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mardi 31 octobre 2023

Eglise de Chepniers/Peintures murales : Le symbole de la volonté municipale de sauvegarder son patrimoine et de le valoriser

Lors du colloque consacré aux peintures murales en Haute Saintonge qui s’est tenu jeudi et vendredi derniers à Jonzac, la visite d’édifices religieux était inscrite au programme. A Chepniers où l’église a été remarquablement restaurée, les peintures murales ont fait l’objet d’une présentation détaillée par Marie-Pierre Niguès, architecte du patrimoine et maître d’œuvre aux côtés de Thierry Clémenceau, maire, et Philippe Jounet, ancien élu de Chepniers en charge du dossier des travaux. Le lendemain, samedi, l'édifice recevait la société des Archives historiques de l'Aunis et de la Saintonge que préside Pascal Even

Les quatre Evangélistes
La voûte étoilée

En 2022, était saluée la renaissance de l’église de Chepniers qui a bénéficié d’une heureuse conjecture. Oubliée la période délicate où elle était jugée trop dangereuse pour être ouverte au public ! Pour les habitants, c’est un fleuron local, une richesse dont ils sont fiers ; pour les amoureux du passé, un endroit où les étudiants en histoire de l’art pourront s’attarder et les conférenciers échanger ; pour les croyants, un lieu de culte et de recueillement ; pour tous enfin, un symbole de la volonté d’une municipalité de sauvegarder son patrimoine et de le valoriser. Quatre tranches de travaux ont été nécessaires. 

Remontons le temps : 

Présentation par Marie-Pierre Niguès, architecte du patrimoine

L’église de Chepniers a été édifiée entre la fin du XIIe et le XIIIe siècles sous l'impulsion de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem située à Bussac. Le faux carré constitue la partie la plus ancienne, puis viennent le chœur et la nef. Le monument a été construit avec ce que l'on appelle localement « la pierre de grison », grès qu’on ne peut pas restaurer. Quand il est dégradé, il redevient du sable. En conséquence, les restaurations faites sur l’église n'ont pas utilisé ce matériau puisque les carrières étaient taries dès la fin du XVIe, début XVIIe dans la région. Les pierres calcaires ont donc été privilégiées, ce qui est notamment le cas pour le clocher daté de 1899. L'ancien avait été malmené durant la Révolution parce que le curé à l'époque était royaliste ! 

Qu’en est-il des peintures murales ? Une visite pastorale de 1733 fait référence, de manière explicite, à de vieilles peintures quasiment effacées qui ornent les deux parties du chœur. En effet, des éléments ont été dégagés en 2016, tel un décor au pochoir au-dessus du portail occidental. 

En 1863, le curé de l’époque décide de renouveler tout le mobilier de l'église pour rénover l'intérieur du bâtiment. Cette opération se prolonge par la commande d'un programme de polychromie entre 1870 et 1875. Elles ne sont pas signées. Il a fallu faire des investigations aux Archives départementales de la Gironde pour trouver, sur un petit document iconographique, la mention de Chepniers dans le fonds de l'atelier bordelais réputé Jean-Louis Augier et Léon Millet. Il a beaucoup œuvré dans la région, Arces, Montlieu la Garde, la chapelle de la maison de retraite, etc. 


Quand l’équipe intervient à Chepniers, elle travaille sur un substrat polychrome déjà existant, en très mauvais état. Elle a procédé en deux temps : d'abord le chœur et la coupole, dont la palette colorée est variée. Elle a terminé par la nef qui a la particularité d'intégrer les stations du chemin de croix. Sa bénédiction a eu lieu en 1875.

Les peintures murales que Rosalie Godin, conservatrice-restauratrice de biens culturels, a trouvées en 2016 étaient altérées par des remontées capillaires importantes et des infiltrations nourries notamment par les glacis des contreforts. Lors du diagnostic de 2014, des arbres poussaient dans les glacis, notamment côté nord avec un phénomène de capillarité qui formait véritablement des entonnoirs nourrissant les maçonneries intérieures en humidité. Le chantier de restauration a donc concerné le clos et le couvert, assainissement des maçonneries, consolidation de la charpente de la nef, fissures. Tout ce travail a été accompagné par une surveillance constante lors des prestations « sensibles » des maçons tailleurs de pierre. L’intervention sur les surfaces polychromes est venue ensuite avec le choix de ne pas céder à la possibilité de repeindre tout ! Ont été utilisées les méthodes les moins intrusives possibles. Aux décors, s'est ajoutée la restauration du mobilier, des fonts baptismaux, la grille, la chaire. Une ventilation haute a été installée, le chauffage a été repensé ainsi que l’éclairage.

Aujourd'hui, l'église de Chepniers a de belles décennies devant elle !

Jeanne d'Arc

• Le maire, Thierry Clémenceau, a déploré le vol de descentes en cuivre extérieures : « ces dégradations volontaires sont vraiment regrettables ». Chepniers n’est pas la seule commune à avoir subi de la visite. Une enquête minutieuse a conduit à l’arrestation des auteurs venant de Gironde. Malheureusement, le cuivre n’a pas été retrouvé. 

• Le chemin de croix a été restauré par l’atelier Arthema de Nantes, à l’exception de quelques stations, trop altérées. 

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