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mardi 20 juin 2023

Meux/Catherine Simon-Goulletquer : Les Chesnel, une passion saintongeaise

Meux/Annapolis Royal : Sur les traces de Dugua de Mons et Judith Chesnel

Samedi après-midi, il règne une joyeuse ambiance dans la salle municipale de Meux fleurie d’immenses bouquets d’hortensias, ceux-là mêmes qui poussent au pied de l’église. Des "hydrangeas" qu’apprécie Nicky Phelps, tout de rose vêtue, propriétaire du logis de Meux que Monique Guilbot a restauré voici quelques décennies. 

Le moment est émouvant. En effet, Catherine Simon Goulletquer, une enfant du pays, tourne officiellement une page familiale. Avec la disparition de sa mère, la maison de son enfance, située à Réaux, a été vendue. En hommage à ce temps heureux passé au cœur d’une Saintonge qui lui est chère, elle a publié un ouvrage sur la célèbre famille Chesnel dont l’un des membres, Judith, se maria en 1597 au célèbre Dugua de Mons, proche de Samuel de Champlain, fondateur de Québec. 

Présentation du livre sur les Chesnel par Catherine Simon Goulletquer

Devant une nombreuse assistance où l’on reconnaît entre autres l’historien Marc Seguin, Philippe Gautret, nouveau président de l’université d’été, Nelly Gillet, enseignante, Marie-Paule Ouvrard, adjointe, Jean Prou, vice-président du Conseil départemental, Chantal Duret, maire, accueille l’invitée du jour : « il n'est pas courant qu’un livre soit publié sur la région » dit-elle, d’autant qu’à travers lui, est valorisée la personnalité de Judith Chesnel qui habita le logis de Meux au XVIe siècle. 

Ancienne journaliste et correspondante de presse aux USA, l’auteure a de nombreuses cordes à son arc. Elle a été enseignante, traductrice et psychanalyste intégratif. Elle luit doit de nombreuses publications et son écriture a été saluée en 2000 par le prix des Mouettes pour son premier livre « Femme de la Côte ». 

Plus qu'un livre, un lien

« Je suis tellement heureuse d’être parmi vous. Voisins, amis, vous êtes venus de Jonzac, Saintes, Angoulême. Cette rencontre permet de se réunir, de profiter les uns des autres » remarque-t-elle avec émotion. « Ce livre, c’est comme s’il avait voulu venir de lui-même. Il est né lors d’un déjeuner en présence de l’éditeur Michel Teodosijevic et de Judith Rapet ». L’idée est intéressante, encore faut-il la financer ! Un pré-achat d’ouvrages par la CDCHS et son président Claude Belot est un signe prometteur. « Ce livre est entré sur une nouvelle orbite, il est devenu concret. J’ai alors entrepris d’importantes recherches ». 

Que dire des Chesnel de Saintonge ? « Du plus loin que l'on remonte dans le temps, le premier à arborer les armoiries de la Maison des Chesnel de Saintonge est un évêque. Rainald Chainel, 34ème évêque de Saintes au XIIe siècle, fut consacré par le Pape en personne. Le deuxième à faire son apparition dans un hommage rendu au châtelain de Jonzac en 1321 est Amaldo Cheyna. Peut-être fut-il l'arrière grand-père de ce Loys Chesnel, qui, avec Blanche de La Laigne, va fonder la dynastie des Chesnel de Saintonge, dont nous conservons la trace jusqu'à l'extinction de son nom au XVIII° siècle. Leur descendance formera la branche aînée de Meux et la cadette, celle de Moings et de Réaux. La première s'est arrêtée à la neuvième génération. La branche cadette a donné lieu au rameau de Migré avant de s'étendre à Cherves-Richemont (Château-Chesnel), Écoyeux, Fouras et autres places. Elle s'éteignit à la onzième génération. Après nous être attachés à l'histoire des différentes générations de cette dynastie d'hommes d'armes ou de religieux, tous catholiques et dévoués au roi, nous avons consacré une quatrième partie à leurs épouses, en particulier à Judith Chesnel, qui épousa à La Canonnerie (Réaux), le fondateur de l'Acadie et cofondateur de Québec, Pierre Dugua de Mons ». Se pencher sur le passé, c’est mieux comprendre le présent, prétend le vieil adage. Catherine Goulletquer aide le lecteur à entrer dans le temps d’avant. 

