C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de Bernard Lévêque, décédé cette nuit à l'Ehpad de Bourg Nouveau à Jonzac à l'âge de 77 ans. Souffrant depuis des années, la maladie l'avait confiné dans un silence qui tranchait d'avec sa vie d'avant, si active et si dense. Héritier d'un hebdomadaire qu'avaient eux-mêmes dirigé son grand-père père Gaston (Le Courrier de Jonzac) et son père Pierre (La Voix Jonzacaise), il avait donné à ce journal un nouveau titre "La Haute-Saintonge", ainsi qu'une envergure qui le plaçait parmi les premiers tirages des hebdos du département. Novateur, il l'avait doté des premiers Macintosh, passant de la saisie sur photocomposeuse au numérique dans les années 80. A ses côtés, une équipe qu'il savait motiver et qu'il animait à l'ancienne, dans une ambiance familiale. Touche à tout, il est à l'origine d'un autre journal à Blaye, La Haute-Gironde qui a fait son chemin.
Bernard Lévêque : Quarante ans dans la presse hebdomadaire régionale (@ Nicole Bertin) |
Enfin libéré des contraintes physiques, puisse Bernard Lévêque retrouver cet enthousiasme qu'il aimait partager. Nos sincères condoléances à son épouse Delphine, ses enfants Elisa et Nathan, et toute la parenté. Ses obsèques seront célébrées mardi 6 août à 15 h en l'église Saint-Gervais, suivies de l'inhumation au cimetière de Jonzac.
• Article publié en avril 2012 lors de son départ à la retraite
« Avec la Haute-Saintonge, j’ai vécu une belle aventure professionnelle » !
Avec l’édition numéro 17 du journal La Haute Saintonge, se termine la carrière professionnelle de Bernard Lévêque, directeur de cet hebdomadaire depuis près de quarante ans. Une belle réussite dans la presse de province puisque ce titre est le premier en tirage des hebdomadaires du groupe Sud-Ouest.
L’heure de la retraite a sonné. Difficile à croire. On se dit que ce n’est pas encore fini, que le temps retiendra son souffle. Et pourtant, le 30 avril, Bernard Levêque, directeur du journal la Haute Saintonge, fera valoir ses droits à la retraite. Retour sur cette belle aventure faite de courage et de détermination.
Une famille d’imprimeurs
Bernard Lévêque est né après la deuxième Guerre Mondiale, dans une famille d’imprimeurs. À Jonzac, qui ne connaît pas l’imprimerie Lévêque implantée boulevard Denfert Rochereau, en face de la Caisse d’Épargne ? En 1909, Gaston, son grand-père, a racheté « l’Écho de Jonzac », l’ancien organe bonapartiste du baron Echassériaux, un élu qui a largement compté dans le paysage politique saintongeais. Il l’a débaptisé pour l’appeler « Le courrier de Jonzac ».
Son fils Pierre en a hérité. Soucieux de le moderniser, il l’a transformé en « Voix Jonzacaise ». Bernard, l’un de ses fils, lui succède en 1974. Il a abandonné son métier (contrôleur dans les PTT) pour reprendre l’entreprise familiale. Un acte à souligner car ce courage, teinté d’audace, a souvent caractérisé son comportement. Il tente l’aventure du privé quand d’autres auraient privilégié la sécurité qu’offre la fonction publique !
Il revient donc à Jonzac où il retrouve cette imprimerie chère à son cœur. Il faut avoir connu ces ambiances particulières, le bruit rythmé des Ofmi, les grincements de la presse Heidelberg, les odeurs d’encre flottant dans l’air et les papiers jonchant le sol près du massicot pour comprendre combien cet univers est passionnant.
Avez-vous déjà vu des casses contenant de minuscules lettres en plomb ? Assemblées une à une (les typographes avaient une étonnante dextérité), elles formaient des phrases, puis des articles entiers. Quand l’ensemble était composé, on posait " les formes " sur le marbre pour effectuer les corrections. Il en était de même pour les affiches et autres documents.
La Haute-Saintonge
Quand il reprend le journal familial, Bernard Levêque voit éclore le nouveau territoire de Haute-Saintonge qui s’étend de Jonzac à Saint-Aigulin. Il est porté sur les fonts baptismaux par le conseiller général de Jonzac, Claude Belot. Historiquement, cette entité géographique n’existe pas, sa création remonte donc au XXe siècle !
