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dimanche 11 avril 2010

Rochefort : L’académie de Saintonge à la Maison Pierre Loti


Samedi dernier, les membres de l’académie de Saintonge, guidés par leur directrice Marie Dominique Montel et l’écrivain Alain Quella Villéger, ont visité la maison Pierre Loti. Rencontre avec l’esprit de cet écrivain voyageur qui a laissé sur Rochefort une patine intemporelle...

L'Académie de Saintonge, fascinée par cette maison d'écrivain...


A Rochefort, la maison qu’habita Pierre Loti est un lieu étrange qui retient l’attention par la variété et l’originalité de ses aménagements. En effet, elle reflète la personnalité de l’écrivain dont la particularité était de rapporter des témoignages (objets, mobilier, détails architecturaux) de ses lointains voyages.
Officier de Marine, il n’avait aucune difficulté à ramener par bateau ces "trésors" pris dans des pays dont la culture n'avait rien de charentais !


Les salles de la vaste demeure se succèdent à un rythme dépaysant, loin de l’ennui qui serait source d’uniformité. Chaque partie est une porte ouverte sur l’évasion et le souvenir. Ainsi, le visiteur passe allégrement de la mosquée (avec minaret) à la salle à manger gothique, des tombeaux d’Aziyadé aux vestiges chinois, des momies égyptiennes aux immenses cheminées, découvrant ambiances feutrées et détails orignaux. On s’y croirait puisque les décors sont authentiques…


Au temps de sa splendeur, Pierre Loti - qui d’ailleurs sauva le château de la Roche Courbon en lançant un appel fameux dans la presse – y donnait de grandes réceptions sur des thèmes variés. Il n’avait que l’embarras du choix et ses amis, célèbres pour la plupart, prisaient fort ses soirées costumées. A l’époque, les civilisations orientales et asiatiques suscitaient la curiosité...

Ambiance étrange qui pourrait inspirer un cinéaste !


La maison de Pierre Loti, site incontournable de Rochefort avec le chantier de l’Hermione, ne laisse personne indifférent. Atmosphère bizarre, agencement insolite, humeur du jour et de la vie : Pierre Loti, qui possédait multiples facettes, a réussi son pari ! Après sa mort, ce palais des mille et une nuits lui survit et ses mânes avec elle. N’est-ce pas là le défi qu’il avait lancé aux générations futures ?

• La salle chinoise



Pierre Loti avait rapporté objets et mobilier à Rochefort grâce aux bateaux qui pouvaient accueillir toutes sortes de « marchandises » en leurs cales (800 kg d’objets pillés à Pékin dans les années 1900, sans états d’âme). La pratique était "courante". Dans une lettre, il raconte d’ailleurs l’épisode à sa femme.

De retour en Charente-Maritime, il avait aménagé dans le jardin d’hiver une salle où l’on pouvait voir le trône d’une impératrice - aïeule du dernier empereur, Puyi - et ses fameux chaussons. Par la suite, son fils Samuel a vendu à l’hôtel Drouot une partie de la collection, dont une célèbre pagode japonaise.

Aujourd’hui, la Maison Pierre Loti possède encore de nombreux éléments : vêtements en soie d’apparat, mobilier, statuettes de Confucius. Ils figurent dans l’exposition sur l’Asie du Sud Ouest qui est ouverte aux public lors de "visites passions". Elles coïncident généralement avec l’organisation de conférences.

A la question : « si les Chinois vous demandent de récupérer ces objets appartenant à leur civilisation, quelle sera votre réaction ? », Bernard Grasset, maire de Rochefort, est compréhensif. Si le cas venait à se poser, il privilégierait la voie de la diplomatie : « A Rochefort, ces objets sont en dépôt. Nous les protégeons et les mettons en valeur. Ils contribuent aussi à la connaissance. Je suis favorable à la concertation ».


• La maison Pierre Loti s’enfonce : Elle a été construite sur des marais asséchés. Conséquence, elle s’enfonce et l’on constate déjà des désordres qui entraîneront tôt ou tard des travaux importants avec, cerise sur le gâteau, la nécessité de vider les pièces et d’entreposer - dans un lieu sûr - mobilier et objets. La salle, dite de la mosquée, pèse un poids très lourd et repose sur la grande salle gothique d’apparat. Des travaux importants sont à réaliser…

La salle de la mosquée.
Le plafond, magnifique, viendrait d'une maison de Damas victime d'un incendie.


• Une vie sentimentale agitée : En 1885, à son arrivée à Nagasaki, Pierre Loti épouse par contrat d’un mois renouvelable, Kikou-San, une jeune Japonaise de 18 ans. Ce mariage ne dure que le temps du séjour et la jeune fille pourra par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique est alors courante au Japon. Le 21 octobre 1886, en France, il convole en justes noces avec Jeanne Amélie Blanche Franc de Ferrière qui appartient à une famille de notables bordelais. Bien qu’attiré par les personnes de son sexe, il a un fils légitime, Samuel, et des enfants nés hors mariage d’une jeune fille basque appelée Crucita. Pierre Loti les installe à Rochefort. On prétend qu’il voulait assurer une solide lignée…

Portrait de Pierre Loti. Son goût pour l'exotisme est à l'origine de grande fêtes costumées organisées à Rochefort

Pierre Loti (Julien Viaud) est né en janvier 1850 à Rochefort. Officier de marine, il a écrit de nombreux ouvrages dont Rarahu (1882), Le Roman d’un spahi (1881), Madame Chrysanthème (1887), Aziyadé et Fantôme d’Orient. Il est également l’auteur de Mon frère Yves (1883), Pêcheur d’Islande, la Galilée, l’Inde sans les Anglais et Ramuntcho (1897). Il est mort en juin 1923 à Hendaye. Il repose dans l’Ile d’Oléron.

Alain Quella Villeger commente la visite sous le regard des frères Loti...

La salle saintongeaise ne se visite pas. Restaurée, elle serait intéressante à découvrir.

Photos collection privée

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