Se détachant du moule socialiste, elle veut aller de l’avant par des actions courageuses qui la distingueront des autres. « Les Français doutent, souffrent, s’indignent ou sont désenchantés. Nous pouvons récupérer des moyens de manœuvre pour rendre à la population la maîtrise de sa vie ». Parmi ses priorités, figure la relance de l’activité économique : « je veux faire de la France un pays d’entrepreneurs et donner les moyens de créer des emplois qui assureront des salaires ». Pour favoriser l’initiative, les banques devront être moins frileuses et surtout moins spéculatrices.

Dans l’arène des Primaires, Ségolène Royal, de rouge vêtue. À ceux qui disent que la Primaire est pliée, elle rappelle la prudence quant aux annonces hâtivement faites…

Défavorable aux augmentations d‘impôts, elle souhaite combattre la fraude fiscale qui s’élèverait à 45  milliards d’euros. Et que les riches remboursent le bouclier fiscal estimé à 2,6 milliards d’euros ! Son objectif est d’organiser un Grenelle des PME avec la possibilité, pour les Régions, d’entrer dans le capital de certaines sociétés. En Poitou-Charentes, elle l’a fait pour Heuliez dont les premiers véhicules électriques sortiront en septembre.
En matière d‘éducation, elle verrait d‘un bon œil deux professeurs par classe, un titulaire et un stagiaire. «  L’échec scolaire coûte cher. Il entraîne l’ignorance, la déstructuration de la société, le chômage et la délinquance  » estime-t-elle.

300.000 emplois jeunes

Pour Martine Aubry, « la France a besoin de transformation par une politique sérieuse et rigoureuse ». Fini le PS qui était, disait-on à l’époque, un cadavre à la renverse : « le parti est aujourd’hui sur pied et il a voté un projet commun voici quelques mois ».
Après avoir dit “nous“, Martine Aubry prend la liberté de dire “je“. Elle veut donner un nouveau visage à la France « dont les atouts ont été abîmés par la Droite ». Dans une lettre adressée aux Français, elle explique le sens de sa démarche. Par la création de 300.000 emplois jeunes (dans les pas de Lionel Jospin), la dame des 35  heures veut favoriser la croissance, en donnant une chance à la nouvelle génération. Reste à en connaître le financement exact (il en sera largement question durant la campagne électorale).
Sûre d’elle, elle se verrait bien opposée à Nicolas Sarkozy. Sorte d’Angela Merkel brune nourrie au vent du Nord !

Veste blanche, Martine Aubry met les bouchées doubles pour devancer François Hollande. Elle ne fustige pas DSK, tout en comprenant que certaines femmes puissent avoir une opinion sur son comportement…

Si la solution pour « sortir du nucléaire » (qui la rapprochera des Verts) est toujours entre les mains d’experts, elle est embarrassée par la question relative au patron socialiste des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, convoqué par le Tribunal début septembre. Soupçonné d’affaires pas très “catholiques“ (enquête sur plusieurs dossiers liés à des marchés publics présumés frauduleux visant son frère, Alexandre Guérini), cet élu sentirait-il le soufre ? « Ce n’est pas l’un de mes soutiens. Je ne connais rien à son dossier. Je crois en la justice de mon pays et s‘il est jugé coupable, je lui demanderai de se retirer du PS ». Depuis son arrivée à la tête du PS précisément, Martine Aubry aurait changé pas mal de choses, « certains militants ne s’y sentant pas libres »…

François Hollande n’est pas rancunier. Bien sûr, quand Martine Aubry est arrivée à la Fédération, les mauvaises langues disaient que « le PS faisait pitié ». Il oublie le passé en gardant le regard fixé sur le cap présidentiel. Il fait fi des querelles à l’intérieur du parti qui s’estomperont dès que le candidat 2012 aura été désigné. Il croit à la création des 300.000 emplois jeunes avec un ordre de priorités à établir : « Nous mettrons l’accent sur la jeunesse qui a besoin d’être aidée ». La réforme fiscale devra être étudiée rapidement avec une remise en cause des niches qui n’atteignent pas leurs objectifs. Les impôts seront rendus “plus efficaces“, sans perdre de vue l’enjeu que constitue une bonne croissance.

François Hollande : il veut apparaître comme une force tranquille.

François Hollande, dans les pas de Defferre, veut poursuivre la décentralisation en transférant des compétences aux collectivités territoriales. En pleine refonte, reste à savoir si ces dernières auront les moyens d’assurer de nouvelles charges sans appesantir les contribuables…
En ce qui concerne la Présidentielle, François Hollande avoue qu’il n’est pas Nostradamus : « Je parle aux Français comme un possible Président de la République. Tout est une question de confiance ». Quant à DSK, il n’exclut pas les personnes qui pourront apporter des avis judicieux : « nous aurons besoin de tous les talents pour faire avancer la France ».

Arnaud Montebourg : il affiche ses différences.

Derniers intervenants de ce plateau, Arnaud Montebourg veut être le candidat du renouvellement : « je ne défends pas la totalité du projet socialiste ». Quant à Manuel Valls, il incarne cette jeune génération dont le tour viendra forcément.

Manuel Valls : son tour viendra !

Où ça passe, où ça casse…

En conclusion, le Parti socialiste, qui avait failli mourir après Mitterrand (dixit Rocard), a repris des couleurs avec le désir d’entreprendre et de gagner. La Présidentielle est une étape importante car il y joue son avenir et sa crédibilité. Les choses ont beaucoup changé depuis l’époque de Jaurès où les tribuns s’affrontaient, mais s’estimaient.
Aujourd’hui, la rivalité entre les candidats est réelle : d’aucuns la jugent “malsaine“ (elle était déjà perceptible en 2007 quand les éléphants du PS ont “trompé“ Ségolène Royal). Signe évident, les “petits“ candidats à la Primaire luttent pour ne pas être marginalisés !

Selon l’écrivain Michel Antoine Burnier, Ségolène Royal, qui devrait obtenir entre 13 % et 18 % des suffrages, pourrait jouer le rôle d’arbitre. Si Martine Aubry venait à remporter la Présidentielle, elle pourrait alors lui demander un ministère important (Matignon ?). Actuellement, la question est de savoir « si la Présidente de la Région Poitou-Charentes apporte plus de voix qu’elle n’en fait fuir » s’interroge le politologue, auteur du livre “Le Rouge et le Rose“, paru aux Éditions La Martinière.

Dans son dernier livre, Michel-Antoine Burnier raconte l’histoire du socialisme

François Hollande, quant à lui, souhaite une victoire aussi belle que celle qu’obtint Mitterrand en 1981. Ces paroles d’espoir estompent temporairement la crise boursière, les dévaluations, les crans de ceinture qui se resserrent. Voire les bactéries qui résisteraient aux antibiotiques. Liste non exhaustive…

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