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lundi 25 avril 2011
Estuaire de la Gironde :
Touche pas à mes digues !
Lors de la dernière réunion de la Communauté de Communes de Haute Saintonge consacrée au débat d’orientation budgétaire, Jean-Marie Boireau, maire de Saint-Dizant du Gua, s’est fait l’interprète du SAGE, Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux de l’Estuaire et des milieux associés.
À l’unanimité, les élus ont voté contre l’abaissement des digues dans la partie charentaise-maritime, aménagement souhaité par la région de Bordeaux qui craint d’être inondée...
Alors que la réunion consacrée au débat d’orientation budgétaire s’étire comme un long fleuve tranquille, le président Claude Belot met un grain de sel dans le débat. « Il y aurait des points de discorde au sein du SAGE qui réunit les départements de la Gironde et de Charente-Maritime » dit-il.
En effet, la question est de savoir si l’on abaisse le niveau des digues réaménagées après la tempête de 1999 ou si elles sont maintenues en l’état. Pour mémoire, rappelons que durant cette fameuse nuit, un raz de marée a submergé les terres bordant l’estuaire, provoquant quatre morts, dont un jeune homme chassant à la tonne, et d’importants dégâts. Sans un faible coefficient de marée, la centrale du Blayais aurait pu connaître ce que les Japonais vivent aujourd’hui avec la centrale nucléaire de Fukushima. Nul besoin de se donner des frissons a posteriori, mais le sujet mérite d’être soulevé.
Claude Belot laisse la parole à Jean-Marie Boireau. Ayant participé aux travaux du SAGE, il en définit les objectifs. Porté par le SMIDDEST, ce schéma d’étude et d’aménagement des eaux de la Gironde et des milieux associés, a été défini en 2005. Le périmètre concerné s’étend du Bec d’Ambès à Cordouan, soit un espace de 3 683 km2, dont 365 km2 dans le domaine public fluvial et 3 318 km2 en surface communale (16 % en Charente Maritime et 84 % en Gironde). Le nombre de communes concernées est de 185, 142 en Gironde et 43 en Charente-Maritime. Le SAGE concerne aussi les marais et 56 cours d’eau affluents. Cette concertation commune résulte d’une prise de conscience. Depuis de nombreuses années, associations et scientifiques dénoncent la dégradation de l’estuaire de la Gironde, le plus grand d’Europe, et demandent des mesures de protection.
Après des années d’études, le SAGE a émis des propositions sur lesquelles ses membres ont été appelés à se prononcer. Le vote a été révélateur : il a recueilli 57 voix pour, 3 contre et 3 abstentions. Aujourd’hui, les collectivités sont invitées à donner leur avis.
En voici les principaux points.
Le bouchon vaseux résultant d’un manque d‘oxygène, la mise en conformité des stations d’épuration s‘avère nécessaire. La Communauté Urbaine de Bordeaux a entrepris des travaux.
La pollution chimique révèle des métaux lourds, du cadmium en particulier. Il vient d’une ancienne usine située à Decazeville, dans l’Aveyron. Le Lot se jetant dans la Garonne, celle-ci véhicule ces substances qui ne perdront leur nocivité que dans une cinquantaine d’années : « en l’attente, nous n’avons pas de solution » remarque Jean-Marie Boireau.
En ce qui concerne les granulats, le Préfet de la Gironde refuse toute nouvelle extraction dans l’estuaire. Les entreprises, en effet, détruisent les frayères et malmènent l’écosystème.
Sur la rive du Médoc, pour permettre le passage des cargos, le dragage en permanence du chenal libère beaucoup de boues. L’objectif recherché est de créer un milieu aquacole stable en protégeant les espèces menacées, civelles et aloses. Une tentative de réintroduction de l’esturgeon est menée à Bourg. La longueur des filets sera désormais limitée et les maigres n’excédant pas 30 centimètres devront être rejetés à l’eau.
« La pollution agricole semble moins grave que prévu » déclare l’élu. Les risques industriels se situent du côté du Bec d’Ambès et de la centrale du Blayais. Fort heureusement, nous avons échappé au port méthanier…
La CDCHS est SAGE !
Au sujet des zones humides, les agriculteurs en ont grignoté une bonne partie, désormais cultivable. Ces temps derniers, un problème les inquiète : faut-il ou non toucher à la hauteur des digues ? Les abaisser éviterait à Bordeaux d’être victime des fortes marées et des inondations qui pourraient en résulter. Pour Jean-Marie Boireau, cette perspective est fausse : « l’avantage serait de 1 centimètre pour la capitale girondine. L’amélioration serait donc insignifiante ».
Claude Belot partage ce sentiment. Il souligne au passage un détail géographique : « on parle généralement des marais de Blaye. Or, ce périmètre comprend le nord de Mortagne. Autrement dit, nous sommes en plein dedans ». Autrefois, ces zones étaient marécageuses et paludéennes. Ce sont les Cisterciens à l’Abbaye de Pleine Selve qui commencèrent l’assèchement des terrains au Moyen-Âge. « Il faut respecter l’histoire. En réduisant le niveau des digues, nous n’allons tout de même pas revenir à des marais infestés de moustiques ! » estime le président de la CDCHS.
D’autre part, les frayeurs qu’ils ont connues en décembre 1999 ont placé les différents décideurs face à leurs responsabilités. Partiellement inondée, la Centrale de Braud Saint-Louis a surélevé ses digues et les élus côtiers ont effectué les travaux qui s’imposaient pour protéger les terres d’une nouvelle vague.
L’assistance est appelée à se prononcer. Elle vote à l’unanimité pour maintenir les digues en l’état. Il y a une abstention, celle du maire de Villexavier, Bastien Rabeyrolles. L’unité affichée devrait rassurer les populations qui vivent dans cette partie de l’estuaire où l’habitat ne se bouscule pas au km2. Pour les amoureux de la nature, des endroits sauvages sont à découvrir à pied.
Si vous souhaitez un site aménagé, le Pôle de Vitrezay vous tend les bras avec ses étangs (où l’on peut pêcher), sa jetée et ses carrelets.
• Le Davy Crockett de l’estuaire
Promis, on va lui offrir une toque en ragondin ! Jean-Marie Boireau parla successivement de la lutte contre les moustiques (l’hélicoptère d’épandage sera basé sur une nouvelle aire d’accueil à la suite du différend qui oppose les communes de Chenac et de Saint Seurin d’Uzet) et des ragondins déclarés « ennemis des cultures ». Des piégeurs seront recrutés au tarif de 2 euros par animal capturé : avis aux amateurs ! Pour le pâté, préférez-le en croûte…
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