Découvrir, dans une même édition, l’écrivain Jacques Chardonne, sa famille, Maurice Delamain et Henri Fauconnier grâce à des photos, inédites de belle qualité, était le vœu de Marie-Dominique Montel. Il est devenu réalité. Cet ouvrage était présenté vendredi dernier chez Delamain, la célèbre maison de cognac.
Marie-Dominique Montel, directrice de l’Académie de Saintonge, vient de publier un ouvrage consacré à un écrivain qu’elle connaît bien puisqu’elle lui a consacré un film. Il s’agit de Jacques Chardonne qui vécut à Barbezieux, non loin d’Henri Fauconnier, l’auteur de Malaisie. « Il y a longtemps qu’elle parlait de ce livre, mais elle ne faisait qu’y penser » glisse son éditeur et ami, François Julien Labruyère.
Il a rencontré cette jeune femme décidée à Anvers, non pas pour la couvrir de diamants, mais lors d’une réunion de banquiers internationaux. En soirée, lorsque la réunion s’acheva, ils se retrouvèrent autour de leur thème préféré, la littérature. « Chardonne est entré rapidement dans la conversation » se souvient-il. Il l’incita alors à publier.
Pour réaliser cette entreprise, Marie-Dominique avait une exigence : il lui fallait trouver des photos de cet homme séduisant, puisqu’elle entendait construire son histoire autour d’un album de famille.
La chance lui sourit : grâce à André Bay, fils de la seconde épouse de Chardonne, la belle Camille, elle est entrée dans le temps d’avant. Une seconde bonne surprise l’attendait : sa rencontre avec Olivier Tourna-fond, petit-fils de Maurice Delamain, qui fut le grand ami charentais de Jacques Chardon-ne. Maurice, qui adorait la photo, s’était doté d’un appareil « nouvelle technologie » et, par bonheur (de Barbezieux), des plaques avaient été conservées. Ces clichés, qui immortalisent la jeunesse de Chardonne, rappellent ceux de Lartigue. Il ne restait plus à Marie-Dominique qu’à les mettre en scène...
La vie de Jacques Chardonne, né Boutelleau, court le long des pages qu’elle a conçues. Cette période qui s’étale de 1909 à 1925, est contée au travers de 95 photos inédites et agréablement présentées (on voit Barbezieux, Jarnac, Royan). De l’enfance à l’écrivain, on découvre un homme élégant, issu d’un milieu aisé, dont la vie semble facile.
Son œuvre se lit dans ses yeux : il aime la beauté et c’est pourquoi il privilégiera toujours la pureté du style, malgré la complexité des sentiments. Il apprécie l’amitié, celle de Maurice Delamain (la photo où il pose délicatement la main sur son épaule est touchante), l’amour qu’il partage avec sa première femme, Marthe, la passion qui le pousse vers Camille (rencontrée dans un bus, dit-on).
Voilà pour le monde des apparences. Mais que se cache-t-il derrière ce regard que Chardonne reflète dans le jeu des miroirs ? Sans doute une prise de conscience à mesure qu’il comprend : la douceur de la jeunesse ne pouvait être qu’une parenthèse de son existence...
Photo 1 : « Une jeunesse charentaise, les photos retrouvées de Jacques Chardonne » par Marie-Dominique Montel au Croît Vif. Les photos couvrent une période allant de 1909 à 1925. Chardonne, né en janvier 1884, est mort en mai 1968. Après Barbezieux, il a vécu à Paris où il a travaillé chez Stock. Les noms de Delamain et Chardonne sont intimement liés à cette maison d’édition. Près de la Comédie française à Paris, se trouve toujours la librairie Delamain.
Photo 2 : Présentation du livre de Marie-Dominique Montel à Jarnac Charente vendredi matin, à la maison Delamain. Certaines photos sont annotées par Chardonne lui-même. On y voit une photo d’Henri Fauconnier, écrivain, dont la maison se trouve à Barbezieux. Il fut proche des familles Boutelleau (Chardonne est le nom d’un village suisse où Jacques Boutelleau séjourna durant la première guerre mondiale. Il devint plus tard son nom de plume) et Delamain.
Photo 3 : Camille, la seconde épouse de Jacques Chardonne.
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