Il a logiquement un avantage, celui d’être maire sortant. Toutefois, cette position est à double tranchant : il peut effectivement rappeler les actions qu’il a conduites durant les six dernières années et détailler ses projets, mais à Saintes, le terrain est toujours incertain… A l’exception de l’emblématique Michel Baron en poste durant 24 ans, les deux maires successifs ont été battus quand ils ont brigué un second mandat. Elue en 2001, la centriste de droite Bernadette Schmitt s’est inclinée en 2008 devant le socialiste Jean Rouger, lequel a été éliminé dès le premier tour en 2014. Les mésententes internes, à gauche comme à droite, ont abouti à des situations qui compliquent sérieusement l’analyse des observateurs.
En 2014, Jean-Philippe Machon qui, logiquement, n’avait pas de "réserve" au second tour face à la PS Isabelle Pichard (laquelle pouvait espérer un report des voix de Jean Rouger) est bien sorti gagnant des urnes ! Sans être devin, on peut penser qu’une partie de l’électorat de gauche s’est volontairement écarté de la liste Pichard.
Cette fois-ci, la donne est différente et Jean-Philippe Machon, malgré des colistiers qui ont constitué une formation adverse aux côtés de Bruno Drapron, ne baisse pas les bras : « je vis cette campagne avec enthousiasme. Nous avons lancé des projets et mon devoir pour les Saintais est de les mener jusqu’au bout. Il ne faut pas s'arrêter en chemin ».
PHOTOS MICHEL BERTRAND |
Devant un large public, Jean-Philippe Machon s'est livré à la confidence : « Je viens d’avoir un second petit-fils Axel et quand je le regarde, je m’interroge : dans quel monde vivra-t-il, dans quelles conditions fera-t-il des études, la ville où il s’installera sera-t-elle accueillante, aura-t-elle de bonnes structures ? Pourra-t-il bénéficier d’un cadre de vie agréable, d’une alimentation saine ? Ces réflexions, qui sont celles de nombreux parents et grands-parents, ont alimenté mon programme. Le rôle des élus, en effet, est d’apporter des réponses aux transformations auxquelles nous sommes confrontés, la montée des populismes, le changement climatique, la santé. Nous devons avoir une vision claire sur la ville de demain. Il s’agit d’une responsabilité générationnelle car les décisions que nous prendrons auront une influence sur l’avenir des nouvelles générations. C’est pourquoi nous voulons que Saintes soit une ville belle, durable et vivante ».
Le programme s’articule autour de sept axes, « des engagements que nous tiendrons sans augmenter les impôts locaux ». En premier lieu, il s’agit d’accélérer la finalisation des projets déjà financés, dans le cadre "Action Cœur de ville" en particulier, dont « l’urbanisation des sites Saint-Louis, de l’amphithéâtre, Saint-Eutrope, l’aménagement du centre piétonnier par la rénovation de bâtiments, logements et façades, la création d'un quartier des musées autour de la médiathèque, d'un quartier "secret" près de l'arc de triomphe en valorisant les venelles, la nouvelle halte de jour et de nuit pour les familles en difficulté, la rénovation des réseaux, voirie, trottoirs et équipements sportifs ».
En ce qui concerne les aménagements, certaines "verrues" ont disparu dont la Charentaise qui a laissé place à l’esplanade de Bellevue. Plusieurs édifices de caractère - Villa Musso, hôtel Brémond d’Ars - ont été rénovés ; l’ancien bâtiment Penn Plax a permis de relocaliser des entreprises tandis que les anciens Ets Berteau, route de Cognac, abritent un atelier de fabrication, Amarine couture, et le magasin Lidl. Evidemment, il reste la Trocante, acquise pour « une somme déraisonnable par l’ex-municipalité » qui abrite actuellement les collections du musée lapidaire de la place Bassompierre. « Les travaux sur ce bâtiment sont élevés car il contient de l’amiante. Quand ils seront réalisés, nous envisageons de faire de ce lieu un centre de restauration avec des tailleurs de pierre » souligne J.P. Machon. L’ancien cinéma Olympia, quant à lui, est difficile à reconvertir car il est propriété privée.
« Nous avons désendetté les finances de la Ville de plus de 7 millions d’euros. Aujourd'hui, nous avons des marges de manœuvre pour emprunter à des taux bas, ce qui offre des perspectives » explique le maire sortant.
Figure en bonne place le développement, pour une ville durable, d'une démarche zéro carbone, zéro plastiques. « Dans ce domaine, nous devons être audacieux en définissant avec les citoyens un plan d'action globale, des mobilités douces et en identifiant les sources de gaspillage d'énergie pour favoriser le solaire, la géothermie, la création d’une filière bioplastique. Dans la région, nous avons la chance de travailler avec Terdev, Axevert et Nicolas Moufflet, responsable de Lyspackaging. Une filière de développement économique est tout à fait envisageable ».
Présentation au Végas |
Il est bien sûr question des grands projets et sur ce chapitre, toute ressemblance avec Claude Belot, maire de Jonzac, n’est peut-être pas purement fortuite ! Outre la valorisation du fleuve Charente, Jean-Philippe Machon verrait bien un centre des congrès succédant à l’espace Mendès France, un brin vieillot : « Si Jonzac dispose d'un centre des congrès, pourquoi pas nous ? Nous en avons un réel besoin. Le bâtiment actuel a fait son temps, il faut le raser et en construire un nouveau. Nous pourrons alors développer un tourisme d’affaires et organiser des congrès. Hôtels et centre ville se trouvent dans un périmètre qui permet de s’y rendre à pied ou en navette électrique ».
