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vendredi 9 avril 2021

Jonzac/Nouveau forage hydrogéologique : L’eau est attendue ce week-end !

Afin d’assurer l'approvisionnement de la station en eau thermale et permettre son développement, un nouveau forage est essentiel puisque le plus ancien, remontant à 1979, arrive en fin de vie. Bénéficiant des dernières technologies, cette structure "nouvelle génération" est programmée pour fonctionner plus d’une quarantaine d’années. Sur la plateforme, on s’active. L’eau du Trias est attendue dans les jours qui viennent. Nombreux attendent l’événement, à commencer par Claude Belot, le père fondateur de la station thermale de Jonzac. 

Bruno Marsaud, hydrogéologue chez Antea Group, maître d’œuvre du forage pour la ville de Jonzac, répond à nos questions. 

« Le nouveau forage réalisé à Jonzac est d’une profondeur atypique pour un forage d’eau en Aquitaine, mais il ne présente pas de complexité particulière. Nous utilisons des techniques éprouvées, bien connues » explique Bruno Marsaud (à gauche de la photo). 

• Lorsqu’on entre dans Jonzac, non loin des Thermes, il est difficile de ne pas la remarquer d’autant qu’elle est active de jour comme de nuit. Bruno Marsaud, pourriez-vous nous « présenter » cette plateforme ?

La plateforme que l’on remarque à l’entrée de Jonzac comporte un atelier de forage qui dispose de nombreux éléments. Il y a en particulier la machine qui peut creuser jusqu’à 3000 ou 4000 mètres de profondeur. Sortant d’une révision quinquennale, c’est un matériel que nous connaissons bien, robuste et efficace. Cette machine fonctionne 24h/24 h et 7 jours/7 ! Autour de la machine, se trouvent les prestataires de services.

Pour forer, on utilise de la boue dont on gère la densité ; elle sert à tenir les terrains pendant les opérations et à remonter les déblais de forage en surface. Ces déblais comprennent des roches brisées par l’outil. Cette boue est composée d’un mélange d’eau et d’argile appelée "bentonite" qui permet d’obtenir une certaine viscosité. C’est un procédé classique, le forage "rotary". Le principe de base de ce système est ancien puisqu’il a été inventé par les Américains à la fin du XIXème siècle.

Une plateforme imposante qui fonctionne jour et nuit

• Quelles sont les couches de terrains traversées ?

 Avant d’entrer dans la phase concrète, des études préalables géologiques et hydrogéologiques ont été conduites afin d’établir un programme. Toutefois, il n’a pas été nécessaire de procéder à des investigations particulières. En effet, Jonzac dispose déjà de deux puits, Soenna réalisé en 1979 et Lomega en 1993 pour lesquels nous avons des informations détaillées. De plus, nous nous sommes appuyés sur les études de prospection pétrolière faites à Clam dans les années 1980. Nous disposions donc de données géophysiques importantes pour entreprendre ce chantier. Pour mieux situer l’objectif visé, n’oublions pas que le Trias, là où se trouve la nappe recherchée pour le thermalisme, date de 250 millions d’années, époque antérieure aux dinosaures ! 

Début mars, la foreuse s’est donc mise à la tâche. Elle a traversé des calcaires, une couche de sable du Cénomanien (Crétacé supérieur) exploitée pour l’eau potable à Jonzac, de nouveau des calcaires et des argiles, puis nous sommes arrivés au réservoir du Trias. Le travail se poursuit jusqu’à 1930 mètres de profondeur environ. Des tubes perforés, qu’on appelle des crépines, seront installés ; ils vont à la fois tenir le terrain tout en laissant passer l’eau. En ce qui concerne les terrains situés au-dessus, nous avons placé des tubes en acier cimentés au terrain pour éviter toute communication entre les nappes. A titre d’information, 1700 mètres de tubes acier sont nécessaires. 

 • Lors du dernier conseil municipal, Claude Belot a fait état d’un problème en ce qui concerne le ciment… 

En effet, le ciment n’est pas monté jusqu’au sommet du tube et nous avons dû en rajouter. Un chantier d’une telle envergure réserve forcément des surprises, mais nous avons les technologies pour réparer. Sur un chantier de forage comme celui-ci, il y a toujours des péripéties. 

Le tubage est maintenant posé jusqu’à 1700 mètres et nous venons de forer le réservoir jusqu’à 1930 m. Nous allons descendre les crépines, sortir la boue, puis l’eau claire va apparaître. Nous entrerons alors dans la phase de mise en production. L’eau est attendue ce week-end ! Nous sommes dans le timing pour l’instant.

Début mars, Claude Belot a présenté le chantier au Préfet, Nicolas Basselier

• Que va-t-il se passer quand l’eau du Trias surgira en surface, à 60 degrés espérons-le ? Quelles sont les opérations prévues par la suite ?

En tant que maître d’œuvre pour la Ville de Jonzac, nous réaliserons les travaux de raccordement jusqu’à la station thermale. Une pompe va donc être installée et des tuyaux posés. Il faudra bien sûr tester la qualité de l’eau, les eaux thermales étant très réglementées. Nous ne nous attendons pas à une variation de qualité lors des analyses, mais on ne peut jamais jurer de rien ! Il y a toujours un facteur nature qu’on ne maîtrise pas. Normalement, en mai prochain, une demande visant à exploiter le forage sera déposée auprès des Ministères de la Santé et de l’Environnement. Les volumes prélevés ne changeront pas puisque ce puits vient en remplacement d’un forage actuellement utilisé. La procédure consiste en des analyses régulières étalées sur un an démontrant que la qualité de l’eau est stable. Si tout va bien, l’autorisation devrait être obtenue en 2023. 

Photo d'archive en 1979 : Emotion quand l'eau a jailli du premier forage !

• Quelle sera la durée de « vie » de ce nouveau forage ?

La durée de vie de ce nouvel ouvrage, conçu différemment des précédents, devrait dépasser les 40 ans. Le diamètre des tubes est plus gros afin de pouvoir les remettre à neuf sans altérer le débit du forage. Nous avons tiré les enseignements de Soenna et Lomega ! Nous espérons un débit se situant entre 30 et 50 m3/heure (soit entre 8 et 14 litres par seconde). Pour info, Soenna est à 30 et Lomega à 50. Si c’est plus, tant mieux !

 • Que deviendra le forage Soenna datant de 1979 ?

L’eau du Trias est très minéralisée. Elle comporte des chlorures qui ont entraîné la corrosion des tubages. Dans ces circonstances, l’avenir et le développement des Thermes de Jonzac étaient compromis, d’où ce nouveau forage. Quand il sera abandonné, le forage Soenna sera rempli de ciment afin d’éviter les communications entre les nappes. 

 

Visite de chantier commentée par Bruno Marsaud en présence du maire de Jonzac, Christophe Cabri, du préfet et des parlementaires. 

• L'info en plus

• Hydrogéologue chez Antea Group (siège social Mérignac en Gironde), société d’ingénierie internationale, Bruno Marsaud travaille en Aquitaine et plus généralement en France. Certains de ses collègues interviennent à l’étranger, en Afrique ou au Moyen-Orient.  

• Le personnel présent sur la plateforme est de 20 à 30 personnes. Maître d’œuvre, Antea Group encadre le chantier pour le compte de la Ville. Le chantier est actif 7 jours/7, 24 h sur 24.

 • Le sous-sol du Bassin Aquitain abrite plusieurs couches de nappes aquifères, « empilées comme des assiettes ». Venant du Trias qui affleure dans la région de Brive la Gaillarde, ces eaux fossiles s’écoulent tout doucement vers la mer. Collonges-la-Rouge, en Corrèze, possède en surface les mêmes couches de terrains que Jonzac à 1700 m ! 

• La ville de Bordeaux boit une eau puisée à 200/300 mètres de profondeur. Cette eau de l’Eocène est commercialisée sous la marque Abatilles (source située à Arcachon). Pour Jonzac avec les forages de chez Beaulieu : l’eau du robinet est puisée entre 300 et 400 mètres de profondeur dans les terrains du Cénomanien (Crétacé supérieur). 

Pour se repérer dans le temps ! L'eau thermale est puisée dans le Trias 

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