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mercredi 1 décembre 2021

Site Saint-Louis/Saintes : « Il n’est pas question de dénaturer le logis du gouverneur et la chapelle qui appartiennent à notre patrimoine » souligne Joël Terrien

Mardi, les Saintais étaient invités par la municipalité à la présentation du schéma directeur concernant l’amphithéâtre, Saint-Eutrope et le site Saint-Louis. Différentes hypothèses sont proposées par l’Atelier Lavigne

Site Saint-Louis : vue imprenable sur la ville

Le logis du gouverneur
Les observateurs de la vie municipale saintaise sont unanimes : l’avenir du site Saint-Louis aura été étudié en long et en large depuis son achat par Bernadette Schmitt en 2008. Un investissement judicieux puisque l’hôpital, qui occupait ces lieux stratégiques depuis des lustres, partait vers un autre emplacement. La ville devenait propriétaire d’une superficie foncière conséquente et de nombreux bâtiments. Historiques et récents, avec ou sans amiante. Oui, mais qu’en faire ? L’affaire était certes intéressante à une époque où Claude Belot, président du Département, ne jurait que par les grands projets (qu’il a d’ailleurs concrétisés sur le territoire de Haute-Saintonge).

Si tous les édiles (ou à peu près) étaient d’accord pour valoriser la « belle endormie », connue sous le nom de Mediolanum, la réveiller de son sommeil était plus difficile qu’on ne le pensait. Elle n’était pas la belle au Bois Dormant ! Ou alors le chevalier n'était pas assez empressé ! 

Pour conduire à bien des aménagements conséquents, Saintes s’est heurtée à un handicap majeur : celui de ses changements de municipalités depuis Michel Baron, maire durant 24 ans jusqu'en 2001. Personne n’a fait mieux et l'instabilité qui a suivi a nui au déroulement des opérations. Ainsi le successeur de Bernadette Schmitt, Jean Rouger, qui avait pourtant confié la destinée de Saint-Louis à de jeunes architectes talentueux, a-t-il subi un arrêt sur image avec son échec aux municipales en 2014. Un même sort a été réservé à Jean-Philippe Machon. Lui aussi avait rêvé d’un site entièrement réaménagé avec hôtel, restaurant, logements, espace muséal et ascenseur. Le projet a été abandonné lorsque Bruno Drapron, l’un de ses anciens lieutenants, l’a battu aux municipales de 2020. 

Voici donc une nouvelle équipe aux commandes et un nouveau projet. Les Saintais sont conciliants ; ils font confiance à leurs élus en se disant que cette fois sera la bonne. L’équipe Drapron ne veut pas les décevoir, c’est pourquoi elle fait preuve de prudence et les associe aux réflexions. Dans le passé, en effet, d’importantes sommes ont été dépensées pour imaginer l’avenir du site Saint-Louis et l’argent des contribuables est précieux…

Un nombreux public réuni dans le hall Mendès France (© M. Bertrand)

Que retenir de la soirée de présentation par Bruno Drapron, maire, l’atelier Lavigne, l’architecte Alexandra San et l’urbaniste Guillaume Duhamel ? En voici les grandes lignes

Sur le site de l’amphithéâtre, vestige emblématique de l’époque gallo-romaine, plusieurs hypothèses ont été présentées. L’objectif est de préserver ce patrimoine et d’y organiser des circuits touristiques. Dans le premier cas, on prend simplement en compte les arènes avec un accueil amélioré et un autre accès par la porte des vivants. Dans le second, sont compris la maison Bourignon et son belvédère ; dans le troisième, la maison Audiat et son vallon paysagé. « Les travaux de l’amphithéâtre ont commencé. A partir du printemps prochain, les portes des vivants et des morts seront restaurées. L’important est de traiter les problèmes d’écoulement des eaux de la partie centrale et l’assainissement. Nous ne toucherons pas aux gradins » souligne Joël Terrien, maire adjoint. 

• Saint-Eutrope : Il s'agit de valoriser l’édifice classé sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, qui possède un superbe mur roman, avec embellissement du petit square jouxtant et, en façade, la création d'une véritable esplanade. Les vestiges encore visibles de l’ancienne nef (détruite au XIXème siècle) seront dégagés. « Nous aurons aussi à retravailler l’organisation des espaces autour de la basilique. Les associations qui les occupent actuellement seront contactées à cet effet. Les préfabriqués seront démolis » explique Joël Terrien. 

Des travaux ont lieu actuellement à Saint-Eutrope (mur, assainissement, toiture, caniveau de récupération des eaux). La deuxième phase commencera en 2022 dans la crypte (sol, systèmes de ventilation, éclairages). La troisième phase concernera esplanade. 

• Site Saint-Louis : l’endroit le plus remarquable de Saintes, le centre névralgique de l’ancienne capitale de la Gaule Aquitaine. Les autorités s’y sont succédé ainsi que des structures à vocation hospitalière. « Des éléments à respecter et des erreurs à ne pas faire »  admet Joël Terrien. L’hypothèse 2 a été retenue : le logis du gouverneur et la chapelle seront utilisés comme espaces de valorisation du patrimoine (domaine public). Une ouverture supplémentaire verra le jour avec la suppression de l'aile attenante sud pour décloisonner la place du belvédère et la promenade des remparts. Des logements seront réalisés dans l’îlot Bernard en partenariat avec la Semdas. « Saint-Louis sera la porte d’entrée de la ville. Le touriste sera invité à le visiter, à se rendre sur le belvédère qui offre une vue sensationnelle, à observer les différents monuments avant de descendre à la découverte de la cité, des rives droite et gauche autour de la Charente ». Des ateliers de travail seront constitués avec les habitants afin d’étudier leurs différentes propositions.  

A noter que des travaux de renforcement de structures nécessaires sur 10 bâtiments du site Saint-Louis sont estimés à 1036785 euros. Présence d'amiante et de plomb pour 90% des constructions. 

A la question « avez-vous tout écarté des précédents projets ? », Joël Terrien est clair : « l’élaboration du schéma directeur a tenu compte ce qui a été fait précédemment. Il y a des choses intéressantes. L’Atelier Lavigne a étudié ces éléments, tout en réalisant sa propre analyse de la ville, son organisation, ce qui peut être entrepris ou pas. Nous ne sommes pas là pour faire des promesses, pour faire rêver les Saintais sur une "belle mariée". Nous voulons avancer de façon concrète. Le principe adopté est de travailler sur les structures existantes pour éviter de trop démolir. En aménageant les bâtiments que nous aurons définis, l’opération pourra être lancée rapidement. Il n’est pas question de dénaturer le logis du gouverneur et la chapelle qui appartiennent à notre patrimoine, à notre histoire. Ils sont protégés et notre rôle est de les mettre en valeur pour les transmettre aux générations futures »

Reste le volet archéologique puisque le moindre coup de pioche à cet endroit fait apparaître un témoignage du passé. « La richesse du site nécessite de segmenter les chantiers de fouilles » soulignent les spécialistes. Pourquoi ne pas imaginer un chantier "événement" ouvert au public, sur un périmètre délimité, comme cela avait été avancé il y quelques années ? A suivre…

Prochaine réunion publique le 9 décembre prochain. Le maire Bruno Drapron se réjouit du soutien de l’Etat au projet de réhabilitation du site Saint-Louis (fonds friches) à hauteur de 800.000 euros. « Je remercie la préfecture, la DDTM, la Drac et les services de la ville pour le travail de concert que nous menons avec confiance et volonté constructive ». 

Bruno Drapron présente le schéma directeur

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