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vendredi 5 juin 2009

Catastrophe aérienne :
Jérôme et Aline Néraud étaient dans l’Airbus


Depuis lundi dernier, toute la presse ne parle que de l’Airbus 330 qui s’est abîmé dans l’Atlantique sud. Parmi les passagers français, se trouvaient Jérôme et Aline Néraud,demeurant à Luchat, près de Saintes en Charente Maritime.
Ils étaient les parents d’une petite fille de huit mois. Traumatisée, la région est sous le choc.



Depuis le crash de l’Airbus, les recherches suivent leur cours pour “comprendre“. Les premiers débris, localisés au milieu de l’Atlantique, n’appartiennent pas à l’avion qui s’est abîmé en mer dans la nuit de dimanche à lundi. Ces "témoignages" n’ont donc pas confirmé les tâches orange - pièces en feu ? - signalées par un avion de la compagnie TAM.
« Tous les éléments susceptibles de faire avancer l’enquête seront récupérés et examinés pour voir s’ils correspondent à l’Airbus » souligne Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports.

Lundi matin, il est parti « en catastrophe » de Rochefort pour se rendre à Roissy. Avec le président Sarkozy, il a essayé de réconforter les familles bouleversées. La semaine prochaine, il les recevra avec Jean-Louis Borloo : « Nous allons organiser un voyage à leur intention, là où l’avion est tombé, comme Hervé Morin l’a fait pour les proches des militaires morts en Afghanistan. Il est important que chacun puisse se recueillir. Le Brésil a décrété trois jours de deuil national à partir de mardi » ajoute-t-il.


De nombreuses questions sont en suspens et les causes de cet accident qui a provoqué la mort de 228 passagers de 33 nationalités, dont 61 Français, 58 Brésiliens et 26 Allemands, restent inconnues. L’équipage était au nombre de douze.
L’avion avait quitté Rio dimanche à 19 heures locales et devait se poser lundi à 11 h 10 à Paris, à l’aéroport de Roissy. Vers 8 h, les écrans de contrôle ne l’ont plus détecté alors qu’il survolait l’Atlantique et la zone de turbulences du Pot au noir. La disparition de l’avion s’est produite après sa sortie de la zone de couverture des radars brésiliens et avant son entrée dans l’espace aérien du Sénégal. Des problèmes électriques avaient été signalés lors de la dernière transmission automatique et des SMS, qui auraient été envoyés par des passagers, auraient exprimé « la peur ». Ensuite, c’est le silence radio.
On n’en sait guère plus et la prudence est nécessaire quant aux hypothèses avancées. Aucune piste ne sera négligée, y compris celle de l’attentat. L’acte n’ayant pas été revendiqué, certains sont sceptiques face à cette éventualité. Laurent Le Mesle, Procureur général de Paris, aurait saisi la cellule antiterroriste.

En plein désarroi, les familles souhaiteraient savoir - et c’est légitime - ce qui s’est passé. Aujourd’hui, elles semblent bien démunies et les expertises du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses) sont attendues avec intérêt. Malheureusement, la récupération des fameuses boîtes noires devrait être longue et compliquée (la France a décidé d'envoyer sur les lieux un sous-marin d’attaque). Un premier rapport sera rendu à la fin du mois.

Parmi les passagers, un couple de Saintongeais

Jérôme Néraud et Aline, son épouse, figuraient parmi les passagers de ce vol maudit. Et pourtant, cette escapade de quatre jours à Rio se promettait d’être un beau souvenir dont ils rapportaient de nombreuses photographies.
Commercial à la CGED, société spécialisée dans la distribution de matériel électrique, Jérôme avait gagné ce voyage pour ses bons résultats. Chaque année, l’entreprise, dont le siège est à Limoges, récompense en effet ses meilleurs salariés par un séjour vers une agréable destination. Rio, avec son pain de sucre et la plage de Copacabana, fait rêver.

Jeudi dernier, ils étaient donc neuf commerciaux et un cadre de la CGED à s’envoler vers cette ville emblématique. Si le vol aller s’est déroulé dans de bonnes conditions, on ne peut en dire autant du retour...


Funeste destin, Jérôme et Aline ne reverront jamais leur terre natale. À l’agence CGED de Saintes qui compte cinq salariés, la disparition de Jérôme a provoqué la consternation.
Clinique Pasteur à Royan où travaillait Aline, la peine est grande. « Infirmière en salle de réveil, au bloc opératoire, elle était proche des malades et unanimement appréciée » souligne une collègue. Une chaîne de solidarité s’est nouée autour de la mère d’Aline, employée à la Poste de Saint Genis et Saint Fort sur Gironde.

À la Chapelle des Pots dont la mère de Jérôme, Christine Bertaud, est secrétaire de mairie, c’est l’abattement. Le maire, Jean-Claude Couprie, a bien du mal à cacher son émotion : « Ce qui s’est passé est affreux. Ce jeune couple était heureux de partir et tout s’effondre subitement. La commune est choquée et mercredi soir, nous avons organisé une veillée funèbre à l’église en mémoire de Jérôme et d’Aline ». L’élu est accablé car cette disparition à laquelle s’ajoutent des accidents de la route et un suicide : « Depuis quelques semaines, ce ne sont que mauvaises nouvelles et drames dans le secteur ». Trop, c’est trop et parfois, le cœur a si mal que les mots viennent à manquer.

