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samedi 28 février 2009

Jacques Béneteau : de la poule de Marans à Bantam de Pékin !


Samedi prochain, Jacques Béneteau recevra la médaille d’officier du Mérite agricole. Président de la Société avicole de l’Aunis et de la Saintonge, forte d’une centaine d’adhérents, il protège des espèces qui auraient sans doute disparu sans prise de conscience. Parmi elles, la poule de Marans...


C’est à Montils, près de Pons, que Jacques Béneteau et son épouse ont installé leur arche de Noé.
Située dans l’ancienne laiterie de Mérignac, elle accueille de nombreux gallinacés qui picorent et caquettent en l’attente du printemps. Dans un enclos, des baudets folâtrent et poussent des braiements. Surpris, les chiens de la maison tendent l’oreille. Le bonheur serait il dans le pré ? On dirait une ferme et malgré l’absence de veaux, vaches et cochons, l’ambiance a quelque chose du temps d’avant, quand la campagne était grouillante d’activités.
Voici treize ans que le propriétaire des lieux, professeur dans l’enseignement agricole, est retraité. Membre de la Société avicole d’Aunis et de Saintonge depuis 25 ans, il en assure la présidence. Avec des amis, des passionnés comme lui, il protège les races que la mode ou plutôt la rentabilité alimentaire a placé dans l’oubli.
La poule de Marans par exemple n’intéresse pas les professionnels. Elle est difficile à nourrir et, sur le marché de la distribution, le prix des œufs doit être accessible à toutes les bourses.
Dans les batteries, les malheureuses pondent environ 300 œufs par an quand la Marans prend son temps. Son œuf, elle le prépare méticuleusement et le pare d’une couleur si belle, le roux fameux, que tous les amateurs le connaissent. Il est évident qu’entre un poulailler de plein air et un parc industriel où chaque poule bénéficie d’une cage équivalent à une feuille A 4 (21 x 29,7) pour s’ébattre, il existe un monde !
Sensible à l’environnement, Jacques Béneteau a vite compris la nécessité de protéger les espèces du terroir, que ce soit la Marans, la Barbezieux ou la Bresse.


C’est la Marans qu’il préfère

Et pour cause, elle est de chez nous. Il en existe huit variétés, la noir cuivré étant la plus prisée.
« Autrefois, dans les basses-cours, elles étaient mélangées et les fermières n’y portaient pas attention » explique J. Béneteau. Désormais, elles ont été répertoriées.
Il élève aussi des Sussex, blanches et noires, des Brahma, les fameuses poules d’Asie dont le plumage est fort beau (leur caractéristique est d’avoir des plumes aux pattes), des Wyandotte, spécimens venant des USA, et des Bantam de Pékin, poules naines qui conviennent parfaitement aux aires d’agrément. Il les chouchoute et, ma foi, tout ce beau monde a l’air heureux.


Ces dames et ces messieurs les coqs sortent aux expositions où ils font l’admiration du public.
Samedi et dimanche prochains, Jacques Béneteau sera à Rochefort pour la grande manifestation annuelle. Dans le gymnase de la Vieille Forme, 80 exposants sont attendus avec volailles, pigeons, palmipèdes, lapins et oiseaux d’ornement. La menace de grippe aviaire n’étant plus à l’ordre du jour, la sortie est autorisée !
« Les personnes qui viennent à notre rencontre sont intéressées par la sauvegarde des races traditionnelles. Certaines n’hésitent pas à investir pour créer des unités où les volailles seront élevées dans des conditions naturelles. Les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour avoir un produit de qualité » souligne Jacques Béneteau. Ces dernières années, il est vrai, les scandales alimentaires ont été souvent liés à une surconcentration des « effectifs » qui entraîne des maladies. Fort heureusement, l’époque du poulet aux hormones est révolue, mais échapperons-nous au poulet lavé au chlore, pratique répandue Outre Atlantique ?...


Jacques Béneteau appartient à cette génération d’hommes, proches de la nature, qui sait encore s’émerveiller devant la création. Fait chevalier du Mérite agricole en 1976, il deviendra officier, distinction amplement méritée, que lui remettra Jean Louis Frot, conseiller général de Rochefort, samedi prochain. A ses côtés, ses petits enfants viendront féliciter leur "papi".
« Mes deux petites filles sont intéressées par notre élevage »
dit-il. La relève semble assurée !


Infos en plus

• Les poules de Michel : c’est Marans !

Il y a une vingtaine d’années, Jean Harel, alors vice-président du Conseil Général avait remis officiellement des poules de Marans à Michel Doublet.
Ces deux personnalités seront à Rochefort samedi prochain quand Jacques Béneteau recevra la croix d’officier dans l’ordre du Mérite agricole.


• 1999 : Souvenirs, souvenirs

On peut être sénateur et ignorer les aspects de la vie des gallinacés. C’est pour combler cette lacune que Jean Harel, alors vice-président du Conseil Général, avait décidé d’offrir à Michel Doublet un lot de poulettes de Marans. Cette remise officielle avait eu lieu un samedi matin à Trizay, sous l’œil amusé de l’intéressé, de son épouse et de leurs petits enfants, Marie Sarah et Alexandre. A cet évènement important, on notait la présence de Jacques Maroteix, président de la Chambre d’Agriculture, Marcel Vallet, conseiller général de Gémozac et Bernard Bouchereau, conseiller général de Marans. Ce dernier, disait-on, était très soucieux de promouvoir ses poules (de Marans, bien entendu !). En effet, parmi les grands dossiers que s’apprêtait à soutenir le Département, la revalorisation de cette espèce au plumage noir cuivré et aux œufs extra roux était inscrite sur les tablettes. En 1999, il y avait même un grand projet de valorisation. Assez onéreux d’ailleurs, ce qui faisait dire au maire de Trizay : «Mes amis, ça coûte cher d’entretenir des poules !». N’ayant pas abouti, il n’a pas été abandonné et l’on se dirigerait vers « une ferme expérimentale de la poule de Marans » déclare Jean Harel.
Lors de la remise officielle des poulettes, installées dans un poulailler nouvellement construit à leur intention, Jean Harel, fervent aviculteur devant l’Eternel, donna à son ami « des conseils techniques ». Il faut savoir que la poule de Marans est excellente pondeuse avec une moyenne annuelle de 150 à 180 œufs. Nourrie au grain et vivant au grand air, sa chair est blanche, délicate et goûteuse. Michel Doublet écouta avec attention ces recommandations. Séduit, il souscrivit aussitôt une adhésion au “Marans Club de France“ dont le siège est dans l’Aisne (on pourrait peut-être le ramener en Charente-Maritime puisque le berceau de la belle s’y trouve ?). Nous ignorons s’il appartient toujours à cette société !


Cette rencontre s’acheva par le verre de l’amitié où les participants trinquèrent à la santé des nouvelles venues. A l’époque, Michel Doublet ne souhaitait pas acquérir un coq pour accompagner ses poules : «J’ai peur qu’il soit un peu trop bruyant pour mes voisins» soulignait-il. Sage attitude car on a vu certains procès liés à des Chantecler un peu trop démonstratifs !

Photo 1 : Un élevage de plein air à la laiterie de Mérignac sur la commune de Montils.

Photo 2 : Les Bantam de Pékin

Photos 3 et 4 : Poules de Marans et Sussex

Photos 5 et 6 : Jacques Bénetau, un homme proche de la nature

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