Le maire de Montendre victime du fadet des Laîches...

Un papillon menacé d'extinction, le fadet des Laîches, handicape les projets photovoltaïques du maire socialiste de Montendre, Bernard Lalande.
Cette histoire est digne du Canard Enchaîné !


En avril dernier, Ségolène Royal est venue en grandes pompes à Montendre. Guidée par le maire et conseiller général, Bernard Lalande, elle a découvert, au milieu des pins, l’emplacement de la future centrale photovoltaïque. Avec satisfaction, le premier magistrat l’a présentée comme « devant être la plus grande de France, avant celle de Narbonne ». Il faut dire qu’avec ses 27 hectares, sa superficie était prometteuse ! Depuis, d’autres structures l’ont devancée.

Le projet fut donc lancé avec les différentes étapes qu’impose ce type de structure, l’impact sur l’environnement en particulier. Surprise, on s’aperçut que les parcelles boisées abritaient une espèce rare de papillon, le fadet des Laîches. Menacé d’extinction, il fait l’objet d‘une protection nationale et européenne. Très localisé, il est présent dans la région en petites colonies où il se nourrit d’une graminée, la laminie bleue.
Après les tortues cistudes dont la présence a surpris le président de la CDCHS, Claude Belot, et provoqué un retard certain quant à la réalisation du pôle mécanique de la Génétouze, la municipalité montendraise et EDF Énergies Nouvelles sont à leur tour confrontés à nos amis les insectes, en l’occurrence un papillon protégé dont la femelle arbore « quatre ocelles sur l’aile antérieure ».

Protéger la nature et ses occupants

Pour ne pas déranger ces lépidoptères qui pourraient disparaître totalement, le projet de la ZI du Lézard a été largement réduit (il passe de 27 ha pour une puissance de 8,8 MW à 16 ha pour une puissance de 5,5 MW). Ne baissant pas les bras, Bernard Lalande s’est mis en quête de nouveaux terrains pour la réalisation d’une deuxième centrale photovoltaïque. Il a porté son choix sur les lieu-dits le Terrier Rouge et les Nauves d’Argenton (emplacement proche du terrain de moto-cross).
Dans le dernier bulletin municipal du canton de Montendre Chardes Vallet, on s’aperçoit que les rédacteurs de cette revue ont oublié de mentionner nos chers papillons. Les aventures environnementales de la ZI du Lézard sont passées sous silence.
On y apprend seulement que le maire a été autorisé par le conseil à signer les promesses de bail emphytéotique relatives au second projet pour un loyer annuel de 2 500 euros par hectare pour les parcelles concernées appartenant à la commune. Par la même occasion, le conseil a décidé de définir une nouvelle zone du PLU, baptisée NPV, prévoyant la possibilité d’aménagements sur le Terrier Rouge, le Terrier Berthelot, les Nauves d’Argenton et les Landes des Sauzes. Un registre a été ouvert dans les locaux de la mairie. La superficie de cette deuxième centrale n’est pas mentionnée. Seule la puissance (11,98 MW) a été précisée lors d’un conseil. Les enquêtes environnementales, appelées “diagnostics“, n’étant pas faites, on ne peut guère se prononcer sur des chiffres exacts en l’état actuel du dossier. N’oublions pas également que les mairies déboisant pour créer des centrales photovoltaïques sont dans l’obligation de replanter des parcelles afin de préserver les équilibres.

Il reste donc à suivre les prochaines étapes, tout en s’interrogant sur les espèces qui peuplent ces terrains où poussent pins et taillis.
Peut-être s’y trouvent-ils d’autres papillons ou insectes retenant l’attention de la DIREN ? Si c’était le cas, la ville de Montendre serait confrontée à une nouvelle difficulté. Une piste s‘ouvrirait dès lors : faire de cette région du Sud de la Charente-Maritime une zone dédiée aux "Sciences de la terre".
Elle pourrait intéresser les spécialistes et ceux qui cherchent la tranquillité dans des espaces épargnés, loin des tracas des grandes villes. En ce sens, le dossier de l’ancien maire, Claude Augier, qui consistait à installer un centre de repos pour cardiaques dans l’actuelle maison des Bateleurs, était loin d’être idiot. Malheureusement, il n’a pas abouti.
À une époque où la population veut se mettre au vert, la filière écologie (sentiers découvertes, séjours tourisme et environnement, remise en forme, initiation à la botanique, découverte de la faune, etc) pourrait être intéressante à exploiter à grande échelle.
Seul point d’envergure, il faut l’organiser, c’est-à-dire être inventif alors que vendre de l’électricité à ERDF est un acte plus simple et lucratif à court terme. Affaire à suivre !


Le fadet des Laîches, espèce protégée en France et en Europe. De nos jours, en raison des dispositions environnementales, les projets des élus se trouvent confrontés à des situations qui peuvent paraître cocasses, mais entrent de plain-pied dans la directive Natura 2000. Après les chauves-souris des carrières de Bellevue à Jonzac, les tortues cistudes de la Genétouze, aujourd’hui ce papillon prend son envol dans les pinèdes de Montendre et du Sud Saintonge.

L'info en plus :

• Arrêté du 26 novembre 2009 autorisant la SAS Centrale photovoltaïque de Montendre à exploiter une installation de production d’électricité :
Par arrêté du ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, en date du 26 novembre 2009, la Société Anonyme Simplifiée Centrale photovoltaïque de Montendre, dont le siège social est situé Cœur Défense, 90, esplanade du Général de Gaulle, 92933 Paris - La Défense Cedex, est autorisée à exploiter une centrale photovoltaïque, d’une capacité de production de 5,50 MWc, localisée lieudit Les Landes du Lézard, 17130 Montendre.
Cette autorisation ne dispense pas son bénéficiaire d’obtenir les titres requis par d’autres législations.

NDLR : L’adresse mentionnée correspond à EDF Energies Nouvelles. Elle produit de l’électricité ‘’verte’’ à partir d’énergies renouvelables, notamment l’éolien, qui est son axe de développement privilégié. Détenue à 50 % par EDF (via EDEV), cette société développe, investit et exploite des projets d’énergies alternatives en France et à l’international.

• Pas de photovoltaïque à tout prix !
Que peuvent les forestiers (Landes, Aquitaine) face aux propositions des promoteurs du photovoltaïque « quand la rémunération du foncier proposée est 15 fois plus importante que le revenu forestier et 25 fois plus importante que le revenu agricole ? » On revient pourtant sur le photovoltaïque qui pourrait avoir des retombées nuisibles sur l’environnement (comme l’éolien). Seules seront concernées les superficies importantes de toitures, les friches industrielles, les grandes serres, etc.

• Des papillons sur la future LGV de Clérac ? `
Il semblerait que des lépidoptères peuplent également des zones censées accueillir le futur tracé de Train à Grande Vitesse dans le sud de la Saintonge. Faudra t-il revoir la copie initiale ?…