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mardi 21 novembre 2023

Saintes/Aménagement du site Saint-Louis : Après ceux de Jean Rouger et Jean-Philippe Machon, le projet de Bruno Drapron sera-t-il enfin le bon ?

Lieu emblématique de Saintes, le site Saint-Louis est l’objet de toutes les attentions municipales depuis son rachat par la ville en 2007, durant le mandat de Bernadette Schmitt. Les maires successifs, Jean Rouger et Jean-Philippe Machon avaient des idées pour l'aménager. Pas les mêmes puisque leurs points de vue divergeaient politiquement. Aujourd’hui, un nouveau projet, conduit par l'équipe du premier magistrat, Bruno Drapron, est sur le devant de la scène

Du site Saint-Louis, la vue est imprenable sur la ville

Pour mémoire, l’équipe de Jean Rouger (maire socialiste élu en 2008) avait retenu les jeunes architectes Matthieu Wotling et Anne-Lise Bideaud en 2011. Lors d’une réunion publique, le couple avait défini les grands axes de ce futur quartier, exceptionnel de par sa situation dominante : « On y trouvera des logements, des maisons, une crèche, des magasins, un hôtel, un restaurant (côté panorama), un centre culturel, un pôle médical et divers organismes dont un équipement public dans l’ancien logis. Ainsi, Saintes s’apprête à hériter d’une superficie supplémentaire qui lui donnera une bouffée d’oxygène ». Jean-Philippe Machon, maire centriste élu en 2014, avait choisi de revoir la copie initiale en confiant une nouvelle étude au cabinet d'architecture Christophe Bidaud. Cette dernière comprenait des structures touristiques, des logements, un EHPAD, un hôtel dans le logis du gouverneur, un restaurant et un ascenseur reliant la ville basse à la ville haute. La concrétisation de ce projet, confiée en grande partie à des privés, avait été vivement critiquée par l’opposition ou plutôt les oppositions à Jean-Philippe Machon qui avait dû s'incliner aux Municipales de 2020. 

Prudent quant au site Saint-Louis, Bruno Drapron, devenu maire à son tour, a associé la population à ses réflexions et peu à peu, une feuille de route a vu le jour. Aujourd’hui, on peut se demander pourquoi cet endroit stratégique de la cité a suscité autant de réactions dans le passé ? Tout simplement parce que c’est un lieu historique renommé où, de longue date, les occupations se sont succédé depuis l'époque romaine où Mediolanum était capitale de la Gaule Aquitaine. En fait, ce promontoire qui domine le fleuve est habité depuis des lustres. A l’époque de la Guerre de Cent ans (XIVe, XVe siècles), la forteresse est tenue par les ducs d’Aquitaine, vassaux du roi d’Angleterre, puis les seigneurs fidèles au Roi de France. La ville est alors coupée en deux et le fameux pont sur la Charente (dit de Germanicus) en délimite la frontière ! La colline abrite alors trois édifices religieux : la chapelle Notre-Dame qui desservait le château, la chapelle Saint-Frion et l’église Saint-Agnant en surplomb du faubourg Berthonnière. En 1609, le roi Henri IV confie au gouverneur Louis de Pernes le soin d'édifier une citadelle à la place du château médiéval. L'actuel logis, dit du Gouverneur, en serait l’unique vestige. Il est transformé en hospice sous le nom "d'hôpital général Louis-le-Grand" en 1656. Louis de Bassompierre, évêque de Saintes, en fait un havre pour les indigents, pouvant accueillir jusqu’à 150 déshérités. Le marquis de Monconseil fonde une manufacture de draps dont les bénéfices servent à financer l’établissement. A la fin du XVIIIe siècle, la Ville en prend les rênes. En 1805, les Filles de la Sagesse assurent les soins jusque dans la première moitié du XXe siècle. En 1808, Napoléon 1er aide à la construction de l’aile ouest. Le dispensaire de salubrité publique voit le jour en 1860. La chapelle sort de terre en 1876, la maternité en 1905. L’hôpital général ne cesse de s’étendre durant le XXème siècle. Son déménagement en 2007 laisse une friche en plein cœur de ville. Friche que les édiles souhaitent valoriser à condition qu’on leur en laisse le temps et d'en avoir les moyens !

