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mardi 24 octobre 2023

Royan : Le grand prix 2023 de l’Académie de Saintonge remis à Mickaël Augeron - Jean Bernard-Maugiron et Isabelle Arzul distingués

Dimanche 1er octobre à Royan, lors de sa cérémonie annuelle, le grand prix 2023 de l’Académie de Saintonge a été remis à Mickaël Augeron. Jean Bernard-Maugiron et Isabelle Arzul ont reçu respectivement les prix Jean-Claude Dubois et Ville de Marennes

• Grand Prix 2023 de l’Académie de Saintonge remis à Mickaël Augeron pour Les corsaires de Dieu (éd. Indes Savantes ) 

Rapport présenté par Christine de Ponchalon

 Mickaël Augeron est maître de conférences en histoire moderne et contemporaine à La Rochelle Université. Ses domaines de prédilection sont l’expansion maritime et coloniale des protestantismes du XVIème au XXème siècle ; les sociétés coloniales, la Nouvelle France et la Nouvelle Espagne ; les mémoires et patrimoines coloniaux ; l'histoire de La Rochelle et du littoral charentais.

Il a dirigé ou co-dirigé une douzaine d’ouvrages. Je vous en cite deux Les huguenots et l’Atlantique. J’aime tout particulièrement le titre du volume 1 Pour Dieu, la Cause ou les Affaires ?. J’ajoute La Rochelle, l’Aunis et la Saintonge face à l’esclavage.

Mickaël Augeron reçoit aujourd’hui le Grand Prix 2023 de l’Académie de Saintonge pour son ouvrage actuellement à l’impression Les corsaires de Dieu, les huguenots et la guerre maritime dans la seconde moitié du XVIème siècle.

Au début de la troisième guerre de Religion (1568-1570), La Rochelle devient la capitale de la cause huguenote et le port atlantique de la guerre de course. C’est une guerre religieuse, politique, économique, une « guerre sur mer » anti-catholique se déroulant principalement de Calais à Gibraltar. Les prises sont les navires de commerce de haute mer, mais aussi de très nombreux petits bateaux cabotant le long des côtes. Certains corsaires chassent aussi jusqu’aux Açores, à Madère et aux Antilles. C’est sur ces vastes rivages atlantiques que la découverte de nouveaux fonds d’archives ont permis à Mickaël Augeron d’enrichir un texte en devenir aboutissant aujourd’hui à l’ouvrage que l’Académie a choisi de distinguer. 

Les « Lettres de course », délivrées aux capitaines par le pouvoir protestant, permettent à ces derniers de se différencier des pirates et de bénéficier d’une part des biens saisis sur les navires arraisonnés. Un financement immédiat et vital pour l’avancement de la Cause.

Un passionnant ouvrage sur cette période pleine de bruit, de fureur et de sang, sous le pavillon de « la vraie religion ».

 • Le Prix Jean-Claude Dubois remis à Jean Bernard-Maugiron pour Un carrelet sur l'île Madame (éd. du Ruisseau)

Rapport présenté par Emmanuel de Fontainieu

Jean Bernard-Maugiron, ce bienheureux, possède un carrelet sur l’île Madame... Le ponton est perché à 6,4 m au-dessus de l’estran, dans l’ouest de la plus petite île de nos pertuis. « Fer à cheval rocheux rempli de bri », Madame est une île que l’on accoste difficilement. On y accède plutôt par un tombolo, passage de sable et de galets qui découvre à marée basse. Suspendu dans la lumière ou arpentant son territoire insulaire, l’auteur raconte ce qu’il vit, ce qu’il voit.

Les repères historiques émaillent le livre : l’épopée du sel, l’édification par l’Etat d’une ceinture de forts, l’épisode tragique des prêtres réfractaires martyrisés durant la Terreur, l’internement des communards, puis des militaires « incorrigibles »...

Mais il raconte surtout un art de vivre dans le retrait du monde. « L’encabanage volontaire » dans un endroit si beau est une clé du bonheur. On y éprouve « la difficulté d’être, on y partage la joie d’exister ». Simplement ici, en son temps et en son lieu. Est-on jamais seul quand la nature s’offre à soi ? Il suffit d’ouvrir les yeux : fixer le miroitement de l’eau, observer les nuages, les étoiles, identifier les oiseaux, nommer les plantes et les créatures de la mer.

Ce faisant, ce manuel de la Vie belle poursuit une visée littéraire. L’écriture procède par digressions successives. Le projet du livre – faire le tour de l’île et rendre visible le passage du temps - dicte une démarche : l’auteur navigue « à vue », l’érudition se plaçant à la remorque de l’œil. Et l’inventaire devient plaisir de dire. Plaisir de lire aussi, par truchement. Jaillissement d’une matière poétique, adossée aux lais et relais de la mer. « Plaignons les peuples sans marées, ni saisons » !

Jean Bernard-Maugiron aux côtés d'Emmanuel de Fontainieu

• Prix de la ville de Marennes remis à Isabelle Arzul (responsable de l’unité ASIM de l'Ifremer) pour ses recherches sur l'immunité et l'ADN des huîtres

Rapport présenté par Olivier Dubois

Coquillages, mollusques et en particulier les huîtres, ainsi qu'invertébrés marins sont les principales raisons d’être de l’Ifremer. Cet établissement public, basé à La Tremblade, est connu pour être le laboratoire référent pour l’Union Européenne sur la recherche des mollusques. La seconde vocation de l’Ifremer est de mieux connaître l’environnement marin et d’exercer une vigilance sur le développement des céphalopodes (la famille des pieuvres et des calmars).

A la tête du projet européen Vivaldi (durant 4 ans, autour de 21 équipes) sur la prévention des maladies et leur impact sur les coquillages, l’Ifremer et en particulier l’unité de recherche ASIM dirigée par Isabelle Arzul (docteur et cadre de recherche) a pour mission d’étudier les organismes pathogènes touchant les coquillages. La recherche se diversifie dans le séquençage de l'ADN des huîtres, la connaissance de leurs moyens de défense, l’analyse des modèles de transmission des espèces, ou encore l'étude des environnements favorables à leur défense et à leur développement.

Cette équipe vient de réaliser un bel exploit en découvrant la capacité des huîtres à développer une défense immunitaire. Cette capacité, inconnue jusqu'ici, est riche de promesses puisqu'elle pourrait aboutir, à terme, à la création d’un vaccin contre l’herpès, une maladie qui cause des ravages dans les populations d'huîtres.

L’expérience de l’Ifremer de La Tremblade, et de sa responsable de recherche, Isabelle Arzul, est de s’apercevoir que tout autant que d’apporter des réponses, la recherche amène à se poser des questions, de nouvelles questions... et d’expérimenter, avec admiration, que la complexité de la vie est sans fin.

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