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jeudi 25 août 2011

L’Ukraine en Saintonge !


Rencontre avec Svetlana Ostapenko

Lors du concert d’ouverture des Eurochestries, le public a remarqué les seize violonistes ukrainiens de Violino, ensemble dirigé par une femme remarquable, Svetlana Ostapenko. Comment parvient-on à cette qualité d’interprétation ? Nous lui avons posé la question.

Tout d’abord, d’où viennent-ils, ces jeunes violonistes dirigés par une femme déterminée ? Dès qu’on parle de l’Ukraine, le regard clair de Svetlana Ostapenko s’éclaire. « Venez, on va regarder sur internet » ! Sur la carte, apparaissent la Crimée et Sébastopol. En remontant vers l’Ouest, on aperçoit la ville d’Eupatoria. « C’est là » dit-elle joyeusement.

Depuis son plus jeune âge, elle a dédié sa vie à la musique. Fille d’un officier et d’une infirmière, elle a choisi le difficile apprentissage du violon, cet instrument qui traduit si bien l’âme slave.

C’est la seconde fois qu’elle répond à l’invitation des Eurochestries. En 2007, elle est déjà venue en Haute-Saintonge, accompagnée de jeunes virtuoses. Elle évoque sa rencontre avec Claude Révolte à Moscou, lors du festival Rosa Vetrov où des orchestres de différents pays rivalisent de talent : « C’était en novembre 2006. Claude Révolte, qui était l’un des membres du jury, nous a remarqués. Il était enthousiasmé et nous a proposé de venir jouer à Jonzac. Les enfants ont trouvé cette proposition intéressante. C’est ainsi que nous sommes arrivés chez vous ». Ce n’était pas la première fois qu’ils voyageaient en Europe, Eupatoria étant jumelée à une ville allemande.

« En Ukraine, chaque ville possède une école de musique » enchaîne Svetlana. Tous les instruments y sont généralement enseignés, y compris les plus populaires comme la balalaïka : « A Eupatoria, notre objectif est de développer toutes sortes de musiques ». Enfant, Sveltana a suivi les cours de cette structure qui a fêté son demi-siècle en 2007.
Au sein de la classe « Violino » créée en 1984, chaque élève est invité à donner le meilleur de lui-même. En complétant leur formation, toutes les expériences sont les bienvenues ! En 2007, les Eurochestries ont fait « beaucoup d’impression » aux jeunes Ukrainiens qui les ont vécues sans modération. « Le fait de participer à un grand orchestre symphonique était nouveau pour eux. D’autre part, ils ont découvert la France et la Charente-Maritime. Attentifs à l’architecture, ils ont été sensibles au chaleureux accueil qu’ils ont reçu. Ce mélange de cultures et rencontres a constitué une ouverture très positive ». Un détail les a toutefois surpris : l’organisation de concerts dans les églises. En effet, dans les Pays de l’Est orthodoxes, seuls les chants religieux y sont autorisés. Pas question de jouer du jazz, par exemple, devant un autel… Chez nous, c’est un peu différent puisque les manifestations offertes par les municipalités donnent un regain d‘existence à certains édifices fermés la plupart du temps. Le manque de prêtres et l’affaiblissement des pratiques cultuelles expliquent cette situation.

La pianiste Irina Kolbina apporte une touche supplémentaire dans la direction de l'orchestre

Des Eurochestries en Ukraine ?

Que Violino participe aux Eurochestries 2 011 est une suite logique. Certains musiciens avaient 15 ans quand ils sont venus pour la première fois ! C’est avec plaisir qu’ils ont retrouvé l’église de Jonzac pour le concert inaugural.

Sur scène, rigueur et qualité d’interprétation sont restées identiques. Quels sont les critères de sélection ? « Je les écoute et je choisis ceux qui ont le sens de la musique et maîtrisent la technique » explique Svetlana. Toutefois, si un jeune présente des défauts dans son jeu, elle le recrute s’il est suffisamment motivé et fait des efforts pour progresser.

Au sein de l’orchestre - d’un collectif en conséquence - chacun développe son sens des responsabilités. Les plus doués entrent généralement au Conservatoire et deviennent des professionnels : « Il est plus difficile de vivre correctement de la musique aujourd’hui que par le passé. Avec un peu de chance, ils auront la possibilité de rejoindre de grands orchestres » estime leur professeur. Chaque semaine, les répétitions ont lieu le samedi après-midi. Les élèves ont également la possibilité d’étudier chez eux, à leur convenance. Les plus assidus travaillent tous les jours.

Sur scène, les résultats sont visibles. Jeudi soir, le public est tombé sous le charme de ces violonistes dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années.
Heureux d’être en France, ils apprécient ces moments de bonheur et de partage sous la direction de chefs d’orchestres différents. Cependant, ils regrettent de ne pas avoir la possibilité d’écouter les autres groupes par manque de temps. Pour le concert d’ouverture, ils auraient aimé suivre les prestations de leurs camarades. L’an prochain, peut-être faudrait-il installer un écran extérieur où le concert serait retransmis ?

Sveltana Ostapenko a pris la direction de la classe Violino à l'âge de 28 ans. Le groupe comprend seize violonistes, de plus jeune (14 ans) à Christina (22 ans). Sur cette photo, on reconnaît la concertiste Lilya-Fruz Abibullayeva.

Quand ils seront de retour à la maison, après trois jours de car (eh oui !), les membres de Violino continueront à étudier pour perfectionner leur art. Un projet trotte dans la tête de Svetlana : créer à Eupatoria un festival des Eurochestries. Afin de poser des jalons, Anne Bernard et Claude Révolte iront dans cette ville en discuter avec les responsables.

Les Eurochestries croissent et se multiplient. Vive les Eurochestries !

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