Vendredi dernier, Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, recevait les responsables de la société chinoise C and D International qui investit dans de multiples secteurs, dont les spiritueux. En contact avec l’entreprise Unicognac,située en Charente-Maritime, près de Jonzac, elle entend promouvoir les produits du terroir dans l’Empire du Milieu. Le cognac bien sûr, mais aussi le pineau et les vins de pays Thalassa.
Qu’éprouvent des voyageurs chinois quand ils arrivent en France ? Il y a d’abord le bonheur de découvrir Paris et la Tour Eiffel. L’équivalent de notre émotion devant “The Great Wall“ (la grande Muraille) ou le Palais d’été à Beijing (Pékin). Mais quand les affaires les conduisent en province, il arrive - et c’est une aubaine pour la Saintonge - qu’ils posent le pied à Jonzac.
Ainsi, vendredi dernier, à la mairie de Jonzac et sous le regard amusé des portraits de Geoffroy de Sainte-Maure et Viviane de Polignac qui vivaient au XVIe siècle quand la dynastie Ming régnait sur la Chine, Claude Belot et Michel Villemin ont rencontré les responsables du groupe C and D International, partenaire de l’entreprise Unicognac implantée sur la zone industrielle de Saint-Germain de Lusignan.
Réunion à la mairie de Jonzac en présence de M. Yang, M.Bo Yu, agent, Jean-Louis Barraud, président d’Unicognac, Michel Villemin, directeur d’Unicognac, Claude Belot, Christian Balout, Christophe Cabri, Claude Martial, Susan, assistante de M. Yang et Jian, responsable des ventes.
Dirigée par M. Yang, la société C and D International possède des participations dans de nombreux secteurs (télécommunications, transports, immobilier, air conditionné, alcools). Société d’état créée en décembre 1980, elle réalise un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros. Cotée à la bourse de Shanghai depuis juin 1998, elle emploie près de 3000 salariés (1).
« Le marché chinois est important pour nous»
Michel Villemin sait que le marché asiatique est important. Il explique sa démarche : « Unicognac s’investit dans cette partie du monde depuis plus de trois ans. Nous avons recruté une responsable des ventes, Jian Yu, dont la mission est de démarcher à plein temps le marché chinois. Basée à Shanghai, elle appuiera les actions de M. Yang ».
Jian Yu possède un DESS « Cadre des relations européennes » obtenu à l’Université de Besançon. Possédant la nationalité française, elle parle couramment le chinois, sa langue maternelle, et l’anglais.
Lors des échanges qui ont eu lieu entre M. Yang, Michel Villemin, Claude Belot, Jean-Louis Barraud, président d’Unicognac, Christian Balout, premier adjoint, Christophe Cabri, conseiller municipal et Claude Martial, maire de Saint Germain de Lusignan, de nombreux sujets ont été abordés. Parmi eux, la situation géographique : « nous sommes au milieu des régions de Bordeaux et de Cognac » a souligné Claude Belot ; les cépages ; la vinification ; les grandes marques Hennessy, Martell ; l’histoire d’Unicognac qui a pour origine la famille Gautret dont l’un des membres, René, fut maire de Jonzac ; la façon dont on peut développer des axes commerciaux entre France et Chine.
Claude Belot a profité de l’occasion pour vanter les mérites de la Saintonge : « Ici, comme chez vous, existe une longue histoire à laquelle appartient le cognac qui demande un véritable savoir-faire. C’est un art ». Il a ouvert une autre porte, celle de l’eau de source de Jonzac. Une façon d’entrer dans le monde des affaires et de montrer que les distances peuvent être gommées.
