Lancé en octobre dernier, le programme "Petites Villes de Demain" vise à renforcer l'attractivité des centres villes et des bourgs en ciblant plusieurs volets : l’amélioration de l'habitat et du cadre de vie, le développement des services et des activités, la valorisation du patrimoine bâti et paysager, l’accompagnement de l’activité commerciale. En Haute-Saintonge, les communes de Jonzac, Pons, Mirambeau, Saint-Genis, Montendre, Montguyon et Saint-Aigulin sont concernées.
Vue aérienne des Antilles de Jonzac (©Bertin/Perrier) |
Vendredi matin à la mairie de Jonzac, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'autonomie, et Joël Giraud, secrétaire d'Etat à la ruralité, ont animé une réunion sur le programme que conduit le Gouvernement en faveur des villes de moins de 20.000 habitants. L’objectif est de leur insuffler un dynamisme nouveau afin qu’elles incarnent pleinement « les Petites Villes de Demain ». Après la grande - et triste - époque de la désertification des campagnes, un retour aux sources s’opère. Les mentalités changent, d’autant que l’épidémie a montré les inconvénients du quotidien en grande agglomération. Comme l’écrit le Président Macron, « il s’agit de retrouver une ville à échelle humaine où l’on vit mieux ».
Les territoires ruraux ont une carte à jouer. Ils offrent de nombreuses perspectives pour qui veut s’y installer, à condition de disposer des services indispensables (écoles, commerces, soins médicaux, France Services) et d’une offre de logements suffisante. En Haute-Saintonge, Jonzac, la "capitale", mais aussi les anciens chefs lieux de cantons Pons, Mirambeau, Saint-Genis, Montendre, Montguyon, Saint-Aigulin sont lauréats de ce "label".
Rendre la ruralité innovante
Dans la salle des mariages (un endroit prédestiné pour sceller une union), étaient donc réunis les maires des communes concernées aux côtés des représentants de l’Etat. Le programme se veut accélérateur de la relance : « Le lancement de Petites Villes de Demain intervient au moment où notre pays connaît une crise importante. Pour y faire face, l’Etat a décidé d’engager 100 Mds €, dont une partie des crédits est territorialisée. Sa concrétisation repose notamment sur la mobilisation rapide des collectivités. Aussi, les 1000 territoires de « Petites Villes de Demain » sont-ils, par la variété de leurs projets et leur implication dans un modèle de développement plus écologique, des acteurs fortement engagés. À ce titre, ils pourront bénéficier immédiatement des crédits de la relance pour le financement de leurs projets axés sur trois priorités, l’écologie, la compétitivité et la cohésion ».
Ce soutien financier est essentiel. Comme de nombreuses villes, Jonzac traverse une période difficile, son économie reposant pour une large part sur le thermalisme (en pleine expansion avant le Covid) et le tourisme. Les quatre pôles que sont la station thermale, le casino, le complexe aquatique des Antilles et le centre des congrès sont actuellement fermés. De nouvelles pistes sont à creuser afin de densifier la population et accroître l’attractivité du centre ville. L’avenir de la ruralité passe par l’accueil de nouveaux habitants dans ces communes qui ne manquent pas de charme. On sait que le confinement a poussé des citadins à rechercher d'autres points d’attache et la Charente-Maritime, déjà prisée pour sa qualité de vie, dispose de nombreux attraits. Longtemps boudées car souvent isolées, le regard porté sur les zones rurales a évolué. Elles apparaissent dès lors comme des havres de paix, loin des pollutions, du bruit et des heures de transport pour se rendre au travail. Et quand les connections internet sont bonnes, le télétravail peut parfaitement y être envisagé.
Patric Giraudeau, maire de Montendre, Mylène Robert, maire de Mirambeau, Claude Belot, président de la CDCHS, Nicolas Basselier, préfet |
Une telle opportunité est présente sur le territoire de la Haute Saintonge, "haute en couleurs" selon son slogan. Elle peut aussi "séduire" de façon pérenne de jeunes retraités, autonomes, qui souhaitent « vivre et se loger autrement ». De l’habitat vacant en ville, il y en a ! Non loin, la ville de Saintes ne s’y est pas trompée quand elle a encouragé la restauration de deux belles résidences, la Villa Musso et l’Hôtel Bremond d’Ars, où des appartements ont été créés.
