La basilique Saint-Eutrope, classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, vient de bénéficier d’une campagne de restauration. Samedi dernier, était saluée la première phase de travaux relative au mur nord. Ce chef d’œuvre de l’art roman saintongeais a retrouvé sa splendeur !
La basilique Saint-Eutrope est un monument emblématique de Saintes. Chef d’œuvre de l’art roman, sa crypte constitue l’un des hauts lieux à découvrir dans la région. Endroit secret, énigmatique, il fascine par son impressionnante forêt de piliers romans, massifs et sculptés, qui entoure le tombeau du premier évangélisateur de la Saintonge. Chacun attendait avec impatience que soient exécutés des travaux permettant de protéger ce patrimoine remarquable. Vœu exaucé : samedi matin, le maire de Saintes, Bruno Drapron, entouré par de nombreuses personnalités dont la sous-préfète, Véronique Schaaf, et Margarita Sola, conseillère régionale, aux côtés des associations spécialisées dans le patrimoine et l’histoire, ont inauguré la première phase de travaux de restauration concernant le mur du chevet nord et son décor roman (près du clocher) ainsi que la gestion des infiltrations des eaux pluviales dans les maçonneries. En effet, en 2019, un diagnostic urbain, archéologique et architectural de l'édifice a souligné de nombreux désordres (érosion des parties sculptées du décor roman, forte usure de l'étai de soutènement du parvis ouest, problème d'humidité de la crypte et développement d'algues sur les chapiteaux) nécessitant un programme rapide d’intervention. Après cette première étape, suivront l’assainissement et le traitement de la crypte, puis l’aménagement et sa mise en valeur avec le parvis.
• Les travaux détaillés par le service « Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine, site de Poitiers » : Les travaux de maçonnerie et de taille de pierre ont permis de nettoyer l'ensemble des pierres qui étaient couvertes d'une épaisse couche de mousses et lichens. Les pierres les plus altérées ont été remplacées par des pierres locales des carrières de Thénac. Pour ne pas avoir à les remplacer, certaines colonnettes et certains chapiteaux ont été retournés sur leur verso. Les maçons ont également consolidé les fractures et lézardes qui fragilisaient l'absidiole, remplacé les joints en ciment par des joints à la chaux, et redonné de la cohésion aux maçonneries situées à l'intérieur des murs en procédant à des coulis de chaux. Enfin, les sculpteurs ont procédé à la restauration de l’ensemble des ornementations.
Cette première phase de travaux a permis également de restaurer la couverture et la charpente du chœur de l’édifice. Les charpentes ont été nettoyées et la couverture en tuiles plates a été restaurée. Le système d’évacuation des eaux de pluie a été entièrement remplacé pour assurer le bon état sanitaire du monument. Un dallage calcaire évitant l’infiltration au pied des murs et préservant le sous-sol archéologique a été aménagé au pied de la façade. Les verrières du mur nord du chœur et de la crypte ont été restaurées par un maître-verrier. Les travaux ont été accompagnés de recherches en archéologie du bâti qui ont permis aux archéologues, chercheurs et universitaires d’avoir accès aux échafaudages. Grâce à cela, plusieurs découvertes ont eu lieu pendant le chantier. Une colonne romane, provenant d’un état antérieur de l’édifice, a ainsi été mise au jour. Des traces d’incrustations de matériaux polychromes ont également été découvertes sur certaines pierres de parement .
Originalité des modillons contemporains : « Un certain nombre de modillons étaient inachevés et laissés nus, vraisemblablement au moins depuis le XIXe siècle. Il a été décidé de réaliser, pendant cette première phase de travaux, des sculptures contemporaines, inspirées de notre époque, sur douze de ces modillons. Le thème choisi a été celui de la crise du covid-19 qui a touché le monde à partir de 2020. En s’inspirant des bestiaires et de la symbolique animale fréquemment utilisés par les artistes romans, l'architecte et les sculpteurs ont imaginé un discours narratif illustré par des animaux, des postures humaines et des symboles propres aux croyances populaires habituellement illustrées par les modillons ».
• Des entreprises agréées « Monuments Historiques » ont réalisé les travaux sous la conduite de Sunmetron, agence d’architectes du patrimoine, et sous le contrôle scientifique de la Conservation régionale des Monuments historiques (DRAC Nouvelle-Aquitaine).
Les intervenants : Pierre de taille : Les Compagnons de Saint-Jacques ; Sculpture : Ateliers Enache ; Charpente - couverture : Gautier ; Vitraux : Dupuy ; Archéologie : Inrap.
La prochaine phase, programmée en 2023 et qui devrait se terminer en 2024, permettra de restaurer et d’assainir la crypte et l’avant-crypte.
• Les « rendez-vous de chantier », mis en place par le service Ville d’art et d’histoire de Saintes, ont permis au public de suivre les travaux et de rencontrer les différents corps de métiers. Des ateliers pédagogiques ont été mis en place. Plus de 1000 enfants ont découvert le chantier, les métiers, l’art roman, l'architecture.
Félicitations pour les Tailleurs de Pierre .
RépondreSupprimerExplications auprès des guides Conférencieres .