Pour coller à l’actualité, le nouveau titre du journal coule de source : ce sera " La Haute Saintonge " et les informations seront étendues à ce périmètre. Jusque-là, le journal de l’imprimerie Lévêque n’allait guère au-delà de la région de Jonzac ! Autrement dit, la surface rédactionnelle est appelée à s’agrandir.
Bernard se pique au jeu : ce journal l’intéresse, il a envie de le faire vivre et prospérer. Dire que tout se déroule selon ses plans serait erroné. En effet, à cette même époque et fait rarissime dans la presse de province, un autre titre voit le jour sur Jonzac. Il s’agit de " Saintonge hebdo " que lance Serge Cecarello, un ancien apprenti de Pierre Lévêque. Durant des décades, les deux titres concurrents se livrent une bataille acharnée. En découle une émulation qui, loin de les affaiblir, leur donne l’envie de progresser. Aujourd’hui, Serge Cecarello sourit à l’évocation de ce passé tumultueux : « quand on est jeune, on déplace des montagnes ! Malgré cette rivalité, j’ai toujours eu le plus grand respect pour la famille Lévêque ».
Précurseur, Bernard avait bien senti que d’importants changements allaient s’opérer autour de la saisie des textes et de l’impression. Il achète une linotype, combinaison de machine à écrire et de micro fonderie imaginée aux États-Unis (composition chaude). Un clavier permet de composer une ligne de texte complète en un seul bloc de plomb. La révolution technologique est en marche. Elle se poursuit avec les photocomposeuses qui offrent des textes impeccables sur le papier après développement. Ils sont ensuite filmés au laboratoire pour le montage. Ce dernier s’effectuait généralement le mercredi soir dans une joyeuse ambiance boulevard Denfert Rochereau. Le tirage et la mise sous bandes des journaux avaient lieu dans les locaux de l’imprimerie.
L’étape suivante, importante, salue l’arrivée des premiers ordinateurs en 1986. Novateur, Bernard réalise que l’imprimerie, qui n’avait guère évolué depuis Gutenberg, est en profonde mutation. Quand les premiers Macintosh sont installés à Jonzac, le journal entre dans l’ère de la modernité. Certes, nous ne sommes pas encore aux écrans plats ! L’ordinateur est gris, il ressemble à une boîte avec un écran. Son avantage est de posséder une mémoire de sauvegarde (disquette utilitaire), ce qui évite aux journalistes de perdre leur travail. Durant toute sa carrière, Bernard Lévêque est resté fidèle à la pomme de Steve Jobs ! Aujourd’hui encore, le journal est équipé avec du matériel Apple.
Un tirage multiplié par 20 depuis 1974
Avec le temps, la Haute Saintonge a pris son envol et son nombre de pages s’est étoffé. En 1974, le journal ne tirait qu’à 500 exemplaires. Son rachat, par le groupe Sud-Ouest à la fin des années 80, lui a permis de s’étendre et de disposer de moyens indispensables à son essor. Chaque canton dispose d’un correspondant sur les secteurs de Jonzac, Saint-Genis, Archiac, Mirambeau, Cozes, Montguyon, Montlieu, Montendre, Gémozac, Saintes et Pons.
Au sein du groupe SEPL, la Haute Saintonge a conservé le tirage le plus important. Deux ans de suite, elle a eu la chance de dépasser les 10 000 exemplaires vendus par semaine. Aujourd’hui et même si la crise a affecté de nombreux titres, Bernard Lévêque peut être satisfait de quitter un journal qui garde la tête hors de l’eau au sein des hebdos que dirige Philippe Delavaud. En effet, ce groupe réunit l’Hebdo de Charente-Maritime, le Journal du Médoc, le Résistant à Libourne et La Haute Gironde à Blaye (qui a d’ailleurs été créée par Bernard Lévêque en 1988).
Avec le départ de Bernard Lévêque, une page se tourne. Pas seulement parce qu’il quitte un titre bien connu, mais aussi parce qu’il y a laissé une empreinte. Sa patte, sa plume, vraie, originale et talentueuse, celle qu’on avait plaisir à lire.
