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mardi 22 février 2022

Saintes/Colonne de la liberté : accord de la Ville pour son classement au titre des Monuments historiques

Jeudi, lors du conseil municipal, les élus ont donné une suite favorable à la proposition de classement de la colonne la liberté au titre des Monuments historiques. Initialement, l’association laïque des Amis des Monuments pacifistes de Charente-Maritime avait saisi la DRAC pour demander la protection de ce monument, propriété de la commune. En août 2021, la préfète de Région a pris un arrêté portant protection au titre des MH, en totalité, de la colonne de la liberté.


• C’est sur la place Blair, située dans le faubourg Berthonnière, qu’a été érigée cette colonne de la Liberté durant la période révolutionnaire. Inaugurée le 14 juillet 1791, on la doit à l’ingénieur Novion. Aujourd'hui isolée au milieu d’un parking, non loin de la Charente, elle va retrouver sa juste place dans le patrimoine historique saintais.

• Extraits des recherches réalisées par l'association Médiactions au sujet de la colonne de la liberté : 

A la fin de l'Ancien Régime, Saintes est une cité tranquille mais aspire à des réformes. La Révolution éclate en 1789. En 1790, Saintes devient le chef-lieu du département de la Charente- Inférieure. Un club politique se forme dans la même ville à la fin de la même année. Elle compte plus de cent membres, tous du Tiers état. Marillet y voit l'ébauche d'un contre-pouvoir populaire. Très active, la Société suit le déroulement des événements. La proposition d'un de ses membres pour l'élévation d'un monument « en l'honneur de la conquête de la liberté française » est acclamée, discutée et adoptée à l'unanimité.

Elle obtient l'autorisation de la municipalité et des corps administratifs d’élever à ses frais une colonne triomphale sur la principale place de la ville pour être achevée le jour de la Fête de la Fédération. Il est également décidé que la Déclaration des Droits de l'Homme serait déposée sous le piédestal « pour apprendre à ceux qui doivent venir après nous, que leur liberté ne peut jamais périr sous le feu des despotes ». Le lieu en lui-même est hautement symbolique. En effet, la place a été créée au troisième quart du XVIIIème par l'intendant Louis Guillaume Blair de Boisemont. Son successeur, Antoine Auget de Montyon, l’aménage en jardin. La place, qui prit le nom de Blair, est ensuite rebaptisée place de la Liberté dans les premières années de la Révolution tant le système de l'Intendance était impopulaire et rappelait l’Ancien Régime dont le souvenir devait être effacé. Par ailleurs, la colonne qui se dresse place de la Liberté, se trouve à quelques encablures de l'hôtel Monconseil, lieu de pouvoir où siège le Directoire du département.

La pose de la première pierre est effectuée par le Président de la Société, Eschassériaux. Marillet relate dans son journal la cérémonie de la façon suivante : « Le 8, en présence du département, avec la musique du régiment national, la première pierre du piédestal a été posée. C'est M. Eschassériaux, membre du Directoire du département, président du club dans ce moment qui l'a posée. Les maçons lui ont présenté dans une corbeille un tablier attachant avec un ruban aux trois couleurs, un truelle et un ciseau garnis de rubans aux mêmes couleurs. Il s'est affublé de son tablier et a mis sa truellée de mortier sous la pierre. Lorsqu'elle a été assujettie, il s'est placé dessus et là, il a fait un petit discours et a juré devant toute l’assemblée de vivre libre ou mourir. Dans l'instant l'assemblée a crié : je le jure. On a tiré cinq coups de canon. La musique a joué l'air Ça ira [...] Ensuite il a été mis dans une bouteille un écrit contenant les Droits de l'Homme [...] et sur un autre papier il est dit : cette colonne a été édifiée à la liberté, le 8 juillet 1791, la seconde année de la liberté, le 17ème jour de l'évasion du roi [ ...]on a bouché hermétiquement la bouteille et a été placée dans un trou pratiqué dans la première pierre formant la marche du piédestal ».

Il ajoute en commentaire : « Henri IV par sa douleur nous a donné la liberté, Louis XIV par son orgueil nous l'a enlevée, et Louis XVI par sa faiblesse nous l'a rendue ».

Le chantier, entrepris par Émmery sous la direction de l’ingénieur Novion, emploie plusieurs dizaines d'ouvriers. La colonne est achevée à la date prévue malgré un accident causant deux blessés, dont un grave. On y danse la farandole et on y joue des airs patriotiques. Fiers de compter un tel monument dans leur ville, les membres de la Société des Amis de la Constitution s’empressent d’envoyer le procès-verbal d’inauguration aux autres Sociétés et à la Constituante. Cette dernière ne manque pas de féliciter Saintes pour son patriotisme.

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