Le projet d'aménagement de l'actuelle municipalité

Une centaine de logements, un musée et un tiers-lieu

Samedi dernier, lors de la visite du logis du gouverneur, les élus présentaient au public leurs "ambitions" pour le site Saint-Louis. Sur un panneau, figuraient les différentes perspectives envisagées, le projet global faisant suite au schéma directeur. 

Explications de Joël Terrien, maire adjoint

• Logements : en ce qui concerne la centaine de logements, ils seront réalisés dans l'Îlot Bernard (dont 25% dans le cadre social). Les aménagements seront effectués en majorité à partir des structures existantes. « Nous avons lancé un appel à projets et à ce jour, quatre promoteurs ont répondu. Nous sommes en pleine négociation. Le dossier sera présenté en commission à l’opposition prochainement, la délibération devant être votée lors du prochain conseil municipal. Le choix final sera annoncé en séance publique le 7 décembre » explique Joël Terrien, maire adjoint. A noter que le terrain et les bâtiments seront la propriété de l’investisseur. 

• Le futur musée, quant à lui, sera implanté sur le site Saint-Louis. Voilà qui devrait mettre fin aux polémiques, le sommet de la vague ayant été atteint quand Jean-Philippe Machon avait annoncé son intention de l’implanter dans le vallon des arènes. Il s’agira d’une construction, perspective intéressante pour la Ville en matière d’architecture contemporaine (à l'image de Jonzac avec son complexe aquatique et son centre des congrès avant-gardistes). Pour l’instant, la Ville, qui ne souhaite pas brûler les étapes par des annonces tonitruantes, se penche sur ses réserves archéologiques, le musée de la place Bassompierre ayant fermé ses portes depuis des années. Elles ont été entreposées en différents lieux (dont la Trocante) où elles seraient stockées dans des conditions peu idéales, dit-on. Ainsi, dans un premier temps, la mairie a fait l’acquisition des locaux de l’ancien Liddle situé avenue de Nivelle. « Tous les vestiges que nous possédons, gallo-romains mais pas seulement, éparpillés pour l’instant, y seront regroupés, répertoriés, puis numérisés par des spécialistes. Nous saurons enfin exactement ce que Saintes possède et ce qu’il conviendra de valoriser dans le futur musée » remarque Joël Terrien. La réserve des Beaux-Arts est également concernée. « Une vue d’ensemble est nécessaire afin de répondre à cette question : Quelles sont les pièces déterminantes à retenir parmi ce riche patrimoine ? ». Certes, Saintes a été capitale de la Gaule Aquitaine dans l’Antiquité, mais elle a connu d’autres périodes florissantes qu’illustrent ses monuments, religieux en particulier. Sans oublier des périodes plus proches. 

Edifiée au XIXe siècle, la chapelle devrait rester un lieu d’exposition

• Le logis du gouverneur deviendra un tiers-lieu. Au rez-de-chaussée, seront proposées des activités ouvertes au public dont petits commerces, artisanat, associations ; à l’étage du coworking , espace de travail partagé. Des salles de réunions, destinées à des séminaires, sont également prévues. La Chapelle devrait rester un lieu d’exposition. Un promoteur, appelé à en assurer la gestion, est recherché. Un service de restauration, en lien avec le tiers-lieu, est envisagé. L’esplanade proche de la chapelle conservera sa vocation culturelle et d’animation.

Le logis du gouverneur a été transformé en hospice
sous le nom d'hôpital général Louis-le-Grand au XVIIe siècle

Deux maisons situées à l’entrée du site seront incluses dans le volet touristique. A partir de janvier, la démolition de l’aile sud de l’ancien CH est programmée. Aucune nouvelle fouille préventive n’a été annoncée à ce jour.

Dans les terrains situés en contrebas, des jardins et des potagers seront créés. A l'entrée, s'ajouteront un espace pique-nique, des jeux pour les enfants et une guinguette. Enfin, le belvédère restera l’observatoire privilégié offrant une vision d’ensemble de l'agglomération. « Ce promontoire exceptionnel permettra aux visiteurs d’avoir une lecture générale de la cité, son centre-ville, ses artères, ses différents monuments, ses structures sportives, etc. Une invitation à la découverte ! » conclut Joël Terrien.  

Surplombant les rives de la Charente, ce site haut perché devait accueillir
le forum à l'époque romaine de Medialanum

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