L'assemblée générale de la Société archéologique et historique faisait suite à l'intéressante conférence donnée par Bruno Dufaÿ sur l'évolution urbaine de Saintes, des Gaulois à nos jours
Jean-Louis Monget, président, aux côtés de la trésorière de la société |
Le président Jean-Louis Monget a dressé le bilan moral de l'année écoulée « compliquée en raison de la pandémie ». Il a rendu hommage à Yves Coppens, célèbre paléontologue qui a accompagné la naissance du Paléosite de Saint-Césaire, et à deux membres de la société qui nous ont quittés. « Alain Surmely était l'un des plus anciens piliers de notre association. Infatigable et d'une grande polyvalence, il a participé à de très nombreuses fouilles archéologiques à Saintes, dont celles des Ateliers municipaux, en passant par la Prairie, la rue du Jardin du Roy. D'un naturel réfléchi et méticuleux, il était apprécié de tous ». Noël Lauranceau, saintais d'origine, est décédé en août 2021. Vétérinaire de formation, il avait rejoint sa ville natale au moment de la retraite en 2004. « Il s'est s'investi avec toute la passion qui le caractérisait dans les fouilles, principalement la propriété de "Ma Maison", nom de l'établissement des Petites Sœurs des Pauvres. Il s'y engagea pleinement, indifférent aux intempéries, à la boue, aux efforts parfois épuisants qu'il fallait déployer en la circonstance. Pour tout cela, il reste une référence pour l'archéologie saintaise et ses découvertes majeures ».
Le président a ensuite détaillé actions et implication de la société : « Grâce à nos actions, à notre connaissance des monuments historiques de la ville de Saintes et à la surveillance que nous leur portons, nous sommes un partenaire reconnu de leur préservation. Nous avons ouvert notre bibliothèque au public tous les mercredis et samedis après-midi afin de mettre à la disposition de nos visiteurs nos ouvrages, revues et documentations. Nous apportons notre fidèle participation au « Village des associations », aux « Journées européennes de l'archéologie » et aux « Journées européennes du patrimoine » en partenariat avec le service culturel de la Ville et des musées. Notre stand, installé sur différents sites du territoire, reste un lieu de rencontres et de partage. Notre bulletin annuel, de plus en plus fourni ct attractif chaque année, apporte une contribution particulièrement neuve et riche à l'histoire et à l'archéologie de Saintes et de notre département ».
• Les actions culturelles et architecturales :
La basilique Saint-Eutrope, son chantier et ses échafaudages ont permis à une trentaine de chercheurs de Nouvelle-Aquitaine d'étudier le monument ; l'amphithéâtre de Saintes a fait l'objet d'un campagne de fouilles préalables aux travaux prévus, permettant de retrouver le niveau antique de l'arène et en même temps de découvrir deux caniveaux, l'un périphérique, l'autre central ; les thermes de Saint-Saloine où l'association travaille en partenariat associatif pour sa protection et sa valorisation tant attendues ; la maison de l'Aqueduc, à Vénérand, un chantier porté par la Communauté d'agglomération de Saintes et enfin, « le Centre d'étude archéologique (CEA) qui s'implante au Paléosite, à Saint-Césaire, devrait être prêt pour la fin de l'année 2022. Ce centre concernera uniquement les collections départementales. Occasion manquée à l'époque par la ville de Saintes, mais vraie opportunité pour le site Saint-Louis et son schéma directeur. C'est une chance unique et une décision historique de donner à la ville un musée digne de son territoire. Inlassablement, depuis plus d'un siècle, notre Société réitère la demande de cet espace muséal afin de mettre en valeur la richesse de nos collections archéologiques, exceptionnelles pour une cité antique régionale » estime le président.
