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vendredi 4 avril 2008

La maison des Moreau prise en otage : Le seul chemin d'accès bouclé par des fils barbelés...


La France est pleine d’histoires de voisinage qui tournent au vinaigre, quand ce n’est pas au ridicule. Exemple au village de Barbegilet à Fontaines d’Ozillac, près de Jonzac.



Pour Danièle et Jean-Louis Moreau, se rendre à Barbegilet où ils possèdent une maison de famille, est devenu une véritable aventure. À la fois sportive, car les voisins en ont bouché l’accès avec des fils barbelés, et douloureuse, Danièle ayant passé sa jeunesse dans cette commune, entre champs de blé et verts pâturages.
« À cette époque, le village grouillait d’animation et le chemin qui desservait les bâtiments était librement ouvert à l’ensemble des usagers » dit-elle. Dans un document de 1901, le notaire mentionne cette réalité : les riverains se devaient « la réciprocité de passage les uns aux autres ». Tout le monde s’entendait bien et il n’y avait pas de problème. Aujourd’hui, à la suite de successions, les choses sont devenues compliquées.
Pour mieux comprendre pourquoi la maison de M. et Mme Moreau a été prise en otage, il convient de dresser un état des lieux. Pour y aller, on emprunte un chemin de terre appartenant à la famille Symphor. Il est d’ailleurs bordé par leur potager et des servitudes.
Située au fond, la propriété des Moreau est délimitée de chaque côté par un grillage les séparant des voisins, les Symphor et les Black Belair, récemment installés. En face, se trouvent des terres agricoles.


Enclavés, M. et Mme Moreau n’ont donc aucune issue, à moins d’utiliser une montgolfière ! Leur seul accès reste la petite entrée que les Symphor ont condamnée en posant des poteaux en béton et des fils barbelés. Cependant, à l’extrémité, ils ont laissé un espace d’environ 0,80 m pour que les Moreau puissent se faufiler, à pied.
Face à cet obstacle, le couple ne peut plus accéder chez lui en voiture, y faire des travaux puisque les entreprises ne pourraient pas acheminer leurs matériaux (à moins de les porter à bout de bras) et que se passerait-il s’il y avait un incendie puisque le camion des pompiers serait arrêté par la barrière ?
« Mme Daudet, ma belle-mère, actuellement en convalescence, a toujours vécu là. Or, si elle veut y revenir, c’est impossible, le fauteuil roulant est trop large par rapport à l’ouverture laissée par les Symphor » souligne Jean-Louis Moreau.
Inquiets, D. et J.L. Moreau ont averti le maire et les gendarmes. Rien n’y fait. Aubaine, ils ont retrouvé récemment un document où M. Daudet, le père de Danièle, renonçait à son puits en échange de l’abandon du droit de passage que les Symphor avaient devant chez lui.
L’accord a été signé par les deux parties et validé par le premier magistrat du moment, J. Pineau. Lequel se souvient très bien de ce différend et pensait le calme revenu à Barbegilet.
Son successeur, Marie-Danielle Giraudeau, dont on connaît la neutralité et l’efficacité, admet qu’elle est placée devant une situation difficile : « J’ai proposé aux interlocuteurs de se rencontrer et d’en discuter posément. Mme Symphor a répondu un non catégorique ».

En fait, la querelle découle de ce fameux droit de passage que les Symphor avaient autrefois devant la maison des Daudet (aujourd’hui Moreau). Il leur permettait, en particulier, d’accéder à une autre parcelle où l’un de leurs fils possède un mobil home. En patois, on appelle ça “couper en travers“, c’est-à-dire gagner du temps sans emprunter la route officielle.
Jean-Louis Moreau, fort du papier signé par J. Pineau, rappelle que les Symphor ont abandonné leur ancien droit de passage voici un certain temps : pourquoi veulent-ils revenir dessus ? N’auraient-ils pas de parole ? Mme Giraudeau admet que c’est à la suite de ce nouvel élément - qui les met en porte-à-faux - que les Symphor ont barré le chemin d’entrée aux Moreau. Est-ce par représailles, on n’en sait rien ! Quoi qu’il en soit, la maison des Moreau est bien prise en otage...
Souhaitons que cette affaire s’arrange à l’amiable car la justice est déjà bien encombrée par ces affaires discutables qui ont un effet pervers : Pour des motifs clochemerlesques, elles font fâcher les familles pour des générations...


Photo 1 : La maison des Moreau (demeurant à Rouffignac) se trouve au fond. Le chemin d’accès est situé sur la propriété de la famille Symphor qui possède le potager et les servitudes, de chaque côté.

Photo 2 : À gauche de la maison des Moreau, une habitation appartenant à la famille Black Belair ainsi que le mobil home d’un des fils Symphor.

Photo 3 : Les Moreau comptent beaucoup sur ce document, signé par Georges Symphor et Abel Daudet, pour que la paix revienne dans le village. 

Photo 4 : À droite, la maison des Symphor.

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