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jeudi 25 mai 2023

Saintes/Théâtre/Compagnie du Veilleur : Attention, un Tartuffe peut en cacher un autre !

Dernièrement, dans le cadre bucolique du Jardin Martineau, le Gallia Théâtre présentait la pièce « Le Tartuffe ou l’Hypocrite » jouée par la Compagnie du Veilleur avec, dans ses rangs, Yannick Jaulin. Revisitée, la pièce de Molière n’a pas pris une ride et suscite de nouvelles questions qu’on ne se posait peut-être pas au XVIIe siècle…

La Compagnie du Veilleur
Tartuffe, Elmire, femme d'Orgon, Damis 

Qu’est devenue la pièce initiale de Molière en trois actes ? Nul ne le sait. On devine aisément les raisons qui ont conduit Molière a modifié la première mouture. Donnée sous le titre « Le Tartuffe ou l'Hypocrite » au château de Versailles en 1664 devant Louis XIV, elle avait été interdite à la demande de l'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe. Montrer des membres du clergé sous un jour cupide et manipulateur - face à la rivalité janséniste - ne pouvait que susciter l’émotion à la cour du Roi. Molière s’exécute et après quelques péripéties, la version définitive est un triomphe. A sa mort, si Molière fut privé d’un rite funèbre réservé aux personnages connus (son enterrement eut lieu à la tombée de la nuit, sans aucune pompe), l’Eglise n’a pas refusé une sépulture religieuse à ce comédien qui faisait rire le public en raillant les dévots. 

De dévot, il est justement question dans le Tartuffe revu par le professeur de littérature Georges Forestier, soucieux de renouer avec le texte primitif de la comédie, plus aiguisé et moqueur que la version officielle. Cette réécriture a retenu l’attention du metteur en scène Matthieu Roy : « En créant ce personnage de Tartuffe, véritable dévot débordé par le désir, Molière semble entraîner la critique et la réflexion encore plus loin. Ce choix de l’ordre religieux de bannir toute sexualité est-il compatible avec l’humanité ? Près de 400 ans après l’écriture de cette pièce, l’Eglise est toujours aux prises avec les mêmes contradictions. La version en 3 actes proposée est sans doute beaucoup plus critique que celle en 5 actes que nous connaissons. Georges Forestier a entrepris un travail remarquable de reconstruction de la version de 1664 » explique-t-il.  

Orgon refuse de croire Damis qui lui révèle les vraies intentions de Tartuffe
La tentation de la chair !

L’action se déroule dans les années 1920 et le dévot (ou censé l'être) empressé qui cherche à séduire Elmire n’est autre que Tartuffe, alias Yannick Jaulin. Enjôleur, menteur, il entend faire d’elle sa maîtresse. La femme d'Orgon, son bienfaiteur, résiste à ses roucoulades et repousse ses assauts. Elle en informe son époux qui refuse de la croire. L’accusé est si pieux ! En conséquence, elle se voit dans l’obligation de lui montrer "en direct" les intentions mal placées de Tartuffe. En observateur, Orgon se cache à l’arrière de la voiture. Ce même Orgon qui, ayant chassé son fils Damis, a légué tous ses biens à Tartuffe. 

Quand il réalise l’hypocrisie de cet homme à qui il avait donné le bon Dieu sans confession, il est trop tard ! La famille est ruinée et Tartuffe n’en est aucunement affecté. Trompé, Orgon a déshabillé les siens pour habiller Tartuffe. Fin volontairement abrupte appelée à susciter la réflexion du public…

Bravo à la Compagnie du Veilleur (qui avait joué la veille Les Valentin de Pierre Henri Simon) et à Yannick Jaulin. Quelle belle carrière depuis ses tout débuts passés par le Théâtre du Château de Jonzac où il avait été invité par l’association culturelle de l’époque (CAAJ) !  

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