Photo de famille de la Haute Saintonge lors du départ en retraite de Bernard Lévêque (au centre de la photo) |
L’équipe de La Haute-Saintonge - dont certains membres l’accompagnent depuis un bon bout de chemin - le remercie pour son engagement au sein d'un journal dans lequel elle s’est toujours sentie à sa place et à l’aise. Bernard Lévêque était un patron à part, celui qui souhaitait d’abord accomplir son projet dans une ambiance fraternelle, comme l’avaient fait avant lui ceux qui lui avaient transmis le flambeau, son grand-père, Gaston, et son père, Pierre.
Nicole Bertin
Que notre cher Bernard repose en Paix. Ce n'est pas seulement une famille qui est en deuil mais toute notre petite ville qui est dans la peine.
RépondreSupprimerDel
De
Del
Toutes mes condoléances Nicole, toi qui as partagé sa vie personnelle et professionnelle. Vous avez partagé également la douleur extrême de perdre un enfant. Tu devrais écrire vos souvenirs partagés du climat politique, sociologique de la vie jonzacaise (et au delà). Ce serait passionnant j'en suis sûre. Pour Bernard ces dernières années ont dû être terribles , lui qui ne pouvait plus du tout communiquer. On pense bien à Delphine, à ses enfants et à toi.
RépondreSupprimerC’est avec un grand regret que j’apprends le départ de Bernard Lévêque que j’aurais beaucoup aimé rencontrer plus souvent et connaître d’avantage si ma timidité et ma réserve ne m’en avaient empêchée.
RépondreSupprimerUn ami commun m’avait pourtant invitée à le contacter pour apprendre à utiliser les appareils Apple alors que j’étais bien jeune mais je n’ai pas osé le déranger dans son travail.
Je l’appréciais beaucoup néanmoins car il était toujours de bonne rencontre, il avait l’air si doux et aimable…
J’espère qu’il reposera en paix après avoir donné à tous et à toutes la chance de lire et de consulter un journal de qualité chaque semaine .
Mon grand père était un fervent admirateur de son travail et du travail de toute l’équipe. Il se délectait de ces travaux sur la table de la salle à manger chaque jour et parfois aussi à l’ombre des arbres du jardin si je me souviens bien. A tel point qu’il avait collectionné tous les ouvrages depuis des années et des années dans le grenier familial où les journaux étaient soigneusement ficelés par grand nombre dans une pièce qui sentait bon la paille et la poussière d’antan, où parfois les rayons du soleil venait transpercer la pierre pour faire de cet endroit comme une forteresse.
Ces bijoux je ne les ai plus mais je remercie Bernard et toute son équipe pour le bien qu’ils ont pu provoquer dans le cœur de ma famille.
Merci beaucoup Bernard Lévêque et bon courage à toi dans des cieux et des cimes qui seront t’accueillir à bras ouvert , tu le mérites tant.
Bien à toi
Stéphanie
Toutes mes condoléances à la famille de Bernard et à ses proches et amis
RépondreSupprimerEt merci à Nicole Bertin pour ce bel article
RépondreSupprimerBonjour chère Nicole, j'ai bien connu Bernard dans ma jeunesse, j'étais au lycée encore, je l'aimais beaucoup tellement ce poète, ce bout en train, ce personnage délicieux de délicatesse apportait dans la vie des autres tendresse, gaité, fou rire et générosité inoubliables
RépondreSupprimerJ'oubliais de préciser que tout le Monde appréciait sa plume alerte
SupprimerMerci de ton beau texte Nicole
RépondreSupprimerJe n' ai rien à ajouter si se n'est que ma pensée vous accompagne en ces jours difficiles, je présente mes plus sincères condoléances à toute sa famille et à ses amis. FAFA
Toutes mes condoléances à la famille de Monsieur Bernard Lévêque, et à sa fille Élisa à qui je pense à cet instant... Étant Petite avec Élisa nous accompagnions souvent Bernard à des soirées de Tous genre, pour qu'il puisse prendre de jolies photos pour accompagner ces articles dans son journal, j ai passé des mercredi à l'imprimerie à m'amuser sur les machines, je n'oublierai jamais ces bons moments, quelle joie, merci monsieur Bernard pour Tous ces bons souvenirs 🙏 reposez en paix..
RépondreSupprimerJe connais Bernard que depuis trente ans mais je l'aimais beaucoup. Je l'ai soigné dès ces premiers problèmes à l'hôpital. Il était adorable. Je pense beaucoup à Delphine qui a eu beaucoup de courage pour accompagner Bernard Bernard jusqu'au bout. Condoléances à toute la famille
RépondreSupprimer