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jeudi 11 juin 2020

L’industrie aéronautique française et européenne a un rôle central à jouer dans la décarbonation du trafic aérien mondial

La crise sanitaire liée au COVID-19 a porté un coup d’arrêt très important et brutal au transport aérien dans le monde. En l’espace de quelques semaines, les compagnies aériennes mondiales, globalement en croissance auparavant, ont été confrontées à des difficultés financières et une perte de chiffre d’affaires qui pourraient dépasser 280 Md€ en 2020, mettant en jeu leur survie même. Cette crise met aussi à risque les commandes d’appareils neufs ainsi que l’activité de maintenance et de fabrication de pièces de rechanges. Les conséquences pour les entreprises de la filière aéronautique française, qui représente 300 000 emplois et 58 Md€ de chiffre d’affaires, déjà en partie touchée par la crise du B737 MAX, sont directes. Airbus a ainsi annoncé une réduction d’environ 35 à 40% des cadences de production de ses principaux programmes. Industrie du temps long, ces réductions de cadences des principaux constructeurs se traduisent par des sous-traitants à l’arrêt ou en très faible activité.


La reprise devrait être longue : les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retour au niveau pré-crise avant 2023. Les crises précédentes ont montré que l’impact sur la filière de construction aéronautique sont plus durables encore.
Au-delà de cette crise, l’industrie aéronautique fait face au défi incontournable de la transition écologique. Le transport aérien est un secteur caractérisé par des émissions en croissance en termes de gaz à effets de serre à l’échelle mondiale. L’impact de la crise n’est pas encore connu, mais il est probable que la croissance structurelle observée ces dernières années se poursuive. Le transport aérien est un vecteur de développement économique important et les moyens déployés lors de la crise (fret aérien d’équipements médicaux, transports médicalisés de personnes) ont démontré la pertinence de l’outil aéronautique en temps de crise.

Il est donc nécessaire de résolument s’engager dans une trajectoire de diminution des émissions de gaz à effet de serre en France et dans le monde pour les diviser par deux d’ici 2050 par rapport à 2005.
L’industrie aéronautique française et européenne a un rôle central à jouer dans la décarbonation du trafic aérien mondial. La flotte Airbus représente environ 45% de la flotte mondiale d’appareils moyen et long-courriers, et Safran motorise plus de 70% des avions moyen-courriers dans le monde. Soutenir l’industrie aéronautique française est donc indispensable à la réduction sur le long terme des émissions de CO2 du trafic aérien.

La filière aéronautique est présente sur l’ensemble des Régions françaises, et elle dispose d’une empreinte territoriale très marquée dans certains territoires, notamment dans les régions Occitanie, Ile- de-France et Nouvelle-Aquitaine. En Occitanie, elle représente environ 90 000 emplois, soit près de 40% de l’emploi industriel de cette région.

Cette crise ne doit pas mettre en péril le savoir-faire de cette industrie d’excellence ni obérer ses capacités de rebond et d’innovation, d’autant que la continuité de la progression technologique constitue le cœur de ses succès. Tout relâchement en la matière se traduirait par des transferts de d’emplois et une perte à terme de parts de marché.
Pour cela il est nécessaire de préserver au mieux les compétences si difficilement acquises pour préparer la reprise mais aussi poursuivre les efforts engagés pour l’amélioration de la compétitivité de la supply chain française et concevoir les futures générations d’aéronefs, encore plus respectueuses de l’environnement.

Au vu de la crise actuelle et des tensions pesant sur les entreprises de la filière, ce soutien doit être massivement amplifié. Tout sera fait pour soutenir cette filière française si critique pour notre souveraineté, nos emplois et notre économie.

Nous agirons dans trois directions avec un seul objectif : produire en France les avions et les hélicoptères propres de demain pour rester une nation leader de l’aéronautique dans le monde.

1re direction : répondre à l’urgence en soutenant les entreprises en difficulté et protéger leurs salariés
Afin d’assurer le soutien à l’ensemble des entreprises de la filière et d’éviter les défaillances, les aides apportées dès le mois de mars continueront à pouvoir être utilisées, notamment en ce qui concerne les prêts garantis par l’Etat et l’évolution du dispositif d’activité partielle.

Par ailleurs, les garanties exports permettront d’éviter les annulations et reports de commandes d’avions, et la commande publique (militiaire, sécurité civile et gendarmerie) apportera de la charge immédiate pour toute la filière.

2e direction : investir dans les PME et les ETI pour accompagner la transformation de la filière
Nous investirons aux côtés des grands industriels pour renforcer les PME et les ETI, les faire grandir, moderniser les chaînes de production, et les rendre plus compétitive (robotisation, digitalisation, etc.) pour leur permettre de prendre part aux prochaines révolutions technologiques du secteur.
Deux outils seront mobilsés :
Le premier sera doté de 500 millions d’euros de capital dès juillet, permettant d’atteindre à terme 1Md€ de capacité de financement, pour intervenir en fonds propres et favoriser le développement et les consolidations des entreprises de la filière.
Le deuxième mobilisera 300 millions d’euros de subventions pour accompagner les entreprises fournisseurs et sous-traitantes de la filière dans leurs transformations et leur montée en gamme.

3e direction : investir pour concevoir et produire en France les appareils de demain
Des moyens financiers très importants seront ainsi concentrés sur la R&D pour les futurs avions décarbonés.
1,5 Md€ d’aides publiques sur les trois prochaines années seront investies pour soutenir la R&D et l’innovation du secteur dans la durée. Doté de 300 millions d’euros dès 2020, son objectif est de faire de la France l’un des pays les plus avancés dans les technologies de l’avion propre, en préparant la prochaine rupture technologique, en continuant à travailler sur la réduction de la consommation en carburant, l’électrification des appareils et la transition vers des carburants neutres en carbone comme
l’hydrogène. Cette action permettra ainsi de conforter la place de leader de la France et de l’Europe dans l’aéronautique au niveau international mais également de faire levier sur la décarbonation de la flotte mondiale, jouant ainsi un rôle prépondérant dans la lutte contre le changement climatique.
Ce soutien massif de l’Etat s’accompagne d’engagements des entreprises de la filière et notamment des grands donneurs d’ordre sur les relations avec leurs sous-traitants et sur la transition écologique.
Au total, ce plan représentera plus de 15 milliards d’euros d’aides, d’investissements et de prêts et garanties. Il a été étroitement coordonné avec le GIFAS, son président Eric Trappier et l’ensemble des industriels que nous tenons à remercier pour leur engagement.
Il nous donne un cap clair pour l’industrie aéronautique française : produire en France dans 10 à 15 ans les avions qui placeront le transport aérien sur une trajectoire compatible de la transition écologique avec les objectifs de l’Accord de Paris.

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