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mardi 22 septembre 2009

Le livre sur l'Abbaye aux Dames :
On l'attendait, ils l'ont fait !


Les éditions du Croît Vif, que dirige François Julien Labruyère, viennent de publier un ouvrage collectif sur l'Abbaye aux Dames. Il a été présenté lundi dernier en présence des auteurs.


De nombreux Saintais se souviennent de l'inauguration de l'Abbaye aux Dames par François Mitterrand, alors Président de la République. Audacieux, le maire de l'époque, Michel Baron, a rempli sa mission : il est parvenu à concilier l'aspect historique, musical, culturel, cultuel et pratique, allant jusqu'à aménager des logements dans l'enceinte prestigieuse. Depuis, ce lieu incontournable propose un rendez-vous cher aux mélomanes, le festival de musique ancienne organisé chaque été.

Un vaste tour d'horizon

Le passé de l'Abbaye aux Dames, établissement fondé au XIème siècle, est riche en rebondissements, heureux et malheureux. De sa construction à nos jours, des événements s'y sont succédé. D'où la démarche de François Julien Labruyère : « Pourquoi ne pas conter l'histoire de ce lieu emblématique en faisant appel aux meilleurs spécialistes ? ». Il en parla à Christian Gensbeitel, maître de conférences en histoire de l'art du Moyen Âge. Il trouva l'idée séduisante et lança le "chantier".
Deux ans furent nécessaires pour réunir les travaux des chercheurs. Aujourd'hui, le résultat est là : ce livre, à la couverture élégante et au riche contenu, est l'un des plus beaux de la collection du Croît Vif qui vient de fêter ses vingt ans.

Lors de la présentation officielle, lundi dernier, Jean Rouger, maire de Saintes, salua cette parution qui « met en valeur notre Saintonge ».
Modeste, Christian Gensbeitel expliqua qu'il était « l'un des maillons de la chaîne de cet ouvrage, collectif avant tout ». À ses côtés, y ont participé François Julien Labruyère, historien et président de l'Abbaye, Christian Vernou, conservateur en chef du Patrimoine, Alain Michaud, historien médiéviste, Jacques Lacoste, professeur émérite en histoire de l'art du Moyen Âge. Alan Tissot, doctorant en histoire moderne à Bordeaux, s'est penché sur les abbesses tandis que Frédéric Chassebœuf s'est attaché à l'architecture. Tous ont accompli un excellent travail, documenté et agréable à lire.
L'ensemble est complété par les photographies de Michel Garnier (qui travaille actuellement sur les ponts de chemin de fer et du RER parisien, le talent ayant multiples facettes !).

Vive les abbesses !

François Julien Labruyère est heureux de proposer cette étude approfondie, réalisée à partir de documents dont certains n'ont jamais été exploités. Et même si le cartulaire de l'abbesse, écrit en latin, n'est encore que partiellement traduit, les indications qu'il fournit attestent d'une époque où l'Église occupait une large place. Originalité, des photos anciennes, dénichées aux Archives, révèlent des peintures en façade de l'église. Elles ont disparu depuis.

Pour Jacques Lacoste, l'abbaye pourrait incarner un courant artistique à part entière, se détachant des influences traditionnelles du Poitou. « À travers les sculptures, on remarque le développement d'un style » souligne-t-il.
Frédéric Chassebœuf, quant à lui, a fait la rencontre de Jacques Guérinet, architecte du XVIIe siècle. Il l'a beaucoup cherché et l'a enfin trouvé ! L'homme ayant laissé sa "patine" dans la région, il suggéra à François Julien Labruyère de publier un livre semblable sur l'Abbaye Royale de Saint Jean d'Angély.

Alain Michaud souligna un détail intéressant : Les étrangers sont attirés, eux aussi, par l'Abbaye aux Dames et un Américain lui a consacré une thèse : « à l'avenir, il faudra tenir compte de ces travaux ». Et d'ajouter, un brin critique envers les fameuses abbesses qui devaient être des maîtresses femmes : « elles étaient souvent en conflit avec le pouvoir local, mais seuls leurs documents sont parvenus jusqu'à nous. Nous aimerions avoir ceux de la partie adverse ». En conséquence, l'historien ne peut se faire une opinion objective à leur sujet.

Bref, l'Abbaye est habitée, tant par les mânes que les nouvelles générations, gardiennes de son destin : « si l'Abbaye a survécu, c'est que la ville voit en cet édifice une partie de son identité » conclut François Julien Labruyère, en remerciant la municipalité de Saintes et le Département d'avoir contribué financièrement à la publication de ce beau témoignage.

L'info en plus

• L'Abbaye aux Dames a été fondée en 1047. Après une période de puissance, elle vit des hauts et des bas jusqu'à la Révolution qui la ruine. Elle est transformée en hôpital puis en prison, avant d'être investie par l'Armée. Au XIXe siècle, l'église est classée. Pendant la deuxième guerre mondiale, elle devient kommandantur, bombardée en 1944. Restaurée peu à peu, une école de musique s'y installe en 1950. Le premier Festival de Musique Ancienne, qui a lieu en 1972, ouvre la voie. Des restaurations importantes y sont entreprises et le site est enfin sauvé.

• Une célèbre pensionnaire, la future marquise de Montespan :

L'abbaye aux Dames est une ancienne abbaye bénédictine. Important centre spirituel de sa fondation à la Révolution, l'abbaye est placée sous la protection du roi de France en 1378. Comptant à son apogée jusqu'à cent moniales, elle instruit les jeunes filles de la noblesse française et compte, parmi ses pensionnaires, la future marquise de Montespan.

Photo 1 : Les auteurs. Tous sont à féliciter, avec des compliments particuliers à Alan Tissot qui s'est penché sur la vie des abbesses et prépare, à Bordeaux, une thèse en histoire moderne.

Photo 2 : Jean Rouger, François Julien Labruyère, Christian Gensbeitel, Jacques Lacoste

Photo 3 : Jean Glénisson, heureux du travail d'Alan Tissot en particulier

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