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jeudi 3 septembre 2009
Jonzac :
Le secret des sarcophages
Jonzac : Découvertes mérovingiennes
Depuis plusieurs semaines, les fouilles effectuées devant l’église constituent l’un des pôles d’attraction de Jonzac. Tous les passants s’y arrêtent, curieux de savoir !
Récemment, la Société des Archives Historiques de l’Aunis et de la Saintonge, que préside Marc Seguin, a organisé une visite du site. Devant un public intéressé, Léopold Maurel, archéologue départemental, a fait le point sur ce chantier que la mairie valorisera dans un avenir prochain.
Elle était grande, cette nécropole, s’étendant bien au-delà du périmètre où des fouilles sont menées actuellement. En conservant une prudence nécessaire, on peut écrire que les secteurs de l’Église, du Champ de Foire et du Marché ont accueilli des sépultures durant des siècles. L’histoire n’en est que plus touchante : les ancêtres de la ville de Jonzac sommeillent sous nos pieds !
Les corps qui reposent devant l’édifice religieux semblent de plus en plus familiers. Devenus “poussière“, selon le terme biblique, les ossements, observés en laboratoire, délivrent des informations intéressantes.
Ces hommes et ces femmes étaient Mérovingiens. Successeurs de la grande époque gallo romaine, ils ont vécu entre les Ve et VIIIe siècles après J.-C.
Dans une récente édition, Léopold Maurel, qui encadre le chantier que supervisent le Conseil Général et la municipalité, livrait le fruit des premières découvertes faites en ce lieu. Durant des semaines, les équipes se sont succédé, réunissant une soixantaine de personnes au total (étudiants, enseignants, retraités).
Selon le calendrier établi, elles lèveront le camp début septembre, avec la rentrée. Tous les chercheurs ont la même motivation : participer à une œuvre collective éclairant une période méconnue du passé de la cité. Une aventure passionnante ! En effet, entre la villa gallo-romaine qui réserve encore de belles surprises (confidences de Karine Robin) et l’époque médiévale, il y avait un arrêt sur image qui vient d’être en partie gommé.
Trois bâtiments énigmatiques
Le site dévoile peu à peu ses secrets et les nombreux sarcophages qu’il abrite rappellent les coutumes et usages de nos lointains aïeux.
En attendant une conférence détaillée (organisée pour les Journées du Patrimoine, qui sait ?), les fondations de trois bâtiments retiennent l’attention.
Le premier, dont on pensait initialement qu’il appartenait à l’époque mérovingienne, est postérieur. Il pourrait s’agir d’un enclos funéraire. « Pour l’instant, la datation n’a pas été faite » remarque Léopold Maurel.
Par contre, l’édifice qui nous intéresse se situe vers le centre de la place. En ce début de christianisation, serions-nous en présence d’inhumations “ad sanctos“, acte qui consistait à se faire enterrer auprès de saints afin de bénéficier de leurs bienfaits ?
Un autre, plus récent, le jouxte, voire le chevauche (il daterait des XIIe, XIIIe siècles).
L’intérêt que présente cet espace est d’abriter des époques distinctes. Près des Mérovingiens, d’autres tombes, avec emplacement creusé pour la tête, ont été retrouvées. Pouvant remonter au Bas Moyen Âge, elles sont différentes et disposées selon un agencement réfléchi.
Les tombes sont donc présentes partout, les anciennes côtoyant les modernes, si l’on peut dire ! Du mobilier a été mis à jour dont épées, bijoux et boucles de ceintures. Ces objets pourraient être exposés dans un futur musée régional ? On y croit…
Les travaux achevés, un travail de synthèse sera réalisé. En attendant sa présentation, la connaissance de l’histoire de Jonzac se poursuit. D’ailleurs, on recherche toujours les reliques de Saint Anthème et le clou de l'Abbaye de la Tenaille !
• L'info en plus
Et pourquoi pas un temple romain avant l’église ?
En l’état actuel des recherches, plusieurs hypothèses peuvent être émises. Aux premiers siècles de notre ère, Mont Guimard (où a été construite l’église actuelle) aurait pu accueillir un temple antique, avant qu’un édifice religieux ne lui succède (1). En effet, il était courant que la cella d’un temple soit transformée pour servir d’église funéraire à une famille aristocratique.
En ce qui concerne Jonzac, les sarcophages sont très nombreux et certains ont été réutilisés. Dans cette vaste nécropole, toutes les tranches d’âge sont représentées, des enfants aux adultes.
Après l’époque mérovingienne (du Ve à la fin du VIIIe siècle), les habitants ont continué à enterrer leurs morts dans ce périmètre. Jusqu’au XVIIIe siècle, semble-t-il.
1 - Cependant, aucun vestige gallo-romain ( à part des remblais) n’a été retrouvé dans le secteur fouillé devant l’église. Plus loin, sous les maisons, peut-être ou sous l’église elle-même…
Photo 1 : Les explications de Léopold Maurel aux membres de la Société des Archives Historiques de l'Aunis et de la Saintonge que préside Marc Seguin
Photos 2 et 3 : La pelleteuse entre à l'action pour dégager et soulever le couvercle des plus gros sarcophages
Photos 4 à 8 : Le cimetière mérovingien livre peu à peu ses secrets
Photos 9, 10, 11 : Les fouilleurs, sous un soleil de plomb
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