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vendredi 16 mai 2008

Samuel de Champlain cherchait une route plus courte vers la Chine...

Au Canada, le Québec est traditionnellement attaché à l’hexagone. Et pour cause, « la Nouvelle France » a été fondée au XVIIe siècle par le saintongeais Samuel de Champlain, avec l’aide de Pierre Dugua de Mons, natif de Royan. Par la suite, de nombreux habitants, venant de nos régions, peuplèrent les nouveaux territoires. L’histoire de cette implantation n’a pas de secret pour le romancier Louis Caron, membre de l’Académie des Lettres du Québec.


Possédant des attaches communes, les “cousins“ sont faits pour se rencontrer. Quand il vient en Charente-Maritime, l’écrivain Louis Caron retrouve ses racines. En 1634, Robert, son ancêtre, est parti de Saintes. Avant lui, dès 1604, un saintongeais renommé, Samuel de Champlain, a édifié le premier établissement français en Amérique du Nord sur un territoire qui prendra le nom d’Acadie.
« Parait que y’a de la terre pour tous, qu’elle est belle et qu’elle donne bien. Une terre, sans impôt, ni corvée avec la liberté d’chasser et d’pêcher. Je rêve de ce que ce pays qu’on appelle la Nouvelle France » : De nombreux habitants du littoral atlantique succombent à l’appel, attirant et mystérieux, quand ils embarquent vers cet Eldorado. La “publicité“, cependant, ne mentionne pas la rigueur du climat !
Qu’éprouve Champlain lorsqu’il s’engage dans l’aventure ? Des ouvrages de qualité, dont ceux de Rémi Morissonneau, Jean Glénisson, Denis Vaugeois et Raymonde Litalien, traitent du sujet. Comme tous les navigateurs, Champlain possède un sens olfactif développé ainsi que la faculté de pouvoir “humer“ la terre. Il est déjà allé aux Antilles, au Mexique et sait que les climats varient selon les lieux.
En arrivant sur ce continent qu’il n’a jamais foulé, il est frappé par les paysages variés et surtout les couleurs. Le roux des feuilles, la verdeur des étendues herbues. Dans ses écrits, il souligne la luxuriance de la végétation, les essences des arbres, décrit la faune, la flore ainsi que les odeurs, nouvelles pour lui.
Bientôt, Il s’enfonce dans l’Ouest et le voyage s’ouvre devant lui comme une immense page blanche. Les premières implantations permanentes, Port Royal et Québec, sont suivies d’une série d’expéditions. Dans le but secret de découvrir une route plus courte vers la Chine et d’étendre les territoires à fourrures dont les Français font commerce, il explore une partie de la Nouvelle Écosse et du Nouveau Brunswick. Au Sud, il recherche une voie à partir du Saint-Laurent vers Hudson, suit la Saduenay, le Saint-Maurice et pousse vers les grands lacs à travers le pays huron.
Champlain, le cartographe, ignore tout de la géographie de l’endroit où il se trouve. Il dispose des éléments fournis par Jacques Cartier et des témoignages d’indiens qui prétendent que « plus haut, l’eau a un drôle de goût ». Il se met alors à rêver, se disant qu’il va le trouver, ce passage pour aller au pays de la soie... par le Saint-Laurent! Québec servirait alors un poste de péage placé sous la responsabilité des Français. Il s’agit donc d’une installation provisoire dans un lieu qu’il pense être stratégique. À sa mort, le 25 décembre 1635, jour de Noël, aucune réponse n’a été apportée à ses questions. Plus tard, son ami Jean Nicolet (qui a donné son nom au village de Louis Caron) sera le premier européen à atteindre le lac Michigan. Comment pourrait-il imaginer l’étendue du futur Canada ?

Le français fait de la résistance !

Ce sentiment d’enthousiasme et de déception face à l’inconnu, Louis Caron l’a fait ressurgir lors d’une conférence donnée à Jonzac voici quelques années. Un judicieux diaporama donnait successivement la parole à Champlain ressuscité, à son épouse (délaissée par son mari). L’écrivain leur faisait la réplique, tout en expliquant au public « ce qu’il advint ». Champlain fut dépité à l’annonce de la défaite française face aux Anglais : le Parlement de Paris avait alors d’autres priorités !
De nos jours, le français a-t-il gardé une influence dans cette partie du monde ? Ne nous leurrons pas, l’anglais, devenu international, s’est imposé. Toutefois, notre langue résiste dans des “îlots“ d’Amérique du Nord.
Le Canada est bilingue, avec une forte pointe de français à Québec où des associations “militent“ pour qu’il soit transmis aux jeunes générations. Bonne nouvelle, quatre cents mots oubliés de notre vocabulaire seraient encore utilisés en Acadie. Le meilleur exemple de “l’alliance“ franco-anglaise se retrouve dans certaines chansons. Un morceau, interprété par l’artiste Michel Mac Lean, est révélateur de ce double langage : « I love you, vous ne m’entendez guère, etc »...
La survivance du français est donc inscrite dans les mémoires. Aujourd’hui encore, des fermiers du Vermont s’échinent à enseigner le français à leur descendance. Parmi les expressions issues de notre patois, « les quenottes à mémère » sont, vous l’avez deviné, les dents de grand-mère...


• Si ce sujet vous intéresse, le Conseil général a ouvert à Brouage « la maison de Champlain » inaugurée par Claude Laverdure, ambassadeur du Canada en France. Cet excellent travail de recherche historique et contemporaine est ouvert au public toute l’année.
Tous renseignements internet : www.Charente-Maritime.org/maisonchamplain

• À noter l’installation, dans la Tour de la Chaîne du port de La Rochelle, d’un Centre d’interprétation de l’histoire du peuplement de la Nouvelle France, ouvert en permanence aux chercheurs et au public. À voir absolument !

Photo 1 : Cette gravure met en scène la découverte du lac Champlain le 4 juillet 1609. Champlain était parti de Québec le 28 juin au pays des Iroquois (extrait de l’excellent livre écrit sous la direction de Raymonde Litalien et Denis Vaugeois : Champlain, la naissance de l’Amérique Française, éditions du Nouveau Monde).

Photo 2 : La conception du second grand livre offert à Québec.

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