La grève des avocats, liée à la réforme des retraites, se poursuit au Barreau de Saintes. Le point sur la situation avec Me Blanche Rouxel
Au centre de la photo, Me Blanche Rouxel, nouveau bâtonnier de Saintes (© M. Bertrand) |
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Me Rouxel, vous avez été désignée bâtonnier du Barreau
de Saintes pour deux ans succédant à Me Philippe Callaud. Quels sont vos
objectifs ?
• Les avocats font entendre leurs voix quant à la réforme des retraites qui ne les satisfait guère. Où en êtes-vous ?
Depuis le 3 janvier en effet, nous sommes en grève contre le projet de réforme des retraites. Nous sommes donc dans la septième semaine, signe de l’exaspération de la profession. Nous bénéficions actuellement d’un régime autonome qui fonctionne très bien. Equilibré, il ne coûte pas un euro au contribuable, ni à l’Etat. Nous sommes solidaires en assurant aux avocats une retraite minimum de 1400 euros et versons 100 millions d’euros au régime général. Notre caisse est pérenne. Nos réserves, conséquentes, garantissent un équilibre de base et complémentaire jusqu’en 2079.
L’objectif du Gouvernement est de nous faire participer à l’effort national en ponctionnant nos réserves constituées grâce aux efforts des générations d’avocats passées et une gestion des plus rigoureuses.
Depuis que le mouvement de contestation a commencé, nous avons eu quelques avancées. Toutefois, notre crainte, pour nos confrères les plus modestes, est un surcoût important des cotisations. Cette situation pourrait entraîner la fermeture de certains cabinets dans l’incapacité de faire face à des charges supplémentaires. Il faut savoir que 40% des avocats gagnent moins de 32000 euros par an.
La Garde des sceaux et le Premier ministre nous ont fait des propositions… sauf que les avancées ne se confirment pas, l’indice retenu pour le calcul du point par exemple. Il n’y a aucune visibilité et ce flou nous inquiète. C’est pourquoi la grève continue. Nicole Belloubet nous a demandé de cesser le mouvement, indiquant que nous étions à l’origine du dysfonctionnement actuel de la justice. Cette réflexion, injuste, a ravivé la colère des avocats…
Les négociations se poursuivent et nous ne désarmons pas. Parmi les autres points de friction, la loi ASAP visant à soumettre aux assurances, dans le cadre de la protection juridique des particuliers, les honoraires fixés par les avocats. Cette perspective a irrité la profession et nous venons d’obtenir un amendement à cette loi qui annule cette disposition.
• Comment se déroulent actuellement les audiences ?
Nous ne plaidons plus et demandons à ce que tous les dossiers soient renvoyés, sauf cas particuliers. C’est notre façon de faire entendre les raisons de notre mouvement dont nous ne manquons pas d’expliquer les raisons. Ce combat, nous le menons aussi pour les justiciables. La disparition de cabinets d’avocats sera l’une des conséquences de l’application de la réforme des retraites. Elle entraînera des déserts judiciaires et il n’y aura plus de maillage territorial. Nous sommes des avocats de proximité.
De plus, la justice est l’un des piliers de la démocratie. Nous sommes pleinement solidaires envers les plus démunis avec les aides juridictionnelles par exemple. Les cabinets, dans les petits villes, permettent aux personnes éloignées des grands centres de nous contacter et nous assurons des consultations gratuites au palais de justice de Saintes et à Jonzac, à la Maison de l’emploi.
La grève a des retombées économiques sur les cabinets d’avocats. Le contexte devient compliqué et nous travaillons sur d’autres modalités qui ne pénaliseront pas les justiciables.
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