Dimanche soir, Emmanuel Macron n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue au Parlement. Ensemble décroche 245 sièges. La Nupès, alliance des principaux partis de gauche, devient la deuxième force de l'Assemblée avec 133 députés. Le Rassemblement national obtient 89 sièges, Les Républicains et l'UDI 64 sièges. Pour travailler sereinement et valider ses réformes, le gouvernement a besoin de 45 voix supplémentaires. Il devra donc composer avec un certain nombre "d’alliés". L’heure est aux négociations et rapprochements…
Tremblement au sommet de l’Olympe ?
Dimanche soir, la France a connu un coup de chauffe (normal, une grande partie du pays était sous l’effet de la canicule !). En effet, ce grand centre qu’est la République en Marche n’a pas réussi à obtenir la pleine majorité à l'Assemblée Nationale. A ses extrémités, la Nupès et le RN ont tiré leurs épingles du jeu : leurs groupes respectifs feront entendre leurs voix.
Quelle que soit la manière dont on interprète ce vote partiellement représentatif puisqu’un Français sur deux seulement s’est exprimé, il est probable que les choix des électeurs résultent du bon vieux dicton « ne pas mettre ses œufs dans le même panier » et du mécontentement qui se fait sentir depuis plusieurs années. Entre autres, émiettement du pouvoir d’achat, prix exorbitant de l’essence et de l'énergie, insécurité grandissante dans certains quartiers, difficultés dans le domaine de la santé, inquiétudes quant à l’avenir climatique et environnemental. Contrairement à la citation, « tous les Français ne sont pas des veaux » ! Ils ont voulu montrer que leur liberté de penser, contenue pendant les confinements liés au covid, avait encore des capacités à s’évader hors des sentiers balisés. Certes, l’ambiance risque d’être tendue au Palais Bourbon face aux divergences qui opposent la Nupès et le Rassemblement national. Mais après tout, n’est-il pas logique de parlementer dans un Parlement ?
Nouveauté dans l’hexagone, Marine le Pen va présider un groupe conséquent. Est-elle parvenue à dédiaboliser son parti ? En tout cas, et même si elle n’a jamais remporté la Présidentielle, elle a évité cette année de nombreux écueils, situation qui a favorisé l’élection de 89 députés RN (pour mémoire, 35 en 1986, 8 en 2017). Si elle se réjouit naturellement de cette victoire, cette dernière la met à nu, si l’on peut dire : « Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivences et respectueuse des institutions » dit-elle. Durant les cinq ans à venir, elle aura à "prouver", aux yeux de ceux qui la combattent âprement, que le RN peut apporter sa pierre à l’édifice et être une véritable force de propositions et non d’opposition systématique.
La Nupès, dont les composantes (PS, PC, LFI, EELV) conserveront leurs spécificités, aura elle aussi à faire ses preuves. Ces dernières sauront-elles garder l’unité affichée durant la campagne ? Sur la question du nucléaire en particulier.
En ce qui concerne le parti présidentiel, des tremblements viennent d’agiter le Mont Olympe cher à Jupiter. Compte-tenu de la forte personnalité d’Emmanuel Macron, il y a fort à penser qu’il rebondira rapidement et mettra en place des stratégies avec une partie des Républicains et du Centre gauche.
Marginalisés depuis des années (comme le PS), écrasés lors des Présidentielles, les Républicains accepteront-ils la main tendue par la République en Marche afin de retrouver une place à l’échelon national ? Courtisés alors qu'on les annonçait moribonds, voilà une "renaissance" inattendue ! Dès dimanche soir, les avis étaient partagés entre Christian Jacob et Jean-François Copé. Toutefois, on pouvait ressentir une sorte de jubilation - compréhensible - de la droite d’être l’objet du désir de la Macronie.
Laquelle a perdu des fidèles lieutenants, Christophe Castaner et Richard Ferrand en particulier. Les propos tenus par la Première ministre Elisabeth Borne, après l’annonce des résultats, étaient à la fois teintés de déception et de la volonté du Gouvernement d’avancer : « La situation est inédite, jamais l’Assemblée nationale n’a connu une telle configuration sous la Ve République. Elle constitue un risque pour notre pays qui a des défis à affronter. Nous travaillerons à constituer une majorité d’actions. Des sensibilités multiples devront être associées et de bons compromis bâtis afin d’agir pour la France ».
Ne reste plus qu’à attendre la suite des évènements en sachant que tout se jouera à la rentrée : soit le pays, confronté aux menaces qui résultent de la guerre en Ukraine (approvisionnement en gaz, etc), trouve une stabilité, soit la crise va s’accentuer et dans un tel cas, qu’en sera-t-il des fameux "boucliers" censés protéger la population ?…
Résultats en Charente-Maritime
- 4e circonscription Jonzac/Royan : Raphaël Gérard, député sortant, s’impose face à Pascal Markowsky (RN) 50,90% contre 49,10%
Réactions :
• Evelyne Delaunay, suppléante du député sortant Raphaël Gérard réélu :
« Tout le monde connaît le contexte atypique de cette campagne compte-tenu de l'état de santé de Raphaël Gérard, absent momentanément. Le député sortant s’impose au second tour devant le candidat du Front National. La campagne a été sobre, en rappelant sans cesse les enjeux essentiels pour le territoire avec des projets structurants, les méthodes de travail et les valeurs humaines. Sur le terrain, l’organisation des permanences parlementaires reste la même : les numéros de téléphone ne changent pas pour les prises de rendez-vous. A l’échelon national, la montée du RN modifie la donne. Une crise institutionnelle s’ajoute aux autres crises, ce qui va nous conduire à composer avec d’autres partis ».
• Jack Ros, directeur de la campagne de Nupès (4ème circonscription) :
« Sur le plan local, je me satisfais de la victoire de Raphaël Gérard qui s’impose face au RN. Au plan départemental, je suis déçu qu’à Rochefort, Nordine Raymond ait été battu de peu. Au plan national, le groupe important de la Nupès fera contrepoids à l’Assemblée, même si je m’attendais à un plus grand nombre de sièges. Par contre, il me semblait improbable que Jean-Luc Mélenchon puisse devenir Premier ministre. Le score remporté par le Rassemblement national par ailleurs m’a surpris. Personnellement, je pense que le contexte au Palais Bourbon sera difficile et j’imagine une dissolution de l’Assemblée avant les Européennes de 2024. Elle permettra de rebattre les cartes sur des bases nouvelles et d’actualiser le corps électoral. A moins que des coalitions nouvelles ne se mettent en place ».
- 1ère circonscription La Rochelle : Olivier Falornri divers gauche (66,11%) bat Jean-Marc Soumettre (Nupès) 33,89%
- 2ème circonscription Rochefort : Anne-Laure Babault (majorité présidentielle) obtient 51,76% des voix face à Nordine Raymond (Nupès) 48,24%
- 3ème circonscription Saintes/Saint d’Angély : le député sortant Jean-Philippe Ardouin (LREM) obtient 51,18% des voix face au candidat RN Nathalie Collard 48,82%
- 5ème circonscription Royan/Saujon : Christophe Plassard (majorité présidentielle) devance Séverine Werbrouck (RN), 51,74% contre 48,26%.
Le score du rn m'a surpris car à Jonzac la NUPES était placée en seconde position jack ros
RépondreSupprimer