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samedi 5 février 2011

Les débuts
des vins de Talmont !


Aucune des bouteilles de Talmondais jetées dans l’estuaire de la Gironde par la famille Arrivé n’a été repêchée…


Retour en arrière avec cet article publié en 2006 :


- Ben quoi, t’as vendangé avec la télé sous le nez ? Farceur, t’as dû boire un côt !
- Ben non, j’accertaine qu’o m’est arrivé à Talmont la semaine dournière !
Telle pourrait être la réflexion de deux patoisants se croisant sur la foire de Saintes ou de Jonzac, après avoir coupé le raisin du Talmondais mercredi dernier. La veille, les propriétaires de la parcelle, Jean-Guy Arrivé et son fils Bruno, avaient invoqué Apollon, maître du Fâ. Seul ce dieu pouvait faire venir l’astre triomphant. Leur vœu a été exaucé !

Le jour J, le soleil dardait ses rayons, éclairant la falaise blanche d’une douce lumière. En bordure d’estuaire, l’endroit est superbe et l’on comprend pourquoi cette région est habitée depuis la plus haute Antiquité. La Gironde apporte sa fraîcheur et son indolence aux terres hautes qui la surplombent. L’horizon magnifique - à l’exception des grues du bec d’Ambès qui n’existaient pas à l’époque de Jules César - incite à la rêverie.


La rêverie ? C’est un grand mot puisque l’heure de la vendange a sonné. Pas question de folâtrer ! Dans les vignes, une joyeuse équipe s’active. Si un quad transporte désormais le hotteur, la cueillette s’accomplit dans la pure tradition. La machine saccagerait les jolies grappes, c’est pourquoi elles sont collectées à la main par des “experts” ne craignant pas le mal aux reins.

La qualité avant tout

Planté en 2003, ce vignoble, d’une surface de 10 ha, réunit les meilleurs cépages français. Pour effectuer des plantations non loin de l’église classée de Talmont, une autorisation a été nécessaire. Le Conseil Général a apporté son soutien.
Le terroir et l’exposition sont exceptionnels : « le rocher agit comme une éponge. Il absorbe l‘eau des précipitations et garde au sol la chaleur. Quand la température monte fortement, il restitue sans excès l’humidité dont la plante a besoin. Par ailleurs, nous ne constatons aucune maladie, les traitements sont donc limités » explique Bruno Arrivé.
Les conditions sont idéales, c’est pourquoi la première cuvée rouge 2005 a été récompensée d’une Médaille d’or au concours général de Paris. « Depuis, nous n’avons pas changé le mode de vinification » souligne B. Arrivé.


Sur place, le raisin, après avoir été récolté, est trié manuellement et pressé. Le vin est mis en fût selon un procédé unique élaboré par la tonnellerie Baron, puis il est élevé en barriques de chêne jusqu’au printemps. Vous l’avez compris, ses “pères” l’entourent avec soin.

Durant l’après-midi, les six premières bouteilles du Talmondais 2005 numérotées, placées dans un étui scellé, ont été jetées dans l’estuaire en divers endroits stratégiques. Ceux qui les “repêcheront” se verront remettre six bouteilles (1). Aubaine, ils recevront ce cadeau tout au long de leur vie, chaque année. Ce moment unique a été immortalisé par les photographes et la télévision.
Ce fut une belle journée, faite de rencontres agréables dans un des plus jolis coins de Charente-Maritime. Les Arrivé ont bien de la chance.

Certes, ils travaillent dur pour y “arriver“, mais ils disposent d’atouts importants, dont ce vignoble qui devrait figurer sur la liste du patrimoine végétal saintongeais à protéger…


1 - Bouteilles à la mer ! Des tubes en inox protègent ces “amphores” jetées dans l’estuaire. Ils ont été fabriqués à Pons par les Ets Montel, professionnels du matériel vinicole inox et fabricant d’alambics charentais. À ce jour, aucune bouteille n’a été retrouvée ou remontée dans les filets des pêcheurs.

(photos collection privée Arrivé)

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