La société travaille également sur les "monuments disparus" de Saintes, monastères et couvents. Les nouveaux travaux sont orientés sur le « patrimoine autour du fleuve Charente ». Cette année, paraîtra l'ouvrage sur « les voies antiques de Saintonge » faisant aux publications des aqueducs de Saintes par Jean-Louis Hillairet. Les étudiants en topographie et modélisation en 3D d'Angoulême seront associés afin de poursuivre les travaux de photogrammétrie de la portion de l'aqueduc située dans le golf Rouyer-Guillet. Enfin, le 8 de la rue Mauny se réjouit d'avoir accueilli le siège de l'Académie de Saintonge. Et si ce lieu devenait "la Maison des sociétés savantes de Saintes" ?
Travaux à la basilique Saint-Eutrope (restauration du mur nord) |
Durant l'été, l'une des épaves antiques de la Charente devrait faire l'objet d'un sauvetage
Chargée du patrimoine au Conseil départemental, Véronique Abelin Drapron a salué le travail de la société qui s'implique dans moult dossiers. Les témoignages du passé sont nombreux à Saintes. "Musée à ciel ouvert" comme on dit, la mairie doit parer au plus pressé (travaux à l'Abbaye-aux-Dames entre autres), mais aussi s'impliquer dans la transmission des monuments aux générations futures, amphithéâtre, basilique et crypte Saint-Eutrope, etc. A Saint-Pierre, la gestion des eaux est un casse-tête ; à Saint-Eutrope, l'aménagement paysager autour de l'édifice pose problème en raison de la présence de tombes mérovingiennes. A l'amphithéâtre, selon les dispositions en faveur des espèces protégées, il faudra tenir compte des crapauds accoucheurs et de rapaces qui nichent dans les anciennes portes. Nous ne doutons pas que la municipalité saura concilier environnement et valorisation architecturale !
En ce qui concerne les épaves antiques localisées dans la Charente, elles seront protégées. L'une d'elles pourrait être extraire durant l'été, en plusieurs morceaux, afin de ne pas être altérée par le réchauffement climatique et ces "mini-typhons" qui ont bouger les sédiments. Un cahier des charges sera établi. Réaménagé, l'ancien musée archéologique de la place Bassompierre pourrait alors l'accueillir avant son départ vers un site spécialisé (Grenoble) pour restauration. Elle sera ensuite restituée à la Ville qui l'exposera au public. Pour mémoire, rappelons que « ces épaves antiques ont été découvertes dans le fleuve Charente en 2008 sur les communes de Saintes et Fontcouverte où elles font l’objet de recherches archéologiques depuis 2015. Si la première épave est aujourd’hui très dégradée, la seconde présente un état de conservation encore exceptionnel. Cette dernière semble conservée sur l’intégralité de sa longueur et hauteur. Cependant, les pillages menacent désormais ces vestiges qu’il devient urgent de pouvoir étudier et protéger ».
Au sujet des collections archéologiques qui sont très denses, la Ville a acquis l'ancien Lidl qui deviendrait centre de conservation. « Toutefois, ce bâtiment ne suffira pas à abriter toutes les pièces. Un terrain jouxtant pourrait être aménagé » explique l'élue. Par ailleurs, les collections dans leur ensemble et quelles que soient leurs datations respectives, doivent être inventoriées. L'objectif est de réunir la collection des Beaux-Arts sur un même site par exemple. « Tout ça est à l'étude » souligne V. Abelin-Drapron. Quant à la collection lapidaire, un quart des pièces du stock n'a pas de statut juridique. Il s'agit de savoir si elles dépendent de la Ville ou du Département. En lien avec le CNRS, l'Université Montaigne et la DRAC, un projet scientifique consiste à les scanner en 3 D afin de les étudier.
• Jean-Louis Monget a cité Savino di Lernia, professeur d'ethnoarchéologie et chercheur à l'université la Sapienza de Rome : « L’archéologie est bien la plus noble des recherches. Par sa minutie, elle nous inculque la patience ; par l’interprétation que l’on doit faire de nos découvertes, la sagesse ».
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