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mercredi 2 février 2022

Patrimoine/ Amphithéâtre/Bruno Drapron, maire : « nous avons un musée qui s’appelle Saintes »

Travaux à l’amphithéâtre jusqu’à fin 2023

Saintes est une ville au riche passé historique. Outre qu’elle a été capitale de la Gaule Aquitaine à l’époque romaine, situation qui l’a parée de fort beaux monuments dont certains sont encore visibles, elle possède plusieurs églises, une cathédrale, sans oublier de belles maisons et des structures plus contemporaines liées aux ateliers SNCF en particulier. Dans ces conditions, chaque restauration est un engagement financier pour la mairie qui se voit dans l’obligation d’établir un calendrier. C’est le cas pour l’amphithéâtre qui sera l’objet de trois tranches de travaux jusqu’à la fin 2023. 

L'amphithéâtre de Saintes construit sous l'empereur Claude (1er siècle après JC)
Présentation des travaux de l'amphithéâtre par Bruno Drapron et Joël Terrien

En héritant de l’avenir de l’amphithéâtre, site emblématique de Saintes, l’équipe de Bruno Drapron, maire, a un défi à relever. En effet, lors de la précédente mandature, alors que Jean-Philippe Machon était aux commandes, les prises de position quant à la restauration de cet édifice deux fois millénaire se sont multipliées et les avis des uns et des autres, souvent tranchés, ont durci le débat. Aux côtés de Joël Terrien, chargé des travaux, Bruno Drapron a fait le point lundi matin : « nous avons retravaillé le dossier et il n’y aura pas de gradinage. En juin 2021, le démarrage du chantier de fouilles a eu lieu. Le projet de restauration comprendra trois tranches de travaux ». 

La première, jusqu'à avril 2022, concerne la restauration de la porte monumentale, dite porte des vivants, et ses travées adjacentes avec la consolidation des arcs et voûtes, la reprise des arases et des parements verticaux, le traitement de la végétation invasive. Coût 1,3 million d’euros HT.

La porte des vivants (© NB)

La seconde tranche, d’avril à octobre 2022, concernera la porte des morts. La partie haute, qui a été fragilisée, sera renforcée ; les remblais seront retirés, un mur intérieur sera édifié pour consolider la structure. Coût 1 million d’euros HT.  

La porte des morts (© archives NB)
 La troisième tranche, de mars à octobre 2023, sera axée sur la restauration du podium et des escaliers, l’assainissement du site avec mise en place d’un système d’évacuation des eaux pluviales. Le coût de ces travaux n’est pas encore chiffré. « Le désordre hydraulique majeur engendré par la gestion des eaux souterraines et pluviales qui gorgent les pierres d'eau et accélèrent leur érosion impose de trouver une solution technique appropriée afin d'assainir le monument. Le projet prévoit de retrouver et de réutiliser partiellement le réseau antique d'évacuation des eaux de pluie. En 2023, il n'y aura plus d’eau à l’intérieur de l’amphithéâtre ! » souligne le premier magistrat. En effet, à certaines périodes, on se souvient que l'espace, servant autrefois de piste, pouvait être submergé, lui donnant des airs de vaste bassin.


Saintes au 1er siècle de notre ère, croquis dessiné par Jean-Claude Golvin, architecte, archéologue
et ancien chercheur au CNRS

Peu à peu, on devrait retrouver ce qu’a été l'amphithéâtre dans sa version originelle. Le temps et les interventions humaines ont bouleversé ce site historique, des pierres ayant servi à la construction des maisons environnantes (entre autres). En raison de son âge et de sa vulnérabilité, les différentes occupations et les manifestations qui s‘y sont déroulées ont abîmé ce monument qui possède tout de même un bel atout : il reste un magnifique témoignage de Mediolanum
Des fouilles préventives, confiées au service archéologique départemental et à l'INRAP, vont y être conduites, apportant des éléments complémentaires sur cette construction largement fréquentée au moment de sa grandeur, c’est-à-dire aux premiers siècles de notre ère. L’ensemble de la population s’y rendait pour assister aux jeux (codifiés et multiples) selon un ordre établi, les personnalités s’installant aux premiers rangs (bancs en pierre) tandis que les personnes plus modestes prenaient place sur des structures en bois situées en hauteur. Les stades actuels ne sont que la suite - parmi d’autres - de tels édifices qui réunissaient des milliers de spectateurs (le Colisée, à Rome, pouvait recevoir jusqu’à 80.000 personnes). 

Conscient que Saintes dispose d’un patrimoine gallo-romain remarquable, Bruno Drapron veut aller plus loin : « La porte des vivants sera décaissée de deux mètres, celle des morts encore plus, les ramenant à leurs niveaux initiaux. En ce qui concerne la porte des morts où des fragilités sont apparues, la voûte va être renforcée avec un mur de soutènement, l’ensemble sera réalisé en concertation avec les riverains. Nous allons profiter de ces travaux pour faire mieux connaître l’amphithéâtre. Suivi par le public et les écoles, explications sur son rôle dans le passé, perspectives à venir. Ce chantier va être pédagogique comme a pu l’être l’Hermione à Rochefort. Un rideau végétal va d’ailleurs être planté qui rappellera la hauteur réelle qu’avait l'amphithéâtre dans le paysage il y a 2000 ans ». 
Durant le chantier, des perturbations sont à prévoir dans les environs puisque les engins vont emprunter les abords de Saint-Eutrope pour rejoindre l'arène.

« Nous avons un musée qui s’appelle Saintes » remarque Bruno Drapron. A proximité, se trouve la basilique Saint-Eutrope qui fait également l’objet de travaux. La façade nord est en restauration avec la pose d’un caniveau qui permettra l’écoulement des eaux de ruissellement. A l’intérieur, dans la crypte, le sol va être repris avec décaissement et pose de filtres sur les ouvertures pour limiter l’impact des rayons UV (à l’origine des moisissures). Des travaux sur l’avant-crypte sont inscrits au programme. 

A la cathédrale Saint-Pierre, les travaux du transept sont toujours en entente depuis des années. A l’Abbaye aux Dames - qui a retrouvé ses tapisseries - la charpente et la toiture nécessitent une réfection. 

Vous l’avez compris, face aux multiples opérations, les financements sont importants. La municipalité s’active pour rechercher des soutiens qui lui permettront de maintenir sa richesse patrimoniale en l’état. 

• Budget total de restauration de l’amphithéâtre : 5 383 300 euros HT

- 1ère tranche 1,3 million d'euros HT concernant la porte des vivants et des travées adjacentes ; seconde tranche porte des morts 1 million d’euros HT ; 3ème tranche assainissement, restauration podium et escaliers 

- Volet archéologique toutes tranches confondues 967 663 euros HT.

- Partenaires financiers : DRAC 555 936 euros HT tranches 1 et 2 ; Conseil départemental 523 308 euros HT tranches 1 et 2 ; Région 60.000 euros tranche 1 ; Loto du patrimoine 334 137 euros ; Souscription 20.000 euros.


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