« Le marché chinois est un débouché essentiel du cognac avec 50.000 hectolitres d’alcool pur » rappelle Michel Villemin qui mise sur un partenariat renforcé avec l’Empire du Milieu. L’objectif poursuivi est de cibler le goût des consommateurs, qui ne correspond pas forcément à celui des Occidentaux et des Américains. À Cognac, par exemple, Sydney Frank et H. Mounier ont fait un tabac aux États-Unis en proposant une vodka baptisée “Grey Gouse“, dont la marque a été revendue au groupe Bacardi pour une somme estimée à deux milliards de dollars. Pourquoi ne pas imaginer un cognac “made in Haute-Saintonge“ qui séduirait les Chinois ? Un flacon spécial “Jules Gautret“, contenant un assemblage spécifique, a d’ailleurs été créé à cet effet. Il a pour nom “blue swan“…
1 - Il faut savoir qu’à Pékin (et dans les grandes villes chinoises), certains immeubles abritent un plus grand nombre de locataires que nos petites communes de Saintonge ne comptent d’habitants. Quand un Chinois vous interroge sur la population de votre localité et que vous répondez, 150, 250, voire 350 habitants, les yeux de votre interlocuteur s’éclairent de curiosité. Ne jamais perdre de vue que le mandarin est la langue la plus parlée au monde !
Claude Belot a remis la médaille d’honneur de la ville de Jonzac à M. Yang. Lui-même s’est rendu en Asie, à Hong Kong, Schenzen et dans la région de Canton.
• Le groupe C and D International a son siège social à Xiamen ainsi que des bureaux à Shanghai. Avec un CA de cinq milliards d’euros, c’est la première entreprise de la province de Fujian, région située au Sud Est de la Chine. Unicognac, qui réalise en Chine un CA de 2 millions d’euros, espère multiplier ce chiffre dans les années à venir. Le groupe C and D International a plus de 600 distributeurs.
L'info en plus
• L’eau thermale de Jonzac peut-elle intéresser les Chinois ?
En Chine, on ne peut pas boire l’eau du robinet. Le créneau de l’eau minérale est donc énorme et Claude Belot a profité de la venue de M. Yang pour vanter les vertus curatives de l’eau de source jonzacaise.
On ignore quand cette dernière sera commercialisée (une bouteille factice a été présentée lors du dernier conseil municipal), mais ce projet devrait se concrétiser puisque « nous avons des ressources qui le permettent » souligne le premier magistrat. En y regardant de plus près, l’idée de Claude Belot est intéressante. Si l’eau de Jonzac, transformée en “marketing produit“ de l’entreprise “commune de Jonzac“, retenait l’attention de certains Chinois de par son origine (l’Europe, la France), elle prendrait inévitablement de la valeur.
Cela dit, nous n’en sommes pas encore là et on peut toujours écrire une lettre au Père Noël…
Jean-Pierre Raffarin plutôt qu’Alain Juppé !
À la question de M. Yang : « Pourriez-vous demander à Alain Juppé, actuel ministre de la Défense, d’être présent sur une photo présentant les produits Unicognac ? », Claude Belot a dirigé ses invités sur la personne de Jean-Pierre Raffarin. En effet, il est plus proche de cette personnalité qu’il fréquente au Sénat. De plus, rappelons que Jean-Pierre Raffarin, alors Premier Ministre, s’est taillé une belle réputation en se rendant en Chine en pleine grippe aviaire. C’était en 2003.
Alors qu’il était recommandé de ne pas s’exposer sous peine d‘être contaminé, il avait montré que les campagnes de désinformation, relayées par la télévision, n’avaient pas d’effet sur lui. Il est d’ailleurs rentré en bonne forme de son périple, la fameuse grippe transmise par les volatiles l’ayant épargné. Heureux comme un coq en pâte !
Depuis, les Français ont eu droit à un second épisode de la dramaturgie ambiante, la grippe H1N1 qui semble relever de l’hallucination collective. La grande pythie de cette “apocalypse now“, Roselyne Bachelot, avance le principe de précaution. Elle a été vaccinée pour montrer l’exemple. Elle semble avoir la peau dure…
Un poulain ?
Outre deux adjoints, Christian Balout et Maïté Auboin-Hannoyer (elle-même conviée par Unicognac où elle a travaillé), les observateurs auront remarqué que le seul conseiller municipal invité à cette rencontre franco-chinoise était Christophe Cabri. Serait-il le poulain de Claude Belot ou le sénateur-maire de Jonzac le propulserait-il sur la scène pour “provoquer“ d’autres prétendants au trône municipal, Jean-Charles Chapuzet par exemple ? Question.
La réponse a été donnée lors du dernier conseil municipal, lundi dernier. En effet, Christophe Cabri a été élu premier adjoint en remplacement de Jean-Claude Texier, mort en septembre dernier.
Reportage/photos Nicole Bertin
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