La réhabilitation de l’espace Bassompierre est envisagée : « il s’agit d’une place désuète, il faut lui redonner vie à l’image des quais de Bordeaux. La construction d'un port fluvial en aval du pont Palissy, comme à Cognac, apporterait un plus. De même qu’une maison de l'écologie à La Palu où une zone vierge restera sauvage afin de protéger la faune et la flore ».
Autres points : le bien-vivre à Saintes avec un budget alloué aux comités de quartiers, un conseil des associations réunissant les présidents, un conseil des jeunes, l’implantation de commerces dans le quartier de la Fenêtre par exemple.
« Nous devons être les soldats de l’emploi »
La revitalisation des territoires est l’un des enjeux des Municipales. « Il s’agit de développer le tourisme et l'économie par des offres attractives. Nous devons être les "soldats de l'emploi". Plus de 600 postes ont été créés depuis 2014 compensant les pertes de Saintronic et le départ du siège du Crédit Agricole. A la rentrée, dans les entrepôts de la Coop Atlantique, Léa Nature devrait utiliser 15000 m2 pour son stockage et Sarrion, entreprise de transports, 5000 m2. Soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, le Ferrocampus, centre de formation et de recherche sur les technologies ferroviaires, va attirer des industriels comme Alstom. Il sera unique en Europe. Avec Jacky Emon, nous avons travaillé sur ce dossier et obtenu plus de 20 millions d'investissements. Le rôle des élus est de servir d'intermédiaire. Idem avec le Technicentre SCNF qui propose des activités nouvelles ».
A ces créneaux, s’ajoutent la formation et la volonté de proposer un enseignement supérieur à Saintes (accueil de doctorants en archéologie, technologies du ferroviaire, école du numérique à la cité entrepreneuriale, bioplastiques, etc), sans oublier le soutien à l’Hôpital de Saintonge : « nous avons obtenu un deuxième IRM qui sera opérationnel à l'automne. Nous souhaitons également que le CH soit doté d’un IRM moléculaire pour soigner les cancers. Des spécialistes de Poitiers en auront la charge. La Ville a facilité la vente de terrains appartenant à l’Evêché pour que s'installe un gros cabinet médical regroupant des radiologues. Il faut également un robot chirurgical et nous avons voté une subvention spéciale pour cet équipement en conseil municipal. Les 70 millions de dettes que présente le CH sont liés à sa construction, ce n’est pas une dette d’exploitation. J’espère que cette somme pourra être effacée par le Ministère de la Santé ».
La liste conduite par Jean-Philippe Machon |
Critiqué par les associations du patrimoine qui contestent la présence de gradins dans l’amphithéâtre car dangereux pour sa structure (l’édifice a tout de même 2000 ans), Jean-Philippe Machon sort son trident : « aucune mandature n'a mis autant en avant la valorisation du patrimoine et la preuve en est que nous avons sensibilisé Stéphane Bern qui a sélectionné l’amphithéâtre dans le Loto du Patrimoine. Nous avons lancé le programme de rénovation de Saint-Eutrope et découvert l’escalier conduisant à la crypte. En ce qui concerne l’amphithéâtre, comment puis-je être la cible de toutes ces attaques alors que les municipalités précédentes l’ont laissé en l’état durant des lustres sans y entreprendre de travaux ? Après les études préalables, la restauration commencera en mai prochain. Il s’agit de consolider les Portes des Morts et des Vivants, vestiges à protéger. Aucune manifestation ne pourra s’y tenir tant que l'ensemble du monument n’aura pas été réhabilité. Il ne doit pas rester figé et la DRAC va dans ce sens. Dans les années à venir, on doit pouvoir y organiser des spectacles avec une jauge de 4000/5000 personnes et des assises végétalisées, compatibles avec l'environnement. Elles n’altéreront pas l’aspect verdure de l’amphithéâtre ».
• Au sujet de la présence du député Ardouin sur la liste à la 15ème place :
Jean-Philippe Machon : « Je suis pour une liste de rassemblement et je partage une vision commune avec le député de la République en Marche. Jean-Philippe Ardouin a cœur de servir les Saintais. Il peut, en particulier, nous aider dans l’obtention de financements au niveau national ».
Jean-Philippe Ardouin : « Personnellement, je raisonne "territoire". Je suis un élu national mais à un moment donné, on ne mélange pas tout. C’est la valeur des hommes qui compte et jusqu’à présent, la municipalité sortante a bien réussi. Il faut aller plus loin avec des grands projets comme l’Action Cœur de Ville. Saintes va bénéficier de millions d’euros et le parlementaire que je suis y est pour quelque chose aux côtés du ministre Julien Denormandie ».
Le député LREM Jean-Philippe Ardouin |
Jean-Philippe Machon comprend mal pourquoi son ex-adjoint aux sports, Bruno Drapron, cite Xavier de Roux, l’ancien député-maire de Chaniers, dans sa campagne : « Personnellement, ça me choque. C’est d’ailleurs Xavier de Roux et Rama Yade qui m’ont poussé à être tête de liste à Saintes en 2014»…
Quant aux événements qui se sont produits durant le mandat dont son "débarquement" de la présidence de la CDA, le maire sortant estime avoir fait l’objet de « peaux de banane qu’il n’a pas su éviter de par son inexpérience politique ». Et d’ajouter : « Je n’ai pas l’intention de briguer d’autres mandats que celui de maire. Je perçois certes une indemnité, mais je ne vis pas de la politique. Ce qui me passionne, c’est Saintes ».
Un conseil a notre très bon député ,élu conseiller municipal j’espère que votre action sera purement bénévole
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