A Jonzac, l’offre locative est restreinte puisque l’essentiel du parc est réservé aux curistes. Les choses pourraient changer… L’ancienne maison de retraite, rue Saint-Gervais, propriété du centre hospitalier et vide depuis des années, est l’exemple même de l’immeuble à valoriser. Situé en plein cœur, proche du marché et des commerces, son emplacement est idéal. « Nous sommes dans un pays où les gens vivent plus longtemps. Les communes doivent s’y préparer en proposant des logements sécurisés et adaptés. Avec 27,5% de plus de 60 ans et 11,4% de plus de 75 ans, les personnes âgées représentent une part importante de la population rurale. Face à l’isolement accru par le vieillissement et aux disparités territoriales, notamment en offre de soins, nous travaillons avec le Gouvernement et les acteurs pour développer des réseaux. Nous étudions également un parcours du grand âge pour apporter des réponses adaptées. Nous souhaitons accompagner les projets des ruralités pour développer "l’habiter autrement". Ce déplacement est l’occasion pour moi d’échanger sur les attentes des élus et mettre en œuvre des initiatives pour répondre au mieux aux besoins des personnes âgées les plus fragilisées » explique la ministre chargée de l'autonomie. « Le but poursuivi est de rendre la ruralité innovante. Dans la Communauté de Communes de Haute-Saintonge, vous travaillez en réseau et c’est profitable à tous. Cela évite les rivalités. A vous de proposer des idées, vous serez soutenus » ajoute Joël Giraud.
Aux côtés de Claude Belot, président de la CDCHS, la balle est dans le camp de Christophe Cabri, nouveau maire de Jonzac, qui aura à relever durant son mandat les défis écologiques, numériques et démographiques. « En ce qui concerne la restauration des immeubles, ils appartiennent à des privés. Comment les amener à y entreprendre des travaux ou à les vendre ? » s’interroge-t-il. Des organismes peuvent être sollicités (Anah) et des opérations menées (OPAH). « Rien n’est figé » estiment les responsables.
Jacky Queysson, maire de Saint-Genis, rappelle la difficulté de maintenir les services publics en milieu rural (la Poste va quitter sa commune), de réaliser un contournement (l’artère principale traversant Saint-Genis est empruntée par des centaines de poids lourds et des convois exceptionnels), de traiter les 15% de logements vacants. « Toutes ces questions reposent sur les épaules du maire ! » dit-il avec fatalisme. Il est également question de logements et de parkings à Montendre (Patrick Giraudeau), Pons (Jacky Botton), du centre de secours à reconvertir à Saint-Aigulin (Brigitte Quantin) tandis que Mylène Robert, maire de Mirambeau, souligne que « tout accompagnement dans le suivi des projets sera le bienvenu ». Une réunion d'information se tiendra à ce sujet le 12 février prochain à La Rochelle.
Joël Giraud, secrétaire d'Etat à la ruralité, et Raphaël Gérard, député |
• Petites villes de demain soutient des projets de territoire conçus et portés par les communes et les intercommunalités. L’action s’organise autour de 3 piliers :
• Le soutien en ingénierie pour donner aux collectivités les moyens de définir et mettre en œuvre leur projet, en particulier par le renforcement des équipes (par exemple avec une subvention d’un poste de chef de projet jusqu’à 75 %), et l’apport d’expertises externes ;
Des financements sur des mesures thématiques ciblées, mobilisées en fonction du projet de territoire et des actions à mettre en place ;
L’accès à un réseau, grâce au Club Petites Villes de Demain, pour favoriser l’innovation, l’échange d’expériences et le partage de bonnes pratiques entre acteurs du programme.
154 Petites Villes de Demain (regroupant une ou plusieurs communes) concernant au total 197 communes ont été retenues en Nouvelle-Aquitaine pour bénéficier directement de ce soutien, ce qui situe la Région à la première place du nombre de communes bénéficiaires en France.
• Chaque structure labellisée bénéficie d'une subvention forfaitaire de 30.000 euros par an, dont 15.000 euros via le FNADT du programme 112 du budget de l'État et 15.000 euros via le Fonds national France Services (FNFS).
Bien vivre ensemble ! |
Bravo Nicole, beau reportage très précis des petites villes de demain . Merci
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