Une cérémonie religieuse a été célébrée mercredi après-midi en la cathédrale Notre Dame de Paris pour les victimes du crash de l’Airbus. « Nous sommes dans la main de Dieu » disent les Brésiliens qui joignent leurs prières à celles des familles frappées par ces morts brutales, si douloureuses car certains corps ne seront probablement jamais retrouvés. Ceux qui l'ont été vont être autopsiés en l'attente d'une identification par l'ADN. Saurons-nous bientôt ce qui s'est réellement passé ?...
Nos très sincères condoléances aux proches de Jérôme et d’Aline Néraud. Qu’ils reposent en paix. Ils laissent derrière eux une petite fille de huit mois.

Photos 1 et 2 : Airbus 330 et cockpit. L’avion avait quitté Rio dimanche à destination de Roissy. Il a disparu vers 8 heures alors qu’il survolait l’Atlantique. Il avait à son bord 216 passagers (126 hommes, 82 femmes, 7 enfants et un bébé) et 12 membres d’équipage. Parmi eux, Jérôme et Aline Néraud demeurant à Luchat.

photo 3 : La société CGED, qui possède une agence à Saintes, avait offert à ses neuf meilleurs commerciaux un voyage à Rio.

• Point de vue

Questions à André Turcat,
ancien pilote d’essai du Concorde

« Une explosion a pu survenir »…



André Turcat, pensez-vous que la foudre puisse être responsable du crash ?

Aujourd’hui, je suis à la retraite. Certes, je sais piloter, mais les nouveaux avions disposent de technologies qui n’existaient pas à mon époque. Cependant, en ce qui concerne l’accident de l’Airbus, je crois assez peu au foudroiement. Le foudroiement peut avoir des conséquences, mais il ne me semble pas qu’il puisse être la cause d’un crash. Pour l’instant, une enquête est ouverte pour en chercher les causes. Personnellement, j’ai traversé cette zone dite du Pot au noir. Avec Concorde, je volais à 17 000 mètres d’altitude, j’étais donc au-dessus de toutes les perturbations. Le héros de l’Aérospatiale, Jean Mermoz, a disparu dans cette région le 7 décembre 1936 pour des raisons qui n’étaient d’ailleurs pas dues au foudroiement.
Je crois avoir entendu que, dans les transmissions automatiques faites par l’avion, sa vitesse de descente était excessive : il me semble étrange que cette information puisse avoir été communiquée par ce biais. Comme le pilote n’a parlé que de problèmes électriques, nous sommes au stade des hypothèses. Parmi elles, une explosion a pu survenir pour des raisons qu’on ignore. On ne peut pas non plus écarter l’hypothèse de l’attentat. La probabilité existe...

Le Pot au Noir est une zone très difficile ?

Lorsqu’on pilote à haute altitude, comme c’était le cas avec Concorde, le survol du Pot au Noir ne pose pas de problème. En tant que passager, je me souviens avoir été à bord d’un Boeing 707. Nous étions à 9 000 - 10 000 mètres d’altitude et le vol s’est déroulé dans de bonnes conditions. Les gens qui traversent quotidiennement cette zone ne sont pas autrement éprouvés. En ce qui concerne ce crash, je pense qu’il ne faut pas uniquement se concentrer sur les perturbations du Pot au Noir.

En tant que pilote, avez-vous connu de grosses frayeurs ?

Une fois ! Je raconte cette histoire dans mon livre “Pilote d’essai, mémoires“. Dans notre métier, nous avons tous en mémoire des crashes. Je me rappelle d’une explosion qui était survenue sur le réservoir central d’un Boeing 747 de la TWA. Je pense aussi à un accident sur un Boeing 707. L’avion avait reçu la foudre sur une mise à l’air d’un réservoir contenant du kérosène. Un incendie s’était alors déclaré. Le pilote a perdu le contrôle et l’avion est descendu en flammes. Après ce drame, les constructeurs ont installé de petits balais métalliques destinés à éliminer les charges électrostatiques.

Dans le cas de l’Airbus, le pilote n’a transmis aucun message au moment du crash...

Effectivement, le pilote n’a pas dit ce qui se passait. Autrefois, sur l’Atlantique, les communications étaient difficiles et nous travaillions sur des liaisons HF un peu aléatoires car la VHF ne porte pas sur les océans. Actuellement, à l’époque des satellites, nous devrions disposer de systèmes permettant la liaison continue.

• L'info en plus

Un témoignage intéressant

Un pilote espagnol de la compagnie Air Comet, qui se trouvait dans la zone du crash de l’Airbus, a déclaré avoir vu un phénomène inhabituel : « Tout à coup, nous avons observé au loin un éclat fort et intense de lumière blanche, qui a suivi une trajectoire descendante et verticale et s’est dissipé en six segments ». Voilà qui laisse méditatif...
Selon l’analyse des SMS envoyés, une dépressurisation (entrée de l’air dans l’avion) aurait pu avoir lieu, entraînant dans ce cas une désintégration. Frappés par des grêlons énormes, des hublots auraient-ils cédé ? Par ailleurs, le givre aurait pu endommager les sondes extérieures de l’avion qui auraient alors fourni des informations erronées au système central de l’avion...
Pour sa part, Nelson Jobim, ministre de la Défense brésilien, ne penche pas pour la thèse de l’explosion, en raison de la présence de carburant à la surface de l’océan.

1 commentaire:

  1. Juste un seul mot paix à leurs âmes un crash étant vraiment violent. Nos pensées vont pour les familles qui restent dans l'attente et la souffrance. Je crois qu'actuellement il n'y a rien d'autres à dire. Je reste comme beaucoup très affecté par ce terrible accident.

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