Séance de dédicaces
 

Elle ravive des souvenirs personnels, plus récents : ses copines à l’école primaire, sa correspondance au journal à La Haute Saintonge quand Bernard Lévêque en était le directeur, son intérêt pour l’université d’été animée par Jean Glénisson. Une université francophone Saintonge Québec s’il vous plaît : « de ce fait, je me demandais si j’avais des aïeux qui étaient partis en Nouvelle France. J’ai un peu d’ADN du Nouveau Monde ! ». Elle évoque l’éditeur du Croît Vif, François Julien Labruyère : « il plaisantait en déclarant que pour moi, Réaux était le centre des Charentes. En réalité, c’était le centre du monde ! ». La sortie de cet ouvrage sur les Chesnel correspond à un rêve qu’elle nourrissait depuis longtemps. Et de souligner son goût pour l‘étude des archives. 

Femme déterminée, elle en profite pour saluer Judith Chesnel de trente ans la cadette de son mari Dugua de Mons. Manifestement, ce n’était pas le grand amour entre eux. Ils se sont d’ailleurs séparés et elle s‘est battue jusqu’au bout pour défendre ses droits (elle est enterrée à la basilique Saint-Eutrope à Saintes). L'histoire n'est que la géographie dans le temps, comme la géographie n'est que l'histoire dans l'espace, écrivait Elisée Reclus.

Ne manquez pas cette lecture passionnante qui vous conduira à la rencontre de personnages tantôt ambitieux, tantôt attachants !

Clin d'œil de Meux à Annapolis Royal

Devant le logis de Meux où habita Judith Chesnel (© NB)
Un bonjour à nos cousins d'Outre Atantique !
La relève féminine est assurée !

Le groupe se dirige ensuite vers le Logis de Meux. Ce samedi correspond à un alignement des astres : alors que les participants admirent l’architecture de la demeure où a vécu Judith Chesnel, le lendemain à Annapolis Royal au Canada, son mari Dugua de Mons est honoré en présence d’une délégation venant de Royan (ville où il est né). 

Pour fêter cette heureuse coïncidence, une photo est faite dans la cour que nous dédions à nos amis d’Outre Atlantique ! Pour mémoire rappelons qu’au début des années 1600, des colons français ont créé le premier établissement permanent en Amérique, à Port-Royal, où plusieurs générations ont vécu avant le Grand Dérangement de 1755 (prise de possession par les Britanniques des colonies françaises en Amérique du Nord). Si l’Acadie a été rayée de la carte, une partie de son histoire reste bien vivante ! 

Tableau du logis de Meux (collection Monique Guilbot)

• Vaillants Saintongeais : Avant de se retirer au château d'Ardennes (près de Pons), Pierre Dugua de Mons a effectué des voyages outre Atlantique. Il est nommé par le roi Henri IV vice-amiral et lieutenant général en Acadie en 1603. L’octroi du monopole de la lucrative traite des fourrures l’aide à financer ses expéditions (à l’époque, les homme portent des toques en castor et apprécient le lynx et la loutre). En 1604, il part avec le cartographe Samuel de Champlain, bien connu à Brouage. Cette heureuse initiative aboutit à la création d'une habitation à Port-Royal, considérée comme l'acte de fondation de l'actuelle ville d'Annapolis-Royal. Par la suite, Samuel de Champlain fonde Québec.

Les Chesnel de Saintonge, éditions Le passage des heures que dirige Michel Teodosijevic.


PHOTOS NICOLE BERTIN

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