Rencontre avec Patrick Peyrelongue, responsable de cette entreprise située à Jarnac. Une visite des chais où vieillissent les eaux de vie et dans la cave médiévale, qui abrite alambic et vieux outils, mérite le détour...
Quand la maison Delamain a-t-elle été créée ?
La Maison Delamain a été créée, sous sa forme actuelle, en 1824. Mais les liens des Delamain avec le Cognac remontent à 1759, lorsque James Delamain arrive d’Irlande à Jarnac et s’associe avec son beau-père - dont la famille était négociants en Cognac depuis 1610 - pour fonder la société “Ranson et Delamain“, qui deviendra, avant la Révolution, la plus importante Maison de négoce de la région. Après la mort de James Delamain, la société a été dissoute pour des raisons de succession, et, après deux tentatives infructueuses, une nouvelle société a été fondée en 1824, sous le nom de « Roullet et Delamain ». Les Delamain ont racheté les parts des Roullet après la première guerre mondiale, et ont renommé la société «Delamain & Co.» en 1920. En 1994, la société Bollinger est entrée dans le capital et détient 34% des actions, la famille Delamain restant propriétaire de 66%.
Aujourd’hui, comment se porte-t-elle face aux grandes structures ?
Nous sommes en excellentes relations avec les grosses Maisons de la région, car nous ne leur faisons pas de concurrence, ne produisant pas une goutte de VS ou de VSOP. Par contre, notre spécialisation dans les vieilles eaux-de-vie de Grande Champagne ajoute un plus à l’image du Cognac... Nous faisons partie du «Syndicat des Maisons de Cognac», qui regroupe Hennessy, Martell, Courvoisier, Rémy Martin, Marnier Lapostolle ou encore Chateau de Cognac (Otard).
Quels sont les objectifs que poursuit une maison comme la vôtre ?
Nous sommes principalement exportateurs - à 87% - et expédions vers 70 pays environ, ce qui est intéressant pour une société qui ne compte même pas 20 personnes. Nous cherchons à être présents dans les meilleurs endroits : les plus beaux bars, restaurants, hôtels ou revendeurs. À Paris, ce sont le Ritz, le Crillon ou le Meurice, de même que Fauchon ou Hédiard. À Londres, Harrod’s, Fortnum & Mason ou le Connaught. À New York, le Pierre, Fifth Avenue Liquor Store ou Peter Morrell... C’est une politique que nous avons dans le monde entier.
Quels sont les marchés qui, selon vous, peuvent être développés ?
À l’heure actuelle, la Russie est devenue notre plus gros marché, mais le potentiel est énorme. Nous cherchons à développer nos ventes sur la Chine, où nous sommes présents depuis plusieurs années. Comme tout le monde dans la région, nous espérons que l’Inde quitte sa politique protectionniste et puisse enfin s’ouvrir. Autres marchés prioritaires pour nous : l’Europe de l’Est et du Nord où nous sommes déjà bien implantés. Une part importante de notre temps est passée en voyages, afin de « prêcher la bonne nouvelle » et convaincre la clientèle, en collaboration avec nos importateurs, qui sont eux-mêmes très spécialisés, et commercialisent les plus grands vins, Champagnes et spiritueux. Bien évidemment, nous essayons d’avoir les mêmes agents que Bollinger, mais sans aucune obligation, partageant des agences avec des Maisons comme Roederer, Taittinger, ou encore Salon ou Delamotte.
Votre point de vue sur le marché actuel du Cognac, en pleine embellie...
Le marché du Cognac est effectivement en progression, et, tout comme les grandes Maisons, nous sommes optimistes pour l’avenir. Compte tenu de notre petite taille, nous ne cherchons pas à réaliser de gros volumes mais, comme il est dit plus haut, nous préférons une distribution sélective.
Photo 1 : Patrick Peyrelongue (à droite) explique le vieillissement des cognacs Delamain (avec dégustation modérée !).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire