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samedi 6 février 2021

Saintes/Inondations : « la journée de lundi m’inquiète particulièrement » déclare Bruno Drapron, maire

En effet, en tout début de semaine prochaine, la Charente qui ne cesse de monter devrait atteindre les 6,30 m. Vendredi après-midi, un point sur les inondations touchant la ville a été dressé au centre de secours en présence du colonel Pascal Leprince, responsable du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours), Dominique Bussereau, président du Conseil départemental et Nicolas Basselier, préfet

Des drones du SDIS surveillent la situation dans les quartiers (©SDIS)
Sur les quais...
La Charente est largement sortie de son lit...

Bruno Drapron a en mémoire les inondations de 1994. Sapeur-pompier au centre de secours, il se souvient de ces intempéries qui avaient donné à Saintes des airs de Venise... sans son aspect romantique. Charente débordante, prairie transformée en lac, routes et maisons inondées, riverains obligés de quitter leurs habitations, commerces difficilement accessibles : les conséquences d’une crue de grande ampleur inattendue. Le président François Mitterrand en personne s’était rendu dans la cité sinistrée. On se souvient de cette photo où il prend place sur une barque ! 

1994 : Le président de la République, François Mitterrand, parcourt en barque les rues sinistrées de Saintes en présence du maire de l'époque Michel Baron (©archives)

« La gestion de cette crise nous sert d’expertise » explique Bruno Drapron qui s’inquiète pour lundi prochain. Ce jour-là, en effet, la Charente devrait atteindre les 6,30 m en raison des pluies qui sont annoncées durant le weekend. « Saintes est un "goulot " qui reçoit les eaux d’Angoulême et de Cognac, sans oublier la Seugne. 5000 habitants risquent d'être directement concernés par la montée de la Charente » annonce-t-il. 

Des parpaings pour se rendre à son domicile (quai de l'Yser)
Ça monte...
Les canots bien utiles en cette période

Depuis plusieurs jours, les services sont à pied d’œuvre, mairie, communauté d’agglomération, pompiers, policiers, gendarmes, personnels techniques. L'eau s'étant introduite dans leurs maisons, quelque 1000 habitants ont été relogés chez leurs proches, à l’Abbaye aux Dames, l’auberge de jeunesse ou l'hôtel par le biais de leurs assureurs. La venue de Dominique Bussereau et de Nicolas Basselier tombait à point vendredi après-midi. Au centre de secours, les attendaient le colonel Leprince, élus et responsables du secteur. Le gros des troupes se trouvait bien sûr sur le terrain, les hommes de 30 casernes venus de tout le département intervenant dans les différents quartiers. 

Vigilance et appel à la solidarité

Au centre de secours, le colonel Leprince expose la situation
Evolution des crues : Saintes a été découpée en 5 quartiers
Bruno Drapron, maire, Dominique Bussereau, président du Conseil Départemental, Nicolas Basselier, préfet, le lieutenant-colonel Verfaillie du SDIS
Dominique Bussereau, Nicolas Basselier, Violette Wetterwald, commissaire, le colonel Leprince

Le lieutenant-colonel Verfaillie exposa la situation : Saintes est partagée en cinq secteurs où se répartissent les équipes. « En plus des opérations courantes, nous devons aussi anticiper en fonction de nos informations » souligne-t-il. Plus de 150 interventions ont été effectuées et se pose le problème des évacuations à venir. Enedis ayant coupé l’électricité dans les zones inondées, les résidents se trouvent sans électricité, ni chauffage dans leurs logements. Or, ils ne veulent pas les quitter par crainte de ne pas pouvoir y retourner avant un certain temps, et peut-être aussi par crainte des vols qui peuvent survenir. « Quelle réponse leur apporter ? Par ailleurs, certains n’ont pas de solution de repli » s’interroge Bruno Drapron. Il souhaiterait le déclenchement du plan Orsec afin de mobiliser des moyens supplémentaires. Pour l’instant, le préfet estime que le dispositif en place est suffisant avec les sapeurs-pompiers et les forces de l’ordre pour assurer la sécurité des biens et des personnes.

Parant au plus pressé, la ville de Saintes a décidé de mettre en place des moyens d'hébergement d'urgence. Un centre d'accueil est notamment ouvert à l'Abbaye aux Dames. Pour compléter ces moyens, un appel à la solidarité est lancé auprès des habitants. Toute personne ayant un logement libre ou des capacités d’accueil et acceptant de les mobiliser, peut se manifester auprès de la mairie au 05 46 92 34 45.

En cas de besoin d'évacuation ou de demande d'assistance, les habitants sont invités à contacter directement les sapeurs pompiers au 18. Des renforts de police et une compagnie de CRS seront mobilisés pour protéger les habitations.

A quelques kilomètres en amont, la commune de Courcoury, qui se transforme en île quand les inondations sont trop importantes, suscite des préoccupations. « Comment allons-nous aider les gens qui partent travailler ? » demande Bruno Drapron. En 1982 et 1994, années de crues mémorables, l’armée avait été appelée à l'aide. A ce jour, dans le département, 79 routes sont submergées dont la célèbre chaussée de Saint-James. A Saintes, il y a aussi le problème des voies d'accès. Si l’Avenue Gambetta venait à être coupée, l’avenue de Saintonge serait alors engorgée par le trafic routier…

Bref, la situation est critique et la municipalité regarde le ciel en espérant des temps plus cléments. En 1994, la crue et ses pénibles retombées avaient duré deux semaines… 

La mobilisation est forte. Sur cette photo, des plongeurs du SDIS
Des sapeurs-pompiers du SIDS. Vendredi après-midi, 70 sapeurs-pompiers
étaient engagés ainsi que 48 engins.

• Pour la collecte des déchets, une carte indiquant la localisation des bacs mis en place dans les secteurs touchés est disponible sur le site de la Ville.

• Toutes les informations des inondations sont actualisées régulièrement sur le site internet de la ville : https://www.ville-saintes.fr/actualite/inondations/

• Quatre drones du SDIS survolent Saintes et permettent de faire le point heure par heure


• Pour rappel, les cotes des 3 crues les plus importantes de ces 40 dernières années : en 1982, 6.84 mètres ; en 1994, 6.67 m ; en 2007, 5.64 m.

• Evacuation de la Maison d'arrêt : A titre préventif, ses accès étant menacés par la montée des eaux (secteur de l'arc de triomphe), les 95 détenus de la Maison d'arrêt ont été transférés vendredi soir vers d'autres établissements pénitentiaires. Le centre de détention saintais est exposé aux inondations quand la cote de la Charente atteint les 6,10 m. 

• Les réflexions d'un riverain, Lucien Normandin : « Depuis plusieurs semaines, je demande aux services départementaux de couper les saules qui obstruent le lit mineur du fleuve. On m'a répondu qu'il n'est pas possible d'élaguer la ripisylve afin de protéger les petits poissons. Je scrute attentivement le calendrier des marées : les eaux du fleuve s'évacuant plus rapidement lorsque le coefficient est faible. Or, après un week-end de faible amplitude, que sera la semaine prochaine ?».

Quartier de la place Blair
L'arc de triomphe : l'eau est très proche...

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