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mardi 28 avril 2020

Syndicat UNSA/Centre hospitalier de Saintes « quels que soient les événements, le personnel hospitalier est capable de se mobiliser. Il le prouve chaque jour »

Marie-Pierre Branchard, secrétaire du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et représentante de l'UNSA fait le point sur la prise en charge du Covid-19 au Centre Hospitalier de Saintes. Si le personnel est largement mobilisé pour faire face à la crise sanitaire, il n’en reste pas moins que le manque de moyens dont souffrent les hôpitaux publics reste d’actualité… 

L'équipe du service de prélèvement mobile de l'hôpital de retour de mission
• Tout d’abord, quelles actions votre syndicat conduit-il ?

Marie-Pierre Branchard : L’UNSA (union nationale des syndicats autonomes) est le syndicat majoritaire au Centre hospitalier de Saintes. Nous sommes autonomes par rapport à notre siège national et pouvons conduire librement des actions au niveau local. Nous nous investissons pleinement dans les services, répondons aux sollicitations des collègues et travaillons avec la direction avec qui nous entretenons des relations fluides et saines. Au CH, nous sommes quatre à nous être portés volontaires pour soutenir les équipes du service de prélèvement mobile de l’hôpital, Céline Saubabere, infirmière et Franck Rocherieu-Rodriguez, infirmier. Moi-même Marie-Pierre Branchard et Samira Robbes, aide-soignantes, venons en renfort sur les équipes de nuit.

Les locaux du service de prélèvement mobile de l'hôpital
• Quelle est la situation au CH de Saintes ? Avez-vous des masques en nombre suffisant ?

Les services sont adaptés par rapport aux prises en charge, le CH de Saintes accueillant également les patients Covid des territoires de Saint-Jean d’Angély, Royan, Jonzac et le sud du département. Les CH de Saintes et La Rochelle sont les deux hôpitaux de référence de Charente-Maritime. De quels moyens disposons-nous ? Au début, c’était compliqué. Très vite, la direction a mis en place différentes actions en particulier pour l’approvisionnement en matériel, masques et autres protections. Il faut avouer qu’au début, on ne savait pas grand chose sur ce virus et les masques, fournis par l’ARS, sont apparus comme une priorité. Nous avons également reçu des dons émanant du privé, masques, lunettes, visières. Merci à ces généreux donateurs.

L’UNSA a été très vigilante pour que les personnels soient bien dotés. L’équipe de nuit, par exemple, a reçu des pochettes indépendantes. Nous avons actuellement les moyens pour travailler dans une sécurité optimale. Des masques sont également délivrés par le CH aux Ehpad de Saintes. A ce jour, le CH dispose d’un nombre suffisant de masques. Ce n’est pas le cas pour les infirmières et infirmiers libéraux qui n’en reçoivent qu'un peu plus d'une dizaine par semaine.

Cette crise révèle la situation difficile dans laquelle se trouvaient les hôpitaux publics, situation que vous avez maintes fois dénoncée. L’épidémie dévoile cette triste réalité. Pour des raisons économiques, le gouvernement Hollande s’est séparé de son stock de masques, a réduit le nombre de lits et on gère les hôpitaux comme une entreprise. Il suffit de faire une comparaison avec l’Allemagne en nombre de lits en réanimation et en tests. Le constat se passe de commentaires et lorsque la crise sanitaire sera passée, la question des moyens à l’hôpital sera à l’ordre du jour. Nous attendons beaucoup du Gouvernement. La direction doit avoir des marges de manœuvre financières.

• Des masques sont désormais disponibles en pharmacie pour le public et, en certains endroits, les prix s’envolent…

Les masques devraient être remis gratuitement aux familles. Certains prix nous choquent en effet…

• Qu’en est-il des tests ?

L’UNSA estime qu’il fallait massivement tester la population comme l’ont fait d’autres pays. Or, nous ne disposions pas du matériel pour conduire une action d’envergure. Actuellement, les personnes présentant des symptômes de Covid-19 sont testées à l’hôpital sur prescription. Au départ, nous avions l’espoir que les laboratoires vétérinaires fabriqueraient des tests, mais la réponse du Gouvernement a été négative. Lorsque nous aurons des tests en plus grand nombre, sérologiques en particulier, les choses avanceront.

• Que pensez-vous de l’effet « nicotine » ?

Il s’agit d’un phénomène comme on en voit en période de crise. Il suffit que les médias propagent l’info que la nicotine protège du Covid-19 pour que certains achètent cigarettes et patchs. C’est grave…

• Quels enseignements tirer de cette crise sanitaire ?

Nous espérons que l’Etat va enfin comprendre que nos mouvements de grève n’avaient qu’un seul but, dénoncer le manque de moyens de l’hôpital public. Il faut que le gouvernement fasse des investissements, cesse de fermer des lits et que l’aspect rentabilité ne soit pas la seule priorité. Tout un réseau est à retravailler. On nous annonce une prime de 500 euros, je préférerais qu’on nous donne les moyens de travailler correctement, humainement et que ne soient pas gelés les points d’indice. En effet, la grille des salaires n’évolue pas. Je prends l’exemple des infirmières de Saintes qui sont recrutées en dessous de la grille normale.
Malgré ces difficultés, quels que soient les événements, le personnel hospitalier est capable de se mobiliser. Il le prouve chaque jour.

• Pour conclure, comment voyez-vous le déconfinement ?

Il sera réussi si les consignes données sont respectées. Etre déconfiné ne veut pas dire faire la fête avec 50 personnes ! Sinon, le virus continuera à se propager et il y aura une seconde vague. Pour l’instant, il faut